Ce week-end, lors de l’Université d’été du Parti socialiste à La Rochelle, j’ai proposé un atelier sur les enjeux de la transition démographique, auxquels ont participé la députée Martine Pinville, le secrétaire nat adjoint aux personnes âgées Luc Broussy et le sociologue Serge Guérin.
Cet atelier, animé par Marielle Rengot, Adjointe aux personnes en situation de Handicap de la ville de Lille, a notamment été l’occasion de revenir sur le projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement, que j’ai porté alors que j’étais ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie. Mais pas seulement. En effet, j’ai tenu à rappeler les fondements de mon raisonnement et de mon engagement indéfectible pour la prise en compte de la longévité dans les politiques publiques.
Tout part d’un constat : l’équilibre entre les générations est bouleversé et l’espérance de vie à la retraite est d’ores et déjà de 30 ans. Elle sera demain de 40 ans. Cette troisième vie n’est plus une vie à occuper mais bien une vie à accomplir.
La transition démographique est une idée neuve ; elle désigne désormais ce basculement des générations au profit des plus de 60 ans qui représenteront, dès 2020, 30% de notre population.
C’est une réalité qui constitue un défi d’égale importance à celui de la transition énergétique et il est de notre devoir, à nous socialistes, de nous en emparer. Il s’agit de sortir de la « démographie punitive » : les âgés ne sont pas un poids. Au contraire, la transition démographique est une chance.
Elle doit nous exhorter à réfléchir à tous les champs de la vie, tant au plan individuel que sociétal, car elle les impacts tous (Famille, système de santé, éthique, urbanisme et déplacements, logement…) La loi d’adaptation de la société au vieillissement, qui sera examinée en première lecture à l’Assemblée dès le 9 septembre, donne des réponses notamment en matière d’adaptation des logements, des transports, d’urbanisme, de sport, d’engagement associatif et citoyen,… Mais face au défi de la longévité, tous nos référentiels doivent être interrogés afin d’éviter la mise en retrait des âgés, y compris les modes de vie, l’employabilité, mais aussi la mort, l’héritage et la fiscalité.
Aussi, je préparerai une proposition de loi visant à mieux accompagner la fin de vie, car avec les progrès de la médecine et le recul du nombre de morts précoces, plus nombreux, paradoxalement, sont ceux qui meurent dans la souffrance qu’il y a vingt ans. J’estime également que longévité doit nous conduire à repenser la fiscalité des droits de succession ou de transmission, en facilitant notamment les donations précoces aux enfants ou petits-enfants et, dans le même temps, en alourdissant les droits de successions. Cette fiscalité doit encourager les âgés à profiter eux-mêmes de leur patrimoine pendant leur retraite, tout en aidant leurs enfants quand ils en ont besoin, c’est-à-dire pas forcément quand ceux-ci ont 70 ans !
Je souhaite que nous parvenions à inventer un nouveau modèle de société dont les âgés constituent un élément moteur à l’égal des autres générations, dans lequel ils ont toute leur place. Pour cela, il faudra aussi fluidifier l’âge du départ à la retraite et réfléchir à l’aménagement des carrières, pour que les âgés continuent à se sentir utiles quand ils peuvent et ont encore envie de travailler.
Autant de pistes que j’ai souhaité aborder samedi avec les militants socialistes. Je me félicite de la forte participation et je remercie chacun pour la qualité des échanges. Merci aux intervenants et tout particulièrement, aux nombreux élus présents dans la salle, pour leur engagement à aménager leurs territoires à la mobilité des âgés. Ils ont démontré que ces aménagements se font en réalité au profit de tous. Un parcours adapté aux âgés l’est aussi aux personnes qui promènent des poussettes. Et enfin merci aux jeunes pour leurs témoignages d’expériences riches et réussies de cohabitation intergénérationnelle : ils sont la preuve de l’importance de l’engagement de tous, pour être à la hauteur des enjeux de la transition démographique.