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Lettre de la députée – septembre 2014

Vous pouvez télécharger la lettre au format PDF en cliquant ici.

Depuis le mois de mai, je suis de nouveau votre députée dans la circonscription emblématique de notre ville “Bordeaux2Rives”. Pendant les deux années précédentes j’ai eu l’honneur d’être, aux côtés du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault, Ministre des personnes âgées et de l’autonomie, avec pour mission d’élaborer la “loi d’adaptation de la société au vieillissement” qui vient d’être votée à l’Assemblée nationale.

Cette loi va améliorer concrètement la vie de plusieurs millions d’âgés qui veulent vieillir chez eux et demeurer autonomes, actifs et entourés, ainsi que celle de leur famille.

Dans ce temps, j’ai aussi lancé la filière de la Silver économie, l’économie au service de l’âge, et mis en place la Mobilisation Nationale contre L’ISolement des Agés “MONALISA”. Autant de marches montantes dans la prise en compte de la transition démographique, que vivent à des degrés divers tous les pays et dont l’importance est égale à celle de la transition écologique, ce que beaucoup tardent à mesurer.

Cette lettre de la députée lui est consacrée car elle nous concerne tous. Économie, famille, fiscalité, prévention et santé, lien social mais aussi fin de vie et éthique, tous les champs de notre société sont impliqués. Nous devons anticiper et préparer cette évolution pour qu’elle soit positive pour tous.

Je me réjouis de vous retrouver au quotidien à Bordeaux et me tiens à votre disposition pour vous accompagner dans vos difficultés comme dans vos ambitions et vos projets.

Cordialement,

Michèle DELAUNAY

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L’absolu exemple du contraire (« Il faut aimer la politique » XIX)

Ce n’est pas mon intérêt, je veux dire l’intérêt du groupe auquel j’adhère, NS est de beaucoup pour la gauche le meilleur candidat à l’élection présidentielle, mais il est à un point tel, le contre-exemple de ce que je crois pour retrouver l’honneur et l’amour de la politique que je ne peux tout à fait me taire.

Esquive des questions, verbiage lénifiant ou moralisateur, piètre maîtrise de langue – outil majeur de la politique en son propre pays -, condamnations implicites, abus du « je », tout ce que je déteste du show politique était ce soir à son complet.

Piètre maîtrise de la langue. Un exemple: « Le manque de courage, c’est pas là où j’ai le plus changé ». Et un autre, pire: « On a utilisé les homosexuels contre les familles ».

Condamnations implicites ; dans le catastrophique couplet sur le mariage pour tous, l’utilisation de « braves gens », expression bien plus condamnable et profondément ancrée en qui l’utilise que les « illettrées » de Macron. Du niveau de « la France d’en bas » et juste avant « les gens de peu ».  Le mépris et la condescendance à fleur de peau.

L’abus de « je » quand le pays a un urgent et fondamental besoin de « nous », quand le seul enjeu est de faire partager et comprendre l’idée que nous sommes dans le même bateau et que notre salut individuel et collectif dépend de chacun de nous. Inécoutable, cette litanie de « je » qui ne marquait pas l’autorité, comme il est quelquefois nécessaire, mais le nombrilisme le plus banal et le plus triste.

Condescendance et petites inélégances médiocrissemes pour ses concurrents. « J’aurai besoin de lui », « je l’ai connu il y a 30 ans »… Et puis ce ton patelin de bon apôtre, qu’un rien suffisait à faire basculer dans l’énervement. En allemand on dit: « Il avait mangé de la craie ». Je n’ajouterai rien, ce pourrait être désobligeant.

On dit aussi : « On a la classe politique que l’on mérite ». Et c’est là toute l’interrogation qui est la mienne depuis plusieurs semaines.

Il n’y a que deux remèdes : ou aider à rendre la classe politique plus crédible, plus chaleureuse en même temps que plus élevée dans son ambition pour le pays comme dans son expression vis-à-vis des Français ; ou tenter et tenter encore de nous élever nous-mêmes pour l’y contraindre.

 

 

Inauguration de la place des Justes parmi les nations à Pineuilh

Très belle cérémonie ce matin à Pineuilh pour l’inauguration de la place des Justes parmi les Nations » » , au coeur de la petite ville. Le pays foyer (autour de Ste Foy la Grande) est une terre de résistance où plusieurs familles et personnalités ont été élevées au nom de « Justes » et figurent au Mémorial de Yad Vashem dont les représentants nationaux et locaux étaient présents.

