Le deuil blanc
Le deuil ne s’est pas toujours porté en noir. Il était blanc au moyen âge, il l’est encore en Asie pour signifier que le mort se change en esprit, se dilue dans des nimbes que l’on imagine de cette couleur.
Mais ce n’est pas de ce deuil-là qu’il est question mais de celui que l’on ressent quand on perd la communication avec une personne vivante. On imagine que ce peut-être après une rupture ou d’autres formes de séparations mais celle qui l’emporte aujourd’hui dans l’usage de ces deux mots est la douleur à ne plus pouvoir/savoir échanger avec une personne atteinte de maladie d’Alzheimer ou des démences apparentées. La personne est là, en face de soi, murée dans le silence, dans une apparente indifférence et aucune des paroles qu’on utilise n’amène signe ni réponse. On le sait, le toucher est alors l’ultime moyen d’une communication incertaine, qu’à un stade avancé de la maladie on espère plus clairement qu’on ne la perçoit.
Ce deuil-là ne permet aucun « travail de deuil » et n’est pas moins douloureux que l’autre. Au contraire, chaque visite, chaque nouvelle tentative de communication, l’avive. La personne est là, quelquefois encore très semblable à celle que l’on a connue il y a quelques années, quand on pouvait encore parler, échanger souvenirs et projets, se confier, partager et cette présence accentue la rupture, le vide, le silence. Le deuil blanc s’accentue continûment, quand l’autre tend vers un apaisement et une acceptation.
Il arrive que les couleurs évoquent des bruits ou une musique, le blanc évoque d’abord le silence d’un paysage enneigé. Le froid le complète bien et la solitude de celui qui essaie et essaie encore de faire parvenir des signes à qui ne peut plus en donner. Ces deux mots, très beaux quand ils sont ensemble, évoquent aussi la pudeur et donne envie de la respecter.
Comments 5 commentaires
19/05/2014 at 18:40 Marc Loraison
Beaucoup de souffrance derrière ce silence. Peu en parlent. Le deuil d’une personne vivante est plus dur encore qu’un vrai deuil.
19/05/2014 at 23:59 Alain
On n’est pas orphelin face à un parent Alzheimer, on est l’enfant qu’il a perdu : c’est sa propre mort qu’on lit dans son regard, son propre anéantissement.
Le malade d’Alzheimer est condamné à l’infanticide.
25/05/2014 at 21:10 alphonse
« Le Front national remporte les Européennes dans l’Est. Florian Philippot (29,2%) devance largement dimanche 25 mai l’UMP Nadine Morano (23,7%) et le candidat du PS Edouard Martin (12,8%), selon une estimation Ipsos/Steria. »
N’y-a-t-il pas moyen de se faire encore un Guillain-Barré, avec ça….Comme j’ai eu le soir des municipales 2d tour…???!
J’en suis sorti, merci…(i paraît qu’il n’y aurait pas de récidive!)
Mais quoi?
N’est-ce pas le clair aboutissement d’un siècle de socialisme français toujours rébarbativement sourd à l’internationalisme..? De fausses promesses (pour ne parler que des mitterrandiennes pour la Lorraine) en professions de foi flagorneuses sur la courbe du chômage, la croissance (mais de quoi donc et pour qui?!!!!!)…pour en arriver à lancer un Edourado Martin dans cette galère…..!!!
Mais…Edouardo…il f
25/05/2014 at 21:26 alphonse
…il faut l’entendre, Edouardo Martin, à peine arrivé de ses contreforts de la Sierra Nevada andalouse….ce sont les cohortes d’immigrés qui se déchirent sur les barbelés de Melilla, qui le tracassent…..et non pas….. la « silvère économie »……!
Certes, le défi de demain (lundi), c’est le défi démographique.
A commencer par de l’aménagement du territoire: où vivre encore?…et à combien?
A suivre donc, entre la contraception (plus urgente à réaliser vraiment que les réformes famille à la marge)…et l’euthanasie: un « bête » Barjavel « le Grand Mystère » que j’avais pris comme légère lecture pour ma revalidation, pose parfaitement le problème. Dans un échantillon d’humains « contaminés » par un anti-cancer absolu, càd procurant l’immortalité (sauf mort violente), ce n’est pas la contraception – pourtant seul gage de pérennité – qui gagne, mais l’holocauste final…!
Après Hollande, il ne me reste plus qu’à afficher sur mes fenêtres…le triangle rouge des prisonniers politiques des camps….
Deuil blanc, en effet….
01/06/2014 at 04:49 claire
Ce lourd combat que je mène depuis plus de 12 ans avec mon père… C’est si bien décrit dans cet article que je tiens a vous remerciez Michelle. On se sent moins seule en lisant ce genre de choses. Finalement c’est une sorte de mort, et cet article m’a bien aidé aussi dans mon long périple . Parce que même si celui ci traite de la mort « concrète » on retrouve beaucoup de points totalement similaires… c’est effectivement un deuil, d’une personne encore en vie. Encore merci ! Claire