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En quatre ans, le Président Sarkozy et l’ump ont au moins une réussite à leur actif : transformer la droite décomplexée des débuts en droite honteuse.

Honteuse au point de ne mentionner nulle part sur les affiches et les documents électoraux de ses candidats leur appartenance politique.

Particulièrement à Bordeaux, on comprend le bénéfice de la stratégie. Les candidats aux cantonales s’abritent à toute occasion sous le parapluie du Maire de Bordeaux mais se cachent de leur proximité avec le numéro 2 du gouvernement. Contorsion difficile, mais contorsions, négociations d’arrière-boutique et stratégies tortueuses sont à l’ump ce que l’art de la guerre était à Clausewitz*.

Il s’agit pourtant d’une stratégie nationale : ordre est donné à l’armée ump en déroute de faire passer le scrutin cantonal des 20 et 27 mars pour un enjeu purement local, entre conseillers généraux voués à une disparition prochaine, et d’éviter à toute force d’en parler.

Le Gouvernement s’est d’ailleurs bien gardé d’observer la première de ses obligations républicaines en ce domaine : faire une campagne médiatique pour l’inscription sur les listes électorales. Dans mon canton, l’adjointe de quartier a fait mieux : fermer plusieurs jours la Mairie de quartier avant le 31 décembre pour réduire le nombre de candidats à la citoyenneté qui auraient eu l’envie de s’inscrire sans que l’on se soit assuré auparavant qu’ils étaient adhérents de l’ump.

Cette droite honteuse a bien des raisons de l’être et elle le sait. La succession des réformes et des lois injustes, l’état de notre pays, son discrédit au plan international, encore une fois démontré ces dernières semaines jusque dans des pays amis, la succession des petites affaires minables, n’incitent personne à afficher le fier arbre qui accompagnait le sigle de l’ump. Du grand chêne, il ne reste que les glands. Les petits combats de chefs, les chausse-trapes qu’ils se tendent les uns les autres, et une atmosphère de décomposition dont tout les politiques pâtissent.

Localement, c’est pire. Le Maire de Bordeaux a bradé sa modeste et prudente liberté de parole pour un maroquin ministériel qu’il exerce à temps partiel, trois ou quatre jours par semaine. Outre les engagements qu’il avait pris à l’égard des Bordelais, il a renié sa position sur l’OTAN, sur la nécessité d’orienter différemment la feuille de route gouvernementale, et expurgé son blog de ses timides imprudences des mois précédents. Il a renié ses engagements politiques locaux de ne faire accord avec le modem et le nouveau centre que pour le deuxième tour des cantonales, obligeant candidats ump et modem déjà déclarés de précipiter à la poubelle les documents électoraux et les affiches qu’ils avaient déjà préparés.

Tout cela a eu son résultat : la candidate ump du canton où je me présente représentera seule la droite, du Front National au Modem inclus. Sans doute, l’accord prévoit-il aussi qu’il en soit de même demain pour le candidat multi-déclaré aux législatives, Alain Juppé.

Seuls candidats de la droite, mais… sans le dire ! Et même en ayant bien soin de le cacher. Sur les trois vitrines de la permanence électorale de ma concurrente, nul signe qui puisse rappeler l’ump, ses pompes et ses oeuvres, non plus que le gouvernement et le Président de la République. Sur sa charmante lettre de candidature enrubannée de voeux chaleureux et bien sûr sincères, point d’arbre bleu, point de sigles des partis qui la soutiennent, profil bas de rigueur. A Bordeaux, comme ailleurs.

  • Pour mémoire le regretté Carl von Clausewitz fut le grand stratège de l’armée prussienne, avec les conséquences que l’on sait.

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