Cent pour cent des familles sont concernées par l’inquiétude du grand âge et de la perte d’autonomie. Pour beaucoup d’entre elles aussi, c’est une charge financière lourde et quelquefois rédhibitoire. Résultat : des âgés dépendants pour lesquels il n’y a pourtant pas d’autre solution restent à domicile dans des conditions précaires et épuisantes pour les aidants.
C »est une des lourdes questions de la politique de l’âge. Hier à Lille, François Hollande a posé que nous y répondrions. Je voudrais que l’on mesure ce que cela représente d’engagement dans une situation budgétaire difficile.
Tout cela demande quelques explications pour les non-professionnels. La politique de l’âge est complexe car elle s’est constituée par étapes dont la dernière celle de la dépendance a été constamment annoncée, promise mais finalement abandonnée.
Les maisons de retraite, de plus en plus souvent « médicalisées » et répondant à la dénomination rébarbative d’EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) accueillent les personnes qui ne peuvent plus rester à domicile. Leur tarification relève du casse-tête chinois et de plusieurs acteurs publics : assurance-maladie pour les soins, État pour le logement, Conseil Général pour la perte d’autonomie.
Le tarif hébergement de ces maisons est à la charge du résident qui reçoit pour autant des aides publiques : Allocation Personnalisée pour l’Autonomie (APA en établissement), Aide Personnalisée au Logement (APL). Ces aides prises en compte, la facture pour le résident s’appelle le « reste à charge ». Le mot prend bien souvent tout son sens par le poids de la charge relative au revenu à la fois des « résidents » (les âgés hébergés) et de leurs familles.
J’en vois qui ne suivent pas… Qu’ils sachent pourtant que je simplifie.
Le montant moyen de ce reste à charge est de 1600 euros par mois pour un EHPAD public, 2400 euros pour un EHPAD privé à but lucratif. Les EHPAD privés à but non lucratif (ex-Croix Rouge) se situent peu au-dessus des EHPAD publics.
Le montant moyen des pensions de retraite est de 900 euros pour les femmes qui constituent entre les 2/3 et les 3/4 des personnes en établissement. Il est de 1200 euros pour les hommes. Cherchez l’erreur…
C’est ce fossé entre revenus et coût qui constitue la pierre la plus lourde dans la réforme que nous entreprenons. Actuellement, comment est-il comblé (ou pas) ?
Pour les personnes les plus pauvres par l’Aide Sociale à l’Hébergement (ASH) auxquels subviennent les Conseils Généraux sous réserve de contribution des enfants, voire des petits enfants par le biais de l' »obligation alimentaire » et au décès de la personne âgée du recours sur succession.
Cette « obligation alimentaire » est très complexe à activer et bien souvent le processus retarde la prise en charge. François Hollande nous a donné mission de la simplifier, ce qui n’exclut pas de la supprimer tout simplement.
A noter que le tarif des places habilitées à l’aide sociale est fixé par le Conseil Général.
Alors comment diminuer ce « reste à charge » pour les familles des classes moyennes ? Plusieurs pistes sont possibles.
– Diminuer les coûts impactant le tarif hébergement, c’est-à-dire ce reste à charge. Par exemple, le coût du foncier (des terrains) des maisons de retraite. Mais aussi par la mutualisation entre plusieurs établissements (comme c’est le cas dans des EHPAD publics d’Essonne) ; cette possibilité me parait très prometteuse.
– Faire jouer la concurrence et c’est aussi l’objet du site national que nous mettrons en place où chaque famille pourra trouver aisément les maisons de retraite du territoire de l’âgé, les places disponibles, les services, les coûts précis et aussi les surcoûts que beaucoup d’établissements facturent en sus (blanchisserie, coiffure, autres prestations ..). Cette nécessaire transparence concerne TOUS les établissements et aidera grandement les familles.
– Augmenter les aides publiques : APA, APL, ALS ; Revoir leur distribution pour les rendre plus efficaces.
– Encadrer les tarifs, et là, deux pistes. Encadrer le prix du loyer à la relocation, au changement de résident, comme c’est le cas par la loi Duflot dans le logement hors EHPAD. Mais aussi établir des conventions avec les maisons de retraite, limitant les marges d’augmentation de tarifs.
Les pistes -j’ai cité les principales- sont ouvertes. Nous y travaillons depuis le 1er jour au Ministère.
Le top départ est donné. François Hollande s’est engagé à cette répondre à cette obligation d’accessibilité financière et c’est pour moi un objectif majeur.