Une si profonde blessure
Je m’étais promis de ne pas en parler avant cinq années. Elles sont largement passées, le Gouvernement comme le Président de la République ont changé, je m’y autorise aujourd’hui.
C’était en Mai 2014, le jour même où je devais présenter en Conseil des Ministres la « loi d’adaptation de la société au vieillissement » qui était le fruit du travail de mon équipe ministérielle et de moi-même. Elle était entièrement rédigée et passée par toutes les épreuves que subit un texte de loi, ne serait-ce que les redoutables « RIM (réunions inter ministérielles) qui accompagnent dangereusement chaque article de la loi. J’ai appris le remaniement par la radio, alors que j’étais à la Mairie de Paris pour parler du sujet. Bien sûr, comme sans doute les autres Ministres, je n’avais aucunement été informée, ni prévenue. Normal, du moins en France car c’est tout différent en Allemagne.
Cette blessure profonde est d’abord personnelle. « D’abord » ne veut pas dire loin de là qu’elle est la plus importante, mais c’est celle que l’on reçoit la première, presque physiquement. De retour, au Ministère, je constatais que le café et les tasses à café à disposition de l’équipe ministérielle avaient déjà été enlevées. A ce même moment, la Ministre de la Santé présentait son « équipe de choc) (sic) sur twitter, avec le nom et l’image de ces trois nouveaux Ministres délégués. Marisol Touraine a certainement été en grande partie décisionnaire dans ce remaniement, en particulier me concernant. Le jour choisi (celui de la présentation de la loi) l’assurait que mon nom ne serait présent à aucun stade de l’officialisation de la loi, ni dans le texte lui-même mais c’est bien sûr surtout la décision du Président de la République.
La blessure la plus durable concerne la loi GrandAge appelée désormais de ce nom ainsi mais dont ne connait à cette heure que cela. La loi dite « ASV » que nous avons faite devait comporter 2 actes, elle n’était que le premier et devait être suivie du loi portant sur le grand âge et les établissements. Si nous l’avions faite, l’ensemble des 2 actes eût constitué le totem social de François Hollande et il aurait durablement marqué son quinquennat. Nous avions bossé le sujet avec nombre de propositions autant sur le financement, l’évolution du modèle des EHPAD, et la prééminence qui devait être donnée au domicile, ne serait-ce qu’en prévention de l’entrée dans le grand âge de la génération du baby boom. On ne construit pas en dix ans un nombre d’EHPAD et autres structure correspondant aux 4 millions d’âgés qui commenceront ou seront déjà en perte d’autonomie.
Ce remaniement concernait bien sûr en premier lieu, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault, sans lequel la loi ASV n’aurait jamais existé. Son successeur ne s’est pas intéressé au sujet. Qu’il soit rendu hommage à sa ténacité ainsi qu’à la part prise par Brigitte Ayrault dans la mobilisation nationale contre l’isolement des âgés (MONAlIsA. J’y reviendrai bien sûr
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