En direct du conseil de quartier(s) Victor Hugo-Saint Augustin
Ce quartier, copié pour des raisons politiques qui ne sont que trop évidentes sur le IVème canton de Bordeaux, ressemble selon l’imagination de chacun à une longue écharpe ou à une grande pipe. Il s’étend du fleuve jusqu’à Mérignac et ses conseils de quartier sont difficiles à loger à mi chemin entre les deux. C’est aujourd’hui au Palais des sports.
Je viens ce soir à ce conseil de quartier, non seulement pour m’informer des désidérata des habitants en face de leur municipalité mais pour en expérimenter la nouvelle formule. Jusqu’à ce moment rien de différent relativement à l’ancienne formule : une présentation du maire et de son adjoint de quartier (Jean Louis David), des questions des habitants, très pondérées en l’occurrence, allant des équipements sportifs des établissements scolaires aux garages bloqués par des stationnements intempestifs. Le nouveau directeur de la sécurité, d’un ton particulièrement lénifiant qui tranche avec celui de son prédécesseur M Doutre, explique, comme à l’ordinaire, que si tout n’est pas parfait tout est bien mieux qu’ailleurs et bien mieux cette année que les précédentes.
Malgré ces propos encourageants, les riverains de la place Ferdinand Laffargue ou du quai Richelieu expliquent leur impossibilité à trouver le sommeil. M le Directeur promet qu’il s’y rendra et que la solution sera apportée dans deux semaines. Jean Louis David, plus prudent, évoque un établissement nocturne ouvert de manière illégale qu’il va tenter de fermer de manière légale. La phrase ne va sans soulever une dose de mystère…
Il est maintenant question d’un squat difficile à faire évacuer. En effet si on met ces familles avec enfants à la rue, cela ne fera que démontrer de manière aigüe le manque de places d’hébergement d’urgence. Curieux, le Préfet et la directrice de la DASS m’ont assuré que tout était sous contrôle et que le problème du manque de places ne se posait plus. Demain, le préfet et le maire de Bordeaux tiendront sur le sujet une conférence de presse. Le miracle peut survenir dans la nuit, qui sait ?
L’innovation, la voilà : des ateliers précédant le conseil de quartier, dont un rapporteur vient maintenant exposer les interrogations ou les conclusions.
Le premier rapporteur est visiblement bien connu de Jean Louis David. Il fait état de 9 questions, dont l’une, la seule un peu critique, est celle de la valorisation apportée dans le quartier par la maison Kabakhof (place Amélie Raba Léon). La réponse méritera d’être entendue.
Deuxième série de questions autour du quartier Quintin-Loucheur. Enumération de sujets qui n’attendent à l’évidence par de réponses individuelles et d’ailleurs n’en reçoivent aucune.
Troisième série autour d’Alphonse Dupeu, « le ventre mou du quatrième canton » parce qu’il n’a pas véritablement de nom, ni de vie bien individualisée et la rapporteure indique que ce que le quartier souhaite, c’est d’avoir un conseil spécifique qui soit susceptible d’intéresser vraiment les riverains.
Dernière série pour le quartier Victor Hugo et l’avenir de son marché. L’hétérogénéité des questions démontre s’il en était besoin le caractère totalement artificiel du découpage municipal. La rapporteure demande que les conseils de quartier ne soient pas seulement informatifs mais que les habitants puissent avoir accès aux prises de décisions. C’est dit très gentiment mais exprime une doléance générale au sujet de ce type de réunion qui n’attire jamais foule et qui est rarement constructif.
Quelques nouvelles de l’avenir du marché Victor Hugo. Quatre à cinq commerçants (!) souhaitent poursuivre leur activité et l’exercer en façade. Cela parait possible mais n’aura plus guère la forme d’un marché.
Alain Juppé explique que depuis le début de ses mandats, le dynamisme des conseils de quartier sont pour lui un objet du plus haut d’intérêt. Douze ans déjà et rien n’a changé, et l’ensemble est à la fois assez ennuyeux et peu participatif. Le discours dérive sur le rôle de l’adjoint de quartier et son fonds d’intervention locale.
Le projet est de réunir dans les 8 quartiers une sorte de « commission permanente » faite de trois collèges, les deux premiers dûment choisis par le Maire ou ses instances(deux fois 10 personnes), le troisième composé d’habitants tirés au sort. A noter que ces derniers (10 sur 30) n’auront pas la majorité et n’auront donc aucun pouvoir autre que celui de s’exprimer. La commission permanente aurait pour objet de « conseiller » l’adjoint de quartier sur l’utilisation du FIL. La face du monde ou, à défaut, de la démocratie bordelaise, n’en sera pas changée.
Une question pertinente émerge : la concertation est-elle bien dans la philosophie de la municipalité ? L’exemple donné est celui de l’ilot Cursol dont les places de stationnement enterré ne correspond pas aux souhaits de la population. Je ne veux pas intervenir mais les exemples sont nombreux où la concertation n’a eu d’autre objet que de distraire la population, du Grand Parc aux débouchés du pont Bacalan-Bastide.
Le Maire n’est bien sûr pas d’accord : il tient le plus grand compte de la concertation mais précise qu’il ne faut pas entendre ce terme comme quelque chose qui peut bousculer les réalités ou les contraintes techniques. Voilà qui clôt le débat.
J’ai donc vaillamment testé pour vous la nouvelle formule des conseils de quartiers. En l’état, elle n’apporte rien. Cinq séries de questions, auxquelles il n’a pas été une fois répondu. Nous attendrons longtemps des précisions sur la valorisation apportée à la place Amélie Raba Léon par la coûteuse maison Kabakhov.
Dans l’avenir, elle ne parait pas très rassurante. Des conseils restreints dont seulement un tiers des participants sont issus des riverains, sans sélection particulière par le pouvoir municipal et n’ayant d’autre fonction que de conseiller l’adjoint de quartier sur l’attribution de son FIL, ne vont pas bouleverser l’horizon politique bordelais.
Je retenterai, promis. Point n’est besoin d’espérer pour tenter.
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