Castéja renoue avec sa tradition d’innovation sociale
Ce matin, c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour le site dit « Castéja », l’ancienne institution des Sourdes et muettes de Gironde, propriété du Ministère de l’Intérieur depuis 1791, officiellement mise en vente en 2010 après avoir accueilli jusqu’en juin 2010 le commissariat central de Bordeaux (relocalisé depuis à Mériadeck), en présence de Christian ECKERT, Secrétaire d’Etat au Budget et Thierry REPENTIN, ancien Ministre et Président de la Commission Nationale de l’Aménagement de l’Urbanisme et du Foncier (CNAUF), Martine JARDINE, Vice-Présidente du Conseil général et Présidente du Conseil d’Administration de Gironde Habitat, Emmanuelle AJON, Conseillère régionale municipale et communautaire et Jean-Baptiste BORTHURY, Conseiller général.
Cet ensemble de grande valeur patrimoniale, enregistré au titre des monuments historiques en septembre 2010, est un édifice conçu par l’architecte Thiac pour abriter l’Institut national des jeunes filles sourdes à l’initiative de l’Abbé de l’Epée, première institution en France à accueillir les jeunes femmes pour leur donner accès à une éducation et à un travail en utilisant le langage des signes. Celui-ci est d’ailleurs directement représenté sur les façades du bâtiment où chacune des lettres de l’alphabet figure avec le signe correspondant. Nous étions alors, en 1793 et cette initiative était une innovation sociale véritablement révolutionnaire pour l’époque.
Après avoir été un hôpital militaire, puis une caserne, puis un hôtel de police et enfin une antenne de la Préfecture de la Gironde, le gigantesque bâtiment (1 hectare de surface au sol et 15 000m2 de surface habitable), vide depuis 4 ans, va renouer avec sa vocation d’innovation sociale puisque le bailleur Gironde Habitat qui l’achète à l’Etat, y réservera un local de 80m2 à destination des associations de sourds et muets pour que celles-ci puissent y tenir des réunions et fassent vivre la mémoire des lieux à travers notamment des expositions.
Cette vente exceptionnelle d’un bien de l’Etat à un bailleur social dans le cadre d’un appel d’offre s’effectue pour la première fois, dans le cadre de la loi Duflot, qui permet la vente avec une décote importante (vente à 12 millions d’euros avec une décote de 32% sur le prix du marché), dans la mesure où l’acheteur respecte un cahier des charges très strict, défini par l’Etat en lien avec les collectivités locales.
Quatre candidats ont répondu à cet appel d’offre, et c’est Gironde Habitat qui a été retenu et qui porte aujourd’hui un lourd projet de réhabilitation du bâtiment pour en faire un site clé du centre ville de Bordeaux avec avant tout une volonté de mixité et de diversité des populations (âge, revenu, composition familiale…). Dans 5 ans, ce sont 180 logements qui vont être aménagés dont 65% de logements sociaux sur la totalité du programme (accession sociale à la propriété, locatif social…), une école va y être implantée ainsi qu’un local associatif , un parking en sous-sol et une résidence hôtelière de tourisme.
Lors de sa prise de parole, Michèle DELAUNAY a tenu à souligner l’importance du travail mené par Madame Claude RIBERA-PERVILLE pour la sauvegarde des bâtiments et de leur histoire. Les Bordelais sont fiers de ce bâtiment qui est à nouveau un lieu d’innovation sociale plus de 150 ans après l’installation de l’institut des sourds et muets.
Avant la signature, Monsieur Christian ECKERT, secrétaire d’Etat au budget manifestement heureux d’être présent pour cette signature unique en son genre, a salué l’engagement de l’Etat et un beau projet au coeur de Bordeaux. Dans un discours sans langue de bois, il a rappelé que le patrimoine de l’Etat ne peut se céder dans n’importe quelles conditions et que le progrès a été d’avoir permis à la loi de fixer les conditions selon lesquelles ces cessions (patrimoine immobilier de l’Etat avec une décote) puissent se faire. Il s’agit là de vendre à un prix juste et de permettre la réalisation d’opérations de logements avec des conditions répondant à un cahier des charges exigeant. Et de conclure « Il faut avoir confiance en la parole publique, que ce soit celle de l’Etat ou celle des acteurs locaux ».
Répondre