L’incapacité à ne rien faire
Les années passant je me vois chaque année confirmée dans une certitude : la race humaine comporte deux espèces : les incapables de ne rien faire, et les réticents à faire. Pour les seconds, j’ai modéré mon vocabulaire : certes ils ne sont pas vraiment incapables de faire (ils peuvent au contraire être talentueux, mais il n’aiment rien tant que de ne pas faire.
Les deux espèces peuvent être également exaspérantes quand elles vont au fond de leur nature. L’incapable de ne pas faire est considéré comme ayant la bougeotte, le tracassin et autres vocables plus ou moins régionaux. Bien sûr, on qualifie les réticents à faire de paresseux ou de flemmards, mais globalement une aménité plus grande les accompagne. Certes, ils sont rêveurs, posés, tranquilles et ceci peut être porté à leur actif. Dans des situations où l’action semble urgente et nécessaire, l’exaspération peut cependant monter et confiner à la crise. Les vacances ou leur préparation en est souvent l’occasion.
Il y a dans ces deux grandes espèces, des sous espèces. Les incapables de ne rien faire peuvent être à leur meilleur dans l’action concrète, ou au contraire dans la réflexion active qui mène à l’écriture ou à d’autres formes d’exercices intellectuels.
Mon père et ma mère représentaient ces sous espèces mais de manière hybride. Ami régulier de l’écriture, mon père savait pouvait s’adonner au delà de ses forces au travaux du jardin. Ma mère qui a condamné ses deux filles dès l’arrivée dans la maison des vacances à la peinture de volets, de tables et de mobilier de jardin, ne passait pas un jour sans gratter quelques lettres ou des feuilles d’agenda. Le repos bête et vulgaire lui était étranger.
J’ai hérité des deux tendances de manière cumulative et j’exaspère ma meilleure moitié qui aspire à la lecture, au repos, à l’écoute de la musique, dédaignant volontiers tout travail de bricolage dont on sait pourtant qu’il vaut beaucoup d’admiration de la part de leurs conjointes.
Bref, rien n’est simple. Les Boomeuses, ont eu l’opportunité -car c’est une chance- de cumuler en grand nombre exercice d’un métier et travail de la maison. On se souvient de la double, voir triple journée qui leur permit l’accès à l’indépendance financier et aussi du titre d’un livre qui a marqué « les héroïnes sont fatiguées ».
Qu’en est-il aujourd’hui ? Je suis mal placée pour en parler n’étant pas dans la proximité de jeunes familles. Les femmes sont-elles plus souvent des abeilles ouvrières que les garçons des frelons agités ? Je n’en sais rien. Je connais quelques exemplaires des deux espèces et de leurs deux variétés… et je ne tire d’autres conclusions de mes travaux zoologie-éthologiques que de m’apercevoir que la période des vacances exacerbe curieusement la franche opposition des cigales et des fourmis, mâles ou femelles..
Comments 1 commentaire
05/08/2021 at 15:09 STÉPHANE
Bonjour.
Juste à présent je me situais plutôt dans les reticiens de rien faire mais depuis quelles jours à la nouvelle de la maladie de mon épouse je suis incapable de ne rien faire et même obliger de tout faire.
Ayant eu l’occasion de côtoyer vos parents car ma belle-sœur CAMINHA a travaillé chez eux. J »ai trouvé que ce moyen pour prendre contact avec vous.
Actuellement tout faire est vitale pour HELENA …et moi-même.