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Le pouvoir de nommer

 

C’est je crois Jacques Attali qui disait avec une vérité un peu cruelle: « Le pouvoir du Président de la République, c’est d’abord celui de nommer ». C’est au demeurant un grand pouvoir, parce que les postes où le Président nomme sont eux aussi grands.

Deux exemples, que l’actualité illustre, il nomme le Défenseur des Droits et le Contrôleur général des lieux privatifs de liberté.

Cette deuxième fonction a été agrandie à la taille de celui qui en est le premier détenteur : Jean-Marie Delarue, dont à chacune de nos rencontres j’ai mesuré l’éminence de la personnalité. Il y a quatre jours, il s’est exprimé devant le groupe socialiste de l’Assemblée nationale, rappelant les quatre principes qui ont guidé son exercice: intransigeance, indépendance, transparence sur son action, absolu secret sur tout ce qui concerne les droits des personnes (c’est-à-dire des cas individuels qui lui étaient confiés).

J’écris « étaient » car Jean-Marie Delarue parvient au bout de son mandat. La difficulté de sa succession est à la mesure du haut niveau où il l’a porté.

Le Défenseur des Droits est quant à lui, le 11ième personnage de l’Etat. Dominique Baudis me l’avait lui-même rappelé dans une manifestation où cela avait été un peu oublié.. Je l’ai écrit ici souvent : l’ordre protocolaire de la République n’est jamais insignifiant. Il n’est pas fait pour garantir des places dans une tribune ni l’ordre des sièges autour d’une table, il a toujours une raison, un sens profond. Le Député vient avant le Maire (hors ex-premier Ministre) parce qu’il représente le peuple. Le Préfet, dans un territoire, est le plus haut placé (hors présence d’un Ministre) parce qu’il représente l’Etat…

Chacun a sa place, le temps qu’il occupe sa fonction. Celle du Défenseur des Droits est éminente : il représente les Droits de tous et de chacun, comme le Garde des sceaux représente la Justice. Celui-ci a un ordre déterminé par le Président de la République au sein du Gouvernement qui, dans son ensemble, occupe la 6ème place.

La personnalité du Défenseur des Droits peut n’avoir pas de rapport avec la justice (je parle de sa carrière) mais elle ne souffre aucune fragilité à l’égard des Droits.

Beaucoup d’autres exemples, soit de nomination directe, soit d’approbation en Conseil des Ministres, ce qui suppose celle du Président de ce conseil, le Président de la République.

Reconnaissons que dans bien des cas (le Defenseur des Droits par exemple au sujet de la nomination duquel les commissions des lois de l’Assemblée et du Sénat se prononcent), l’approbation du Parlement est requise. Cela ne remet pas en cause la primauté de l’avis présidentiel.

Pourquoi ce billet ? Pour que chacun mesure que si notre République est une vieille dame, elle est comme tant d’âgés guidée par la raison, la responsabilité et le devoir.

 

 

Loi Autonomie : lien vers le rapport annexé

La loi Autonomie, dite loi d’adaptation de la société au vieillissement a été présentée en conseil des Ministres le 3 juin dans l’état d’aboutissement où mon équipe et moi l’avons menée (à de très petits détails près au chapitre « gouvernanc…e », détails liés à l’annonce de la réforme territoriale)

Tous les textes de loi sont de lecture difficile. Dans le cas, il s’agit d’une loi d’orientation et de programmation ce qui veut dire qu’un rapport annexé présentant les engagements du Gouvernement y est adjoint. J’ai bien veillé à ce que celui-ci soit lisible par tous les citoyens et j’ai essayé d’y mettre un peu du souffle qui nous a animés pendant ces deux ans.
Voici le lien vers ce rapport annexé :

https://ancreai.org/sites/ancreai.org/files/rapport_annexe_loi_autonomie_pour_le_ce.pdf

Bonne lecture !

 

Déclaration d’amour à la Garonne

J’utilise ce vocabulaire par dérision. Tant d’hommes politiques ont déclaré leur amour à leur ville pour n’avoir qu’une envie: la quitter. Je me souviens d’Alain Juppé décoré d’un T-shirt « Bordeaux à coeur », comme tous ses colistiers, pour quelques mois après remonter à Paris (est-ce vraiment « monter »?)  au contraire de ses promesses. Ce n’est pas le sujet.

La Garonne, ce long et lourd fleuve d’or brun qui traverse Bordeaux, après avoir fréquenté sa rivale Toulouse, donne tout son sens à notre ville. Son nom, bien que les historiens en discutent toujours, mais en tout cas son sens profond. Un homme de ma connaissance disait « la géographie l’emporte toujours sur l’histoire ». Ô combien il avait raison : non seulement elle l’emporte mais bien souvent en décide. Les Maires d’une ville qui méconnaissent cette règle trahissent leur territoire.

Bordeaux, sous une chaleur mauriacienne (personne, comme lui, n’a décrit la touffeur estivale de Bordeaux, et le mot était à moitié un alibi pour exprimer que le jeune Mauriac étouffait dans toutes les contraintes de cette ville, différentes de ce qu’elles étaient dans la description de « préséances » mais toujours réelles comme en témoignent bien des votes légitimistes de cette ville.

J’ai laissé dans le vide le début de ma phrase. Je n’en ai pas regret : c’est ce à quoi incite le cours d’un fleuve.

Bordeaux aujourd’hui ne respire qu’à cause de son fleuve. En bordure l’air file, rafraîchit les corps et élève les esprits. Sur le miroir d’eau, les enfants jouent et s’aspergent alors qu’ils grilleraient sur la pierre nue et leurs parents, en les quittant des yeux, ne peuvent résister au « fleuve impassible », son flegme apparent, ses courants qu’on devine et qu’il y a deux jours des nageurs ont affronté.

La Garonne, tantôt d’or comme le Tage, tantôt de bronze, mon fleuve élu, que tant de marins ont remonté ou descendu, que les navires n’ont jamais tout à fait quitté grâce à l’obstination de quelques-uns que je salue sans avoir besoin de les nommer.

L’un d’eux me dit souvent, une ville, un paysage sans fleuve, sans intimité avec l’eau, qu’il s’agisse d’une rive ou d’une voie, ne sont jamais tout à fait complets.

Une ville est par essence un port. Celui d’où l’on vient, auquel on aspire, que l’on quitte et que l’on retrouve, fût ce soir de sa vie.

 

L’homme qui aimait vraiment la liberté

Deux fois héros, le vétéran anglais de 89 ans qui s’est fait la malle de sa maison de retraite, défiant les interdictions, et s’est rendu par ses propres moyens en Normandie retrouver ses camarades de combat pour les cérémonies du 6 juin.

Avant de partir, il a accroché ses décorations sur son blazer, en douce, a mis un imperméable dessus et en route pour Ouistreham où il a débarqué une deuxième fois.

Cet ancien Maire de son village, ce qui n’est pas insignifiant, est plus qu’un héros de guerre. Un de ces héros de l’âge qui n’abdiquent jamais leur liberté.

Encore Ministre, je lui aurait écrit un mot d’admiration, comme je l’ai fait à plusieurs reprises pour ses congénères, résistants de leur liberté d’homme, de leurs choix, de leurs décisions. Il est rare que l’actualité les mette en lumière. Le 70ème anniversaire du débarquement et ses 1800 nonagénaires a célébré deux fois leur héroïsme et leur dignité.
 

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