Universités, suite
L’Assemblée a donc voté hier à la majorité le texte de loi « libertés et responsabilités des Universités ». Aucun des amendements présentés par l’opposition n’a été retenu et cela pose un problème véritable à l’encontre d’un pouvoir qui se targue d’ « ouverture », mais aussi sur la place du parlement et le fonctionnement démocratique de nos institutions. J’y reviendrai.
Un des problèmes posés par ce texte est la place des enseignants, chercheurs ou toute autre fonction, recrutés par contrat, et non selon les lois de la fonction publique. Qu’une plus grande souplesse soit introduite dans ce type de recrutement est une bonne chose : il permet, dans des secteurs en panne, ou insuffisamment dynamiques, d’embaucher dans les labos des chercheurs prestigieux, en pointe dans leur domaine. Il permet également des recrutements hors des compétences habituelles de l’Université et l’on comprend par exemple qu’une Université qui a choisi d’assurer la propriété et l’entretien de ses bâtiments puisse avoir besoin d’un architecte.
Mauvais au contraire que nous n’ayons pas obtenu que ce type de recrutement soit encadré et limité à un pourcentage de la masse salariale. Il risque sans cela d’en accaparer une part prédominante, et disons le mot, ouvre la voie à la privatisation de l’Université. Si le recrutement des chercheurs issus de l’industrie ou des labos privés devient majoritaire , la recherche publique risque d’y perdre plus que son âme.
Je suis intervenue pour exprimer que cette possibilité de recrutement extérieur, dynamisante si elle concerne un nombre restreint de cas, devient délétère pour la dynamique interne de l’Université si Universitaires et chercheurs se voient régulièrement préférer pour occuper les postes les plus prestigieux des candidats venus d’ailleurs. Ils n’auront alors plus qu’à ronronner devant l’absence de toute perspective valorisante. A droite comme à gauche, des têtes ont opiné mais la proposition n’a pour autant pas été reçue. Elle ne mettait pourtant pas en cause l’esprit du texte et ne compromettait pas son objectif, au contraire, qui est de dynamiser nos Universités et notre recherche.
Voilà un exemple parmi bien d’autres dans ces trois jours de débat. Et une fois encore, une vraie interrogation sur notre rôle et nos possibilités d’action.
Comments 3 commentaires
26/07/2007 at 16:27 Philippe VERMANDEL
Merci pour ton intervention à l’assemblée.
Il est regrettable qu’il n’ait pas été tenu compte de tes remarques, qui de plus ne modifiaient pas l’esprit de la loi.
Une preuve de plus que le gouvernement fait passer en force ce qui a été préparé à l’avance. L’assemblée n’est hélas qu’une chambre d’enregistrement. A quand le réveil de députés UMP irrités par ce processus peu démocratique ?
27/07/2007 at 16:55 M.V.
Vous aviez pensé que l’Assemblée pouvait être autre chose qu’une chambre d’enregistrement?
C’est terrible pour vous Michèle, ne vous découragez pas! Continuez, et surtout à nous informer sur ce blog.
Par ailleurs, je crois que notre effort à tous est de travailler l’opinion pour que se produise une réelle prise de conscience, mais ce sera long!
31/07/2007 at 20:08 jmboa
Sur l’ouverture, oui, c’est dommage s’il s’avère qu’elle n’est qu’effets d’annonces et "débauchages" de talents, par ailleurs bien perturbateurs pour le PS. Mais celui-ci ne semble pas "prêt" à accepter que certains sujets puissent (doivent ?) être traités par des représentants de toutes les forces démocratiques, quitte à devoir renouveler les cadres, ce qui, avouons le, pourrait (devrait ?) lui être salutaire. Mais les partis politiques, s’ils restent des "machines à gagner les élections" (tous en coeur sur l’air de "je ne suis pas parisienne" : je ne suis pas militant, c’est gênant, c’est gênant…), sont condamnés à vivre et revivre toujours les mêmes histoires. Et oui, si les amendements ne venant pas du bord majoritaire sont toujours rejetés, ce n’est pas une véritable ouverture… Peut-être aussi que la majorité des députés n’y est pas (encore ?) prête.
Sur l’université, je suis d’accord qu’il aurait fallu prévoir les excès de recrutements externes et instaurer une limite, mais vu d’ici, on n’y est pas encore au 100% externe pour le recrutement des enseignants ! Une formule "encourageant fortement" au recrutement externe dans une proportion limitée, au moins au début, et dans un contexte d’ouverture de postes aurait sans doute été plus satisfaisante, car je crois que ce n’est pas l’afflux de candidats extérieurs le souci, mais plutôt le nombre total de postes…
Et merci à DEB, commentatrice de "devinette" pour l’excellent lien qui mène ultimement au blog de sophie intitulé "Pour bien occuper son temps de cerveau disponible" : chez-sophie.hautetfort.co…
@+ tous,