La politique du bon plaisir
« Car tel est notre bon plaisir » . La formule attribuée à François Ier est belle et elle n’est pas dénuée d’une certaine élégance ; mais elle va à l’encontre absolu de l’exemplarité qui doit marquer aujourd’hui la politique de la France.
Bordeaux et son Maire se sont fait une spécialité de cette politique du bon plaisir. En faisant démissionner tout son conseil municipal en août 2006 pour reprendre -18 mois avant l’heure- les rênes de la ville, Alain Juppé avait marqué une sorte de sommet dans cet art. Il n’a pas manqué pour autant de récidiver avec sa candidature de juin 2007 alors qu’il était déjà Ministre de l’écologie et du développement durable, numéro 2 du Gouvernement, et qu’il savait qu’il devrait laisser aussitôt son mandat à son suppléant.
Un nouveau sommet vient d’être atteint.
Déclarateur précoce de sa candidature aux législatives 2012 dès fin 2008, il a ensuite renouvelé cette annonce à répétition dans tous les médias, l’affermisssant chaque fois davantage (« je serai candidat quel que soit le résultat de l’élection présidentielle »), figurant dans la liste officielle des désignés de l’ump ; bref candidat officiel.
Lundi matin 7 mai, coup de tonnerre : il se retire. Mais il fait plus que cela, il désigne pour suppléer à ce retrait le candidat de l’ump sur la circonscription voisine, également investi par son parti, également candidat officiel. Nouvel épisode de chaises musicales : « car tel est son bon plaisir ».