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La Charente est aujourd’hui plus réputée pour son cognac que pour son plus grand poète. Quel est-il d’ailleurs ? Voilà une question «banco « , voire « super-banco » qui laissera beaucoup d’entre nous sans réponse…

Ma mère, normalienne d’un autre temps*, embaucha un jour son époux pour une excursion mémorielle au « Maine Giraud ». La route n’était pas longue à partir de Bordeaux, il fut décidé de s’y rendre dès le prochain dimanche. Les renseignements étaient simples : « quitter la nationale 10 à Barbezieux, direction Blanzac jusqu’à Maine de Blanzac. Le Maine Giraud était situé à mi-chemin entre les deux petites villes ».

Facile donc, sauf qu’à Blanzac, non plus qu’à Maine de Blanzac, nulle signalisation. Le poète étant célébre, sans doute suffirait-il de demander aux autochtones…

Le premier rencontré, ne connaissait point le Maine Giraud, le second pas non plus son lointain propriétaire, le poete Alfred de Vigny… 

Un Charentais du cru garantit même, que l’Alfred en question « l’était point de par là ». Nul guide, nulle municipalité n’était ouverte aux questions des deux voyageurs amis de Vigny…

Je n’ai jamais su qui, finalement, donna la clef pour atteindre l’austère demeure, sa tour qui permet d’imaginer la pièce circulaire où écrivait le poète lors de ses séjours. Confiante, ma mère assurait que le Maine Giraud était à l’origine de ses vers préférés de « la maison du berger » :

« Si ton cœur gémissant du poids de notre vie

Se traine et se débat comme un aigle blessé,

Pars courageusement, laisse toutes les villes

Les grands bois et les champs sont de vastes asiles,

La nature t’attend dans un silence austère ».

Les vers en question étaient en effet assortis à l’austérité de la demeure comme de son cadre et le courage avait bien été nécessaire pour, enfin, la découvrir; ma mère avait certainement raison…

Je dois préciser qu’elle connaissait le poème entier, talent qui lui a lui a valu de le réciter à deux voix avec François Mauriac (l’un venant soutenir l’autre quand il hésitait sur un vers) ? Mauriac rappelle ce souvenir dans un de ses bloc-notes.

J’ai connu une aventure du même ordre (la recherche d’une demeure et non, hélas, la récitation d’un poeme avec Francois Mauriac..) ; ceci à l’occasion d’une petite échappée italienne dans le haut Adige. Le point fort du voyage était la ville de Belluno et la maison celle de Dino Buzzati. 

Approchant des lieux, nous reçumes au contraire de mes parents, force renseignements sur la direction qui nous mènerait sans encombre à la casa del signore Buzzati .. Toutes les indications convergeaient et, en effet, après quelques kilometres apparut un énorme garage surmonté d’une énorme enseigne «Garage BUZZATI ».

La recherche dut reprendre, Dino probablement n’avait jamais éxercé dans ce superbe garage. Bientôt cependant une demeure patricienne, décorée defresques murales ocres, finit par apparaître entre soleil et montagne…  Le soupçons était fort mais nous obligea à descendre et à frapper à la porte. Nous fûmes comblés.. Une dame d’âge confirma notre espérance. Elle se présenta comme la sœur de Dino et dans un français parfait nous reçut comme des amis et, de fait, la conversation montra que nous l’étions…

*aujourd’hui, cette demeure sublime entre soleil et montagnes est devenue un « bed and breakfast », tenu et habité par la petite nièce de l’écrivain.

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