Le représentant girondin Nathan Olchaker fut l’un de ces enfants que la fraternité d’un gendarme M Rigoulet a sauvé. Plusieurs familles se sont exposées à tous les risques pour cacher et protéger des enfants, dont l’un a lu un très beau texte sur son souvenir et sa reconnaissance à la famille qui l’a sauvé de la shoah ainsi que ces deux frères.

La communauté protestante fut très engagée et nous avons rendu hommage à Emile Herpe, directeur d’école et son épouse, ainsi qu’au Pr Jacques Ellul.

Salut au Maire de Pineuilh Didier Teyssandier et au maire honoraire M Challard qui ont eu l’initiative de donner ce beau nom à la place centrale de la petite ville de Pineuilh et de cette très belle cérémonie qui a eu lieu en présence du Consul d’Allemagne et du Consul du Maroc. Ces deux présences ont ajouté encore à la profondeur du moment que nous avons partagé en communion.

(Des photos de la manifestation sur mon profil facebook.

 

Mortel manichéisme (« Il faut aimer la politique XVIII »)

« Je méprise les hommes qui mettent toute leur énergie à empêcher les autres de réaliser ce qu’ils ont été incapables d’entreprendre ». Cette phrase, approximativement citée d’un livre de Gabriel Delaunay, je viens de la vivre une fois de plus.

UMP et UDI, qui n’ont en la matière rien fait que des annonces et des promesses, ont voté contre la « loi d’adaptation de la société au vieillissement » le 17  septembre en 1ère lecture à l’Assemblée nationale. « Pas assez, pas assez loin » sont les éternels alibis à une sorte de reniement de soi qu’ils ont (à part 2 abstentions) endossé pour la seule raison de ne pas mêler leurs vote aux nôtres.

« Pas assez », j’en suis d’accord : aurais-je disposé de 6 milliards 450 millions au lieu de 645 millions, j’aurais su en faire bon usage. Cette loi est une marche montante dans la prise en compte de la transition démographique, pas l’escalier entier. Mais existe-t-il un parti politique et même une personne humaine qui puisse être contre une revalorisation de l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) jusqu’à 60% ou contre le financement des aides techniques aux faibles revenus pour mettre un peu d’égalité dans la prévention du vieillissement ?

Eh bien, en France, sur les bancs de l’Assemblée, ces partis existent et il n’y a pas lieu d’en être fiers.

J’ai voté (le plus souvent avec d’autres de mon groupe) des lois ou des amendements issus de la droite sans réserve car j’aurais voulu les faire moi-même et parce qu’ils correspondaient à ce que je croyais bon et nécessaire. Nul électeur de gauche n’est venu sur le marché me prendre au collet pour me dire que je transigeais avec la doctrine.

Même de forme (par exemple lors des questions d’actualité au Gouvernement), le manichéisme érigé en système n’est plus compris mais au contraire vécu comme un cirque usé et au fond déshonnête. La brièveté des questions et des réponses y incite et nous devrions y porter remède.

Dans mes 22 mois de « ministériel »,  j’ai pris soin de n’être jamais dans l’invective, rendant hommage à qui je croyais légitime de le faire (par exemple les efforts de Roselyne Bachelot pour ce que l’on appelait alors « la réforme de la dépendance ») et j’ai reçu en retour l’accueil très positif de Maires ou de Présidents de Conseil généraux de toutes tendances. Le sujet que je portais (et que je continue de porter d’autre manière) est propre à rallier un consensus. Sachons ne pas nous en priver et je remercie Laurence Rossignol d’avoir été dans le même esprit pendant les trois jours de débat à l’Assemblée. Le vote UMP/UDI n’en est que plus incompréhensible.

Je ne suis pour autant aucunement de ceux qui disent « gauche et droite, c’est pareil ». Ce n’est pas pareil. Moins encore, je suis pour l’ « ouverture » à la Eric Besson, c’est à dire le débauchage pour faire le contraire de ce qu’on a jusqu’alors soutenu (le ministère de l’identité nationale). J’ai vécu comme un choix difficile mais non médiocre  la décision de Jean-Pierre Jouyet d’accepter les affaires européennes pour le temps de la Présidence française de l’Union Européenne : grâce à lui, cette Présidence a été un succès et il en allait de l’image de la France auprès de nos partenaires.

