Les chiffres font mal
Dix milliards et demi d’euros sont débloqués aujourd’hui, à valoir sur l’enveloppe d’aide de 40 milliards d’euros annoncés le 13 octobre. « Plan de soutien aux banques » dit Mme Lagarde, « soutien, pas sauvetage, nos banques vont bien globalement ».
Nous connaissons tellement de secteurs qui vont mal, n’est-ce pas eux qu’il faudrait sauver en priorité ? J’y reviendrai.
Concernant cette « injection de capital de l’Etat », nous (la gauche) avons demandé à juste titre que le contenu de la seringue demeure dans le capital des banques après la crise afin que l’Etat puisse jouer un rôle régulateur et éviter qu’une crise semblable puisse se reproduire.
Sauf que… cette somme énorme n’entrera pas même dans le capital des banques, pas plus que les représentants de l’Etat n’entreront de ce fait dans leur conseil d’administration. Ces 10,6 milliards, c’est en quelque sorte de l’argent de poche qui n’entre pas dans le budget général.
Le président de la Fédération bancaire française, Georges Pauget, par ailleurs patron du Crédit agricole (principal bénéficiaire) déclare sans embages ni complexes : « Nous avons posé nos conditions, et parmi celles-ci, que l’Etat ne nous apporte pas de vrai capital. Nous ne voulons pas d’un Etat avec des pouvoirs dans la gestion des établissements ».
L’Etat doit financer et se taire.
En face de cela, considérons quelques chiffres issus du PLFSS (plan de financement de la sécurité sociale) que nous examinons en commission.
L’ensemble des CHU sont endettés à hauteur de 750 milliards d’euros, et la contrainte qui va peser sur eux va les mener à l’asphyxie. A l’inverse des banques, ce n’est bientôt pas de « soutien », mais de « sauvetage » qu’ils auront besoin.
A titre d’exemple, le gouvernement demande cette année aux hôpitaux de Paris, réunis sous le sigle APHP (Assistance Publique des hôpitaux de Paris) des économies à hauteur de 200 millions d’euros.
Pour donner idée de ce que représentent ces économies en terme d’offre et de qualité des soins, 100 millions d’euros d’économie correspondent à la suppression de 1500 emplois.
Le déficit pour cette année de la Sécurité Sociale est de 8 milliards (officiels) d’euros, en réalité sans doute davantage (14 ou 15 milliards) ; lesquels viendront s’ajouter à la dette de cet organisme, portant son montant à 145 milliards d’euros.
Qui s’agit-il de sauver ? Qui s’agit-il de soutenir ? Notre santé ou celle des banquiers ?
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