Je pense avec solidarité aux milliers de ceux qui affrontent de plein fouet le brutal sevrage que leur a causé la victoire de François Hollande. Qui dira tous les effets collatéraux de l’arrêt d’un jour à l’autre, sans préparation physique, de tout tractage, porte-à-portage, boîtage et autres distributions sur tous terrains et par tous les temps ?
Cette bouffée d’empathie m’est venue en face d’un rang amical de boîtes aux lettres, toutes larges et bien rangées, faciles d’accès, sans serrures ni codes, d’une résidence d’Hossegor. N’avoir à y distribuer que la liste des courses et le ticket du Leclerc local a levé en moi un mouvement de révolte, quelque chose qui ressemblait à une insulte pour les compétences chèrement acquises années après années.
Un élan particulier en direction des militants et sympathisants bordelais; 14 campagnes que nous avons partagés en 11 ans grâce aux petits « rabs » que nous a ménagés notre Maire, question de nous maintenir dans un effort continu et régulier, ont fait de nous des médaillés anonymes de la course électorale.
Et c’est bien ça le pire. Médaillés, oui, mais ô combien anonymes. Et ce constat, avec tout ce qu’il a de scandaleux dans l’apposition des deux termes, nous en prenons toute la mesure dans une période où l’on médaille à tour de bras, et où dans cet éxercice, les Français devancent, en date de ce dimanche matin, pour une fois d’une courte tête les Allemands, pourtant bien moins entrainés par une vie électorale atone en comparaison de la nôtre.
Le 7 mai nous n’avons pas tout de suite réalisés. Peu après, nos activités professionnelles ont repris, le sevrage n’a pas montré tout de suite ses effets délétères.
Mais c’est maintenant, alors que la majorité d’entre nous affrontent l’épreuve de quelques jours de vacances, trouvant en fond de voiture comme un cuisant rappel quelques poignées de tracts, alors que plus aucun média ne publie le moindre sondage, la plus petite cote de popularité, qu’ils mesurent les dégâts de cet arrêt brutal de marche vive.
Je le rappelle en effet, la marche vive, la station debout sur les marchés où les pas de porte, sont à l’activité ce que les cinq fruits et légumes sont à l’alimentation. Et pour ceux qui y auraient échappé jusque là, je rappelle l’ adage fondateur: « Deux heures de tractage chaque jour éloignent le docteur toujours ».
Combien d’entre vous, aujourd’hui sidérés devant vos écrans de télévision, un verre dans une main, un sac de chips dans l’autre, voyant des sportifs récompensés pour des efforts de quelques dizaines de seconde, sentez en même temps que le retour de vos vieilles douleurs, la cruauté du sport-spectacle qui n’apporte aucune réponse, pas la moindre récompense, à vos efforts de quelques dizaines de dizaines d’heures ?
Le Président lui-même, se rendant à Londres, y a-t-il fait la moindre allusion ? A-t-il eu le moindre geste en direction de la foule anonyme de sportifs de terrain et pour autant de haut niveau qui nous ont porté en tête du club France ?
Notre Ministre des sports, elle-même pourtant militante de cette forme obscure du sport, a-t-elle eu la plus petite parole laissant espérer une embellie nous concernant à l’occasion des prochains jeux ?
Que nenni. Et c’est à la Ministre des personnes âgées de s’y coller ! Paradoxe entre les paradoxes. Les anciens combattants encore, on aurait compris, mais les « P.A. » !
De Gaulle avait raison : faut tout faire par soi-même.