En direct : assemblée générale de motions à Bordeaux
Mes notes prises au fil des six prises de parole des orateurs présentant les motions (13 minutes chacun). J’ai centré sur le contenu des motions. Le constat, et en particulier l’analyse de la politique de Nicolas Sarkozy, nous réunit tous, j’ai donc donné la préférence aux propositions et aux idées-force.
1 – Harlem Désir (motion A)
-Notre devoir est de réussir ce congrès ; nous allons au-devant d’une période d’une très grande dureté ; nous venons de connaître l’échec d’un système
– plus que jamais les Français ont besoin d’un parti socialiste fort et audible au plan national
– le congrès doit déboucher sur un certain nombre de clarifications
un réformisme affirmé un parti résolument européen des alliances claires, ancrées à gauche un parti remis au travail autour de son chef, bâtissant une orientation nationale
Dès le lendemain du congrès, nous devons être en ordre de marche et au travail
Quelques grandes questions au cœur de la motion, face à 4 grandes crises : financière, économique, alimentaire, écologique – le développement durable, moteur de la croissance et du développement – le rôle de puissance publique – rénover les outils de la puissance publique et les formes de la politique sociale – la réaffirmation de notre engagement européen, avec les socialistes et sociaux-démocrates européens
Nous devons faire la clarté sur notre fonctionnement et redonner la force au parti socialiste Les militants doivent être des acteurs de la vie du parti et nous proposons un programme de travail précis
Le vote des militants le 6 novembre doit dégager une majorité claire et forte pour préparer notre victoire en 2012
2 – Philippe Plisson (motion B)
Je suis heureux d’être aux côtés d’orateurs pour lesquels j’ai de l’admiration. J’ai jusqu’alors signé des motions que je n’avais pas encore lues et je suis heureux aujourd’hui d’avoir contribué à la rédaction de ma motion
Le fond : depuis dix ans, en tant que vice-président au développement durable au Conseil Général, j’ai pris la mesure de l’urgence écologique. C’est cette problématique qui doit être au cœur de notre démarche.
Les causes de la dégradation de la planète sont les mêmes que celles qui ont causé la crise financière : le libéralisme sauvage, la consommation/production sauvage sans nécessité ni moralité.
C’est un moment historique pour le PS de prendre la mesure de la gravité de ces événements. Le parti a trop longtemps fait la révérence au libéralisme et, même au pouvoir, nous n’avons pas radicalement changé les choses.
L’élection présidentielle de 81 a été le plus beau jour de ma vie, avec mon mariage ; mais en 83, changement de programme. Nous devons aujourd’hui faire notre examen de conscience. Le libéralisme a été pour nous un dogme érigé en principe où nous avons perdu notre âme.
Nous prônons la rupture, mais nous en sommes encore à la religion de la croissance. Nous sommes dans un monde fini et les énergies fossiles ont été dilapidées. On se battra pour l’eau avant la fin du siècle. A cette anarchie économique et écologique, il faut opposer le retour de l’Etat. Nous devons avoir une ambition exemplaire pour un parti socialiste résolument écologique, conjuguant justice sociale et sauvegarde de la planète.
3- Benoit Hamon (motion C)
Le parti socialiste est beaucoup moqué par ceux qui font le petit murmure de la pensée dominante, alors que nous sommes la grande force d’opposition. Nous vivons un moment extraordinaire, où convergent plusieurs crises qui vont avoir des conséquences considérables pour ceux que nous voulons représenter dans l’espace public. Notre tache est de nous retourner vers les gens. Dans un monde qui change, il ne faut pas que la seule chose qui ne change pas, ce soit le parti socialiste. A l’exaspération sociale doit répondre un débouché politique.
La question n’est pas d’effacer les dettes de jeu des banquiers. Nous sommes dans un vrai renversement de cycle. Nous avons à craindre des charrettes de licenciements . Le sentiment de millions d’hommes et de femmes est que le seul ascenseur qu’ils peuvent prendre est un ascenseur qui descend.
L’imposture sarkozienne aura un prix : l’aggravation des conditions dans lesquelles les Français recevront de plein fouet les conséquences de la crise. Nous aussi, devons nous assurer d’un dispositif de crise.
Nos propositions : – constitution d’un pôle financier public, à côté du secteur bancaire privé – le libre-échange généralisé est directement responsable de la diminution des revenus salariaux ; il faut poser des restrictions européennes au libre-échange ; c’est ce que propose Barak Obama pour l’Amérique – Il faut indexer l’évolution des salaires sur celle des gains de productivité ; les salariés doivent profiter de la richesse produite
Notre responsabilité est d’incarner une gauche décomplexée. Il faut nous mettre d’accord sur un plan d’urgence sociale : baisses ciblées de TVA, bouclier logement, programme emploi-jeune, retour de l’autorisation administrative de licenciement. Après Reims , les Français doivent savoir que les socialistes sont de retour.
