m

Conseil municipal du 26 janvier 2015

Michèle DELAUNAY est intervenue à l’occasion du Conseil Municipal de la Ville de Bordeaux et a interpellé le Maire sur plusieurs sujets :

– à l’occasion de la délibération sur le transfert de l’Office de Tourisme de la Ville de Bordeaux à la Métropole, elle s’est interrogée sur les devenir des recettes de la taxe de séjour. Elles seront à partir du 1er janvier 2016, perçues par la Métropole.

– elle a proposé au Maire de Bordeaux, l’ouverture de la Bibliothèque de Mériadeck le dimanche en particulier le « dimanche sans voiture » propice à ce type de loisirs.

– elle a salué l’adhésion de la Ville au dispositif « Marché Public Simplifié » mis en place dans le cadre de la Modernisation de l’Action Publique et de la Simplification de l’accès à la commande publique et proposé au Maire la mise en place d’une « boite à idées » où les Bordelais pourraient suggérer des mesures de simplification administrative les concernant.

Elle a aussi félicité la mairie de Bordeaux sur plusieurs avancées qui rencontrent l’action du Gouvernement notamment le développement de l’exécution des peines dans les services de la Mairie (Travaux d’Intérêt Général) en cohérence avec l’action de la Ministre de la Justice, Christiane Taubira. Il est majeur que les jeunes sortent de l’application de leur peine mieux formés et socialisés. Elle a remercié les services municipaux pour leur participation et leur engagement, clé de la réussite de ces programmes.

A l’occasion d’une modification de la carte scolaire, elle a rappelé l’importance de la mixité sociale au sein des écoles et salué le travail effectué par la Ministre de l’Education nationale, Najat Vallaut-Belkacem.

 

 

 

 

Liberté n’est pas légèreté d’expression

Une polémique vient de s’élever qui illustre de manière admirable la distance entre un droit et son usage. Il s’agit une fois encore, dans le sillage du 7 janvier, de la liberté d’expression, une, intangible et imprescriptible , comme la République elle-même, et de son usage, objet au contraire de précautions et de finesses.

L’objet du non-délit (car, à aucun moment, personne ne le désigne ainsi) est une manchette du « Monde » : « Juifs de France : la tentation du départ » qui a valu au quotidien une levée de boucliers de la part d’intellectuels juifs. « Boucliers » n’est le juste terme que si l’on considère que l’émotion peut à l’occasion être d’un airain suffisamment solide et c’est ici le cas. François Rachline, puis Lynn Cohen- Solal, élue parisienne, écrit ainsi en avoir ressenti « les larmes aux yeux » un « sentiment brutal d’exclusion ». Aurait-on écrit « Chrétiens de France », personne n’aurait sourcillé. Les mots ne sont pas seulement des mots : chacun d’eux, comme les humains, peut s’avancer chargé d’histoire et de blessures.

Point n’est besoin de dire d’où vient la blessure, pas davantage de la discuter. Que fallait-il écrire : « Français de confession juive » (même pour « le Monde », la manchette serait un peu large), « Français juifs ».. Je ne suis pas sûre que pour un titre barrant la une, une seule expression eût été libre de ressentis, de sentiments, voire de ressentiments .

Alors faut-il peser chaque mot avant d’écrire ? Au moins faut-il savoir que chaque mot a un poids et que si dans la simple conversation sa tendance naturelle est de se diluer dans l’air, l’écrit au contraire l’imprime quelquefois au plus profond.

Dans la même livraison du même journal, un papier qui n’ira pas non plus sans réactions s’inquiète de la distance entre l’arabe écrit et enseigné, celui du Coran, et les arabes parlés, amenant à la situation assez tragique que peu, fûssent-ils très talentueux et promis dans un autre contexte à un destin d’écrivain, peuvent exprimer par écrit les mille facettes de leur expérience humaine. « Pas de liberté de penser sans liberté de s’exprimer », les voilà donc murés dans un accès, limité et contraint à l’expression écrite, pourtant ô combien plus durable et surtout, génératrice de mise en ordre et d’approfondissement  de la pensée.

Un troisième papier (non disponible en ligne)  de la même livraison de ce même journal « boucle la boucle » si l’on peut dire. Le pédagogue Philippe Meirieu y pose comme une priorité et une urgence l’accès des écoliers au langage écrit. « L’écrit en tant que communication différée, argumentaire construit (..) soutient l’apprentissage de la pensée, s’oppose à « l’immédiateté de la pulsion consommatoire » et .. développe la liberté.

Un journal, quelques pages de papier dont tant son privés. Et même si, à l’instar des cardinaux de Constantinople qui demeurèrent sans choix entre l’usage d « esprit saint » et celui de « saint esprit »,  nous demeurons sans franche réponse entre « Français juifs » au lieu de « Juifs français »,  au moins avons nous cette chance de disposer des matériaux du débat et de la liberté d’en faire usage.

 

 

Sud Ouest – 23.01.15 – L’esprit du 11 janvier

Michèle Delaunay présentait hier ses vœux aux Bordelais. Un discours très Charlie….

