Journal « extime »
Sud Ouest, le 23 novembre 2007
EDITION.Michèle Delaunay présente son dernier livre aujourd’hui à 17h30 à la Machine à Lire.
Ecrire un blog quotidien n’est plus original. C’est même devenu une mode. Les « politiques » ont vite vu le parti qu’ils pouvaient tirer de la réflexion personnelle sur Internet, eux qui se plaignent souvent que leur discours soit peu ou mal relayé par les médias. Ce qui est moins courant, c’est de réunir ces fragments électroniques sur le support papier d’un bon livre à l’ancienne. Le blog devient ainsi un peu moins éphémère, un peu plus durable pour atteindre à « l’éphémérité durable du blog », titre de l’ouvrage que vient de publier Michèle Delaunay, députée (PS) de la deuxième circonscription de Gironde depuis juin dernier.
Piques mauraciennes
Comme son père Gabriel, qui fut préfet d’Aquitaine, Michèle Delaunay a la passion de l’écriture : « pas un jour sans une ligne », écrit-elle en exergue, citation latine à l’appui. De fait, elle s’est astreinte depuis cette date à taper sur le clavier presque quotidiennement des réflexions particulières, politiques ou médicales car la cancérologue n’est jamais très loin de l’élue : « c’est le journal public d’une candidate, mais j’ai voulu ajouter des notations personnelles sans être privées » explique-t-elle. En somme, un journal « extime », pour reprendre la formule de Michel Tournier.
Dans cette littérature en miettes, il y a bien quelques piques mauraciennes (on pense parfois au Bloc)notes), mais surtout la présence souterraine de ses lectures : « j’ai adoré les journaux de Kafka, Gide, Camus, mais par dessus tout celui de Pavese, qui est une splendeur ». La politique est toutefois très présente, mais sans ces révélations qui n’auraient pas supporté la durée. De la matière originelle rédigée au jour le jour, l’auteur a presque tout gardé : « j’ai supprimé 10 à 20% d’écrits qui alourdissaient l’ensemble ». Mais la plus grande nouveauté du livre c’est… le DVD qui l’accompagne. Domminique-Emmanuel Blanchard, l’éditeur, a eu l’idée de retracer les moments forts de la campagne de la future députée. L’ouvrage y gagne une fraîcheur qui lui aurait un peu manqué sans cet apport visuel.