J’apprécie sur beaucoup de points la grande coalition CDU/CSU/SPD qui a permis par exemple la mise en place d’un salaire minimum et le financement de la perte d’autonomie à hauteur de 6 milliards d’ici la fin du mandat de Mme Merkel. Il n’en va pas de même pour son attitude européenne, ni pour la hauteur de sa participation à la lutte contre le terrorisme mais c’est une autre question.

Une grande coalition, en dehors d’une crise gravissime, n’est pas possible en France bien que j’entende annoncer que Nicolas Sarkozy veuille « ouvrir portes et fenêtres ». Le simple honneur empêchera même de s’y pencher. La crédibilité de la politique, qui fait si fort besoin, aurait voulu qu’il attendît pour prétendre  y revenir de voir les affaires où il est impliqué totalement éclairées.

Manicheisme et sectarisme sont aujourd’hui dans l’arène. Honneté et honneur, deux mots, deux idées mêmes, qui croulent sous le poids des ans, sont aujourd’hui seuls à pouvoir les en déloger. Pour ma part, j’ai choisi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le tunnel, ou comment faire carrière sans mettre un pied dans la vraie vie

Ils ont fait sciences- po, passé ou non un concours de l’administration, regardé autour d’eux… Et finalement trouvé un poste d’attaché parlementaire ou un job dans une collectivité et, pour les plus chanceux ou les pls habiles, dans un « Cabinet ».

Dans ces milieux un tantinet confinés, ils ont pris le virus. Rien à reprocher : la densité d’intelligence y est grande, les sujets d’intérêt nombreux et variés, l’endogamie forte et l’impression d’appartenir à une sorte d’élite pensante, bougeante et agissante, porteuse. L’envie vient d’aller plus loin, de fabriquer soi-même de l’immédiat au lieu de travailler à façon celui des autres, de projeter, d’échafauder, de bâtir ou du moins de l’essayer.

Cinq ou dix ans ont passé, ils entrent à leur tour dans la piscine. Grand bain pour les museaux les plus fins (tenter une élection uninominale, cantonale le plus souvent), moyen bassin pour la plupart (figurer sur une liste municipale ou régionale), pataugeoire pour les encore timides (tenir un rôle dans une équipe de campagne). Ils gagnent ou ils perdent, mais ils demeurent dans cet entre-soi réconfortant où l’on partage les mêmes idées avec pour conséquence de croire toujours avoir raison.

Ceux qui gagnent du premier coup sont les plus à risque : ils n’ont plus seulement le virus, mais la maladie. Grand air, bobine sur le journal après l’avoir eue sur de grandes affiches, ils sont quelqu’un, c’est à dire déjà plus tout-à-fait eux-mêmes. Les autres retenteront. Ce sera plus ou moins long, plus ou moins brillant, quelquefois péniblement stationnaire, mais ils arriveront quelque part, même si pas toujours où ils voulaient.

Le danger maximum vient avec le succès dans une élection où l’on a été parachuté, voire même que l’on a sélectionnée sur la carte si on a eu la chance d’être dans les instances du Parti, d’avoir un mentor de grand renom ou de grand pouvoir, d’être choisi par un qui ne voulait/pouvait pas se représenter.

S’il est élu, le parachuté devient un conquérant. Nul, sur le terrain, ne le connaissait avant, ne sait vraiment quelles études il a faites ou s’il a eu jamais la moindre responsabilité. Son document électoral est son seul passeport. « Engagé dès mon plus jeune âge, j’ai fait mes études de droit, tout en travaillant pour financer mes études » (nombreuses variantes : sociologie, écoles de commerces…). Rien que les citoyens aient partagé ou vécu avec lui,  pas de précision sur le « travail » pour financer les-dites études. Il n’est pas rare, mais pas obligatoire, qu’il s’agisse d’un stage dans le cabinet d’avocat paternel.

J’éxagère, évidemment, du moins dans l’apparence de généralisation. Un nombre non négligeable de ces « porteurs de virus » viennent d’un « milieu modeste » (expression détestable mais que ceux qui sont devenus immodestes utilisent souvent). Ils ont réellement fait effort, passé des concours : ils resteront plus longtemps porteurs sains et pour quelques rares n’auront pas, ou très peu, de signes de la maladie. Le manichéisme n’est pas mon fort : même de milieu immodeste, quelques uns passent à travers les gouttes. J’en connais et je les en remercie.