 

L’esprit du 11 janvierMichèle Delaunay, hier soir, pour ses vœux 2015.© PHOTO 

 

PHOTO QUENTIN SALINIER
Pour ses vœux 2015 prononcés hier soir à la Maison du combattant, devant environ 200 personnes, dont certains de ses collègues socialistes au Conseil municipal, Michèle Delaunay a tenu à distribuer la parole à l’assistance.

« Parce que, dit-elle, les événements de ce début d’année ont montré à quel point les Français avaient envie d’être ensemble et de se parler. » Référence bien sûr à la journée historique du 11 janvier, où, par millions, hommes et femmes ont tranquillement défilé pour défendre la liberté et les valeurs de la République.

« Il ne faut pas avoir peur d’apparaître ringard pour défendre ces valeurs », a poursuivi la députée socialiste de Gironde, qui a néanmoins regretté la trop faible participation de ceux qu’on appelle les habitants des cités. L’élue bordelaise n’a pas non plus caché qu’entendre dire du bien de François Hollande l’avait réjouie. Il est vrai, reconnaît-elle, que cela fait longtemps que ce n’est pas arrivé et elle s’amuse d’entendre ses collègues de l’opposition à l’Assemblée nationale commencer leurs interventions par « Ma question n’est pas polémique, mais… »

Si elle ne se fait pas trop d’illusions sur la pérennité de cette union nationale déclenchée malgré eux par les terroristes, Michèle Delaunay gardera en mémoire cette image de milliers de Bordelais autour de la colonne des Girondins.

Mais son travail de députée a repris. Elle compte d’abord se battre en faveur de la laïcité qui, dit-elle, « n’est pas la négation des religions », et sur un combat qui lui est cher : la lutte anti-tabac. Celui-ci tue 73 000 Français et 700 000 Européens par an.

Débat sur la fin de vie : l’intervention de Michèle Delaunay à l’Assemblée nationale

 

 

« Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, ce débat nous donne l’occasion de partager ce que nous savons, ou pensons savoir, de ce propre de l’homme qu’est l’appréhension de sa mort.

Je sais pour ma part que les grands âgés, qui sont les premiers concernés, hors des états de dépression, d’ailleurs fréquents, ne veulent pas mourir. Du reste, les déprimés eux-mêmes se suicident plus souvent qu’ils ne demandent à mourir. Je sais plus encore que ces grands âgés meurent le plus souvent là où ils ne devraient pas : dans les services d’urgence, qui sont faits pour sauver in extremis, et non pour accompagner la mort.

Je sais qu’on meurt aujourd’hui dans la douleur, bien souvent comme au temps de Louis XIV, d’escarres, d’artérites, de plaies chroniques, qui devraient être accompagnées beaucoup plus tôt par des attitudes et des thérapeutiques palliatives. Comme Bernard Debré, je sais que les suicidés d’une balle dans la bouche, quand des mois d’hospitalisation et de reconstruction permettent de les sauver, ne récidivent jamais, ce qui démontre la labilité des décisions à l’épreuve des épreuves.

Je sais que les malades gravement atteints demandent d’abord à être guéris, et que ceux qui disaient qu’ils se tueraient si on leur découvrait une métastase sont bien souvent, après qu’ils ont appris la nouvelle, les plus ardents combattants pour tenter d’en guérir. Je sais de manière certaine qu’on ne connaît le courage du soldat que sur le champ de bataille.

Je sais que, comme nous ignorons le jour et l’heure de notre mort, nous ne savons pas grand-chose, si ce n’est rien, de ce que nous serons nous-mêmes, de ce que nous penserons ou voudrons ce jour-là, à cette heure-là. Je sais que s’il ne s’agit pas aujourd’hui d’écrire une loi à destination des médecins et des soignants, ce sont eux qui, très majoritairement, « feront le job », lorsque ce jour et cette heure seront venus. Or ils ne peuvent être contraints par des directives qui ne correspondent en rien à ce qu’ils ont connu du malade au cours des dernières semaines et des derniers mois, c’est-à-dire dans le feu de l’ultime combat.

Je sais qu’il n’est pas humain de mourir seul, et que le droit à l’accès aux soins palliatifs devrait être réaffirmé, et surtout rendu possible, afin que chacun puisse en bénéficier, où qu’il se trouve. Nous sommes loin du compte, et sans doute cela devrait-il nous inciter à ne pas légiférer trop radicalement.

Je sais surtout, comme le vieil Aristote, que je ne sais pas grand-chose, et que nous devons avancer à pas mûrement réfléchis, en poussant à son maximum la recherche de consensus, même si certains voudraient aller plus vite et plus loin. L’ensemble de ces éléments est pris en compte dans la proposition de nos collègues Alain Claeys et Jean Leonetti, à laquelle je souscris, à quelques nuances près. Ces nuances, la maturation en commission permettra sans doute de les effacer, s’agissant en particulier de la prise en compte de l’attitude, et bien sûr de la parole du patient, au cours des dernières semaines.

Les mesures proposées dans ce texte sont équilibrées et respectueuses. Le droit à une sédation profonde et continue, associée à l’arrêt des traitements, permet d’assurer une mort apaisée et sans souffrance. La mise en place, dès 2015, d’un plan triennal pour les soins palliatifs répond à une attente et à un besoin. Ce besoin est aujourd’hui rendu urgent par l’arrivée dans le champ de l’âge des fortes générations des boomers. »

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel