Grand guignol et débauche sécuritaire
« Quand on nous a dit de plomber les bouches d’égout, au prix que ça coûte, on a quand même arrêté les frais… »
Réflexion ce matin d’un agent de sécurité, sur le qui vive depuis des heures, recevant ordres contradictoires sur ordres contradictoires et pour tout dire, à la peine. C’est l’atmosphère générale qui prévaut autour de la visite de Nicolas Sarkozy et du sommetaillon euro-africain.
Une sélection de députés de la Gironde étaient invités ce matin à accueillir le Président sur le tarmac de l’aéroport. Nous nous retrouvons donc 5, au milieu des uniformes de préfet et de policiers en chef. L’avion présidentiel s’avance, le Président suivi du ministre Borloo descendent de l’énorme appareil fait pour au moins 80 passagers. Ma collègue Chantal Bourragué se précipite, au mépris de tout protocole, pour serrer l’auguste main et baiser l’auguste joue la première. Chère Chantal, une fois encore, puis-je vous rappeler que c’est le député du territoire qui a en toutes circonstances la préséance sur ses collègues ? Michel Sainte Marie, qui n’avait pas l’intention d’embrasser le Président, a pris la chose avec humour, et cependant avec réserve. En outre, c’était ici au Préfet de saluer le premier le Chef de l’Etat.
Plus étrange, pendant ce temps, Manuel Barroso, attendait tout seul, dans un des salons de l’aéroport. Attablé sagement avec pour seule compagnie une petite coupe contenant trois barres de Mars et un Bounty. J’ai l’air d’inventer, tellement la scène est décalée, mais c’est absolument vrai. Les horaires ayant changé plusieurs fois, il était arrivé avant Sarkozy, et on l’avait rangé là, en attendant que finisse l’accueil présidentiel. Une fois le cortège de voitures formé, la sienne s’est placée à la suite… A mon avis, il se souviendra de Bordeaux.
Dans la ville, débauche de forces de police, quartiers interdits, commerçants empêchés de lever leur rideau, rues bouclées dès l’aube chantante. Résultat : personne en ville. Le Président ayant manifesté le désir d’un bain de foule, on a convoqué en toute hâte par SMS les militants UMP pour faire nombre. Le résultat n’était, semble-t-il, pas à la hauteur d’une simple arrivée d’étape du tour de France.
Affligeant.
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