Après trente ans d’entre-soi, les voilà à leur tour à la tête d’une écurie : député entouré de ses trois assistants parlementaires et de quelques dizaines de congénères faits au moule; maire à la tête de son Conseil et de son Cabinet. .. Beaucoup demeurent au coeur du mouvement qui les a formés. Au PS, cela s’appelle des courants, après avoir été des motions. A l’ump, cela n’a d’autre nom que celui du mentor, généralement candidat potentiel à la prochaine présidentielle.

Dans cette période, ils apprennent à tuer le père, si ce n’est déjà fait, un exemple récent qui a défrayé la chronique en témoigne. Ils s’agitent aussi pour peu que leur Parti soit celui du Président pour devenir ministre ou secrétaire d’Etat. Peu y arrivent, mais les remaniements sont aussi faits pour ça : élargir le champ des possibles.

Dans cet exercice, deux choix : s’opposer à peine un peu plus qu’il ne faut pour qu’il soit bénéfique de vous enrôler. Être au contraire toujours présent dans la sphère du pouvoir, se rendre souvent au ministère auquel on croit pouvoir prétendre, envoyer des notes, rencontrer les conseillers. Bref, être là, se faire connaître, tout cela n’ayant en soi rien de très grave.

Ce texte n’a d’autre objet que de répondre à un questionnement que j’entends plusieurs fois par jour depuis quelques semaines : comment cela est-il possible ?

« Cela » ? Perdre tout pied dans la réalité, n’avoir plus le sens commun. Agir comme si l’on était au-dessus de la règle la plus élémentaire, ne plus savoir entendre raison ou n’en plus avoir. Je n’ai besoin ni de noms, ni d’exemples : ils ne sont que trop nombreux.

L’explication la plus plausible est la plus simple : ces élus n’ont jamais connu la vie réelle. Entrés tôt dans le tunnel, ils n’en sont jamais ressortis. Compter pour savoir si l’on pourra payer ses deux employés à la fin du mois, si l’on aura soi-même assez pour assumer la scolarité du petit, le loyer… . Suivre de près météo, récoltes et prix des matières premières pour maintenir son exploitation agricole, répondre aux appels les nuits de garde en faisant sur le chemin vers le suivant la revue des traitements qu’on aurait pu oublier, toutes ces heures et ces jours où le réel est dur comme ciment et ou il faut le coltiner sans échappatoire possible, tout cela, ils n’en savent rien.

J’ai pour voisin à l’Assemblée un des deux seuls exploitants agricoles qui y siègent. Il s’y sent sur une autre planète et raisonne d’une manière différente. Pour sûr, il sait ce que payer une facture veut dire ou répondre à une échéance.

On dit bien souvent qu’il faut des jeunes en politique pour régénérer les pratiques et on juge trop souvent les Assemblées ou les Gouvernements à leur moyenne d’âge. Il faut des jeunes, c’est une évidence, pour leur engagement, leur regard, il en faut comme il faut des femmes et plus encore, des élus issus de milieux différents, ayant des expériences différentes. Les jeunes pourtant, entrés tôt dans le tunnel et le gravissant sans interruption, sont plus à risque de comportements « hors sol ». Ils sont dépendants de la politique à tous les sens du terme, y compris financier. A tous, je conseille d’aller voir aussi ailleurs, d’apprendre autre chose, ils n’en apporteront que davantage à la politique et aux causes qu’ils défendent.

La loi sur la parité a eu plus d’un mérite, mais un surtout : faire entrer dans le sérail des femmes qui, par définition, n’en venaient pas. C’est à vrai dire la seule explication pour celles qui « pratiquent la politique (un peu) autrement ». Les pas-jeunes, de même, n’ont pas a priori tous les mérites. L’histoire que j’ai racontée est éminemment valable pour les élus, quel que soit leur âge, à mandat répétitif et le non-cumul dans le temps (pas plus de 3 mandats identiques successifs) devra bien finir par s’imposer.

Il n’empêche que… Dans le choix que vous aurez à faire de l’un ou l’autre candidat à l’une ou l’autre élection, il peut n’être pas inutile de regarder s’il est passé par la case Réalité.

 

 

 

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