4 – Martine Aubry (motion D)
Ce congrès est tellement important dans ce contexte de fin du libéralisme. Le libéralisme est inefficace, créateur d’inégalités, générateur de violence. Nous vivons deux fois la crise libérale : celle de la politique sarkozienne et la crise financière.
On peut dès maintenant relancer le budget du logement, augmenter le smic, accompagner les entreprises qui augmentent les salaires si on veut vraiment relancer la croissance.
Il ne suffit pas de vouloir des mesures urgentes, nous devons retrouver la politique, mettre en place une nouvelle donne, sociale, économique et écologique.
L’essentiel pour nous : – que chaque homme puisse etre porté au plus haut de lui meme, et ça c’est l’accès au droit. Nous avons besoin de règles collectives mais nous devons personnaliser les réponses : compte-formation, bilan de compétence dès le licenciement, compte-temps tout au long de la vie, bonus à la pénibilité. – émanciper les territoires en soutenant les services publics – réarmer la puissance publique, fiscalité différentielle des entreprises en fonction des investissements et des accords salariaux – définir la politique industrielle grâce à la puissance publique – faire civilisation : retrouver l’enthousiasme des pères fondateurs de l’Europe – vivre ensemble, faire culture ; quand on est de gauche, nos valeurs ne s’arrêtent pas au coin de la rue. Le Réseau éducation sans frontières nous a donné un bel exemple.
Les Français sont malheureux dans l’individualisme. Nous devons ressortir de Reims en étant tous socialistes.
5 – Vincent Peillon (motion E) Plus les débats avancent avant ce congrès, plus j’ai l’impression que nous pouvons nourrir pour Reims un véritable espoir. Et pourtant nous avons eu des doutes, mais la crise financière passant par là, la tâche historique qui est la nôtre s’est imposée. Nous pouvons vivre un grand congrès capable d’ouvrir un nouveau cycle de la pensée socialiste.
L’enjeu de ce congrès est de faire que les socialistes, revenant au pouvoir, ne soient pas ensuite battus à la fin de la législature. Quand la droite revient, elle rogne, elle défait les réformes que nous avons mises en place.
Trois enjeux :
-la question de la croissance et la définition d’une stratégie économique ; la crise est peut-être une victoire du système capitaliste en réussissant à faire payer ses erreurs par les contribuables ; c’est en réalité de changer le modèle lui-même qu’il s’agit. Léon Blum disait « le socialisme c’est l’amour du lointain ». Il faut voir loin, ne pas agir pour nous, le nez sur les chaussures, mais agir à terme. Nous devons construire dans le cadre européen et multilatéral -la refondation républicaine, remettant la question de l’égalité au cœur de toutes les politiques publiques, à l’école, entre les générations, entre les territoires. -sortir du conservatisme ; la gauche a besoin de l’engagement de tous, elle a besoin de la démocratie jusqu’au bout.
Ce congrès doit être celui du rassemblement et de la fierté d’être socialiste
6 – Patrick Stora (motion F) Ce que m’ont appris les débats dans les sections ; qu’y avons nous évoqué : les militants à 20 euros, les alliances avec le MoDem… Mais l’essentiel ? quel projet devons nous bâtir ? Le capitalisme est un échec et la social-démocratie, censée le réguler a failli.
La motion F est socialiste, altermondialiste et écologiste
-socialiste : droit à un minimum de ressource en biens fondamentaux, droit à l’éducation, aux soins… -altermondialiste : refuser que les pays du Nord demandent toujours plus d’ouverture de marchés aux pays du Sud et poussent ces pays à une mono-agriculture qui les rend dépendants des pays du Nord ; lutter pour une véritable souveraineté alimentaire ; annuler la dette des pays du tiers-monde ; lutte contre l’évasion fiscale.
-écologiste : scénario mégawatt, sobriété et efficacité permettant de diviser par deux notre consommation d’énergie
-réduction par 4 de notre production de gaz à effet de serre ; sortie du nucléaire en 2035 parce que les réserves d’uranium vont s’épuiser et que le problème des déchets n’est pas résolu.
Nous devons, le 6 novembre, être non seulement décomplexés mais audacieux.
Pardon à ceux qui sont déjà gavés des motions du parti socialiste. Je trouve toujours intéressant de voir ce que les présentateurs mettent en exergue, quelle construction ils adoptent pour développer leur raisonnement. Globalement, une soirée d’une haute tenue, sans petites piques, sans attaques médiocres, autant de la part des présentateurs que du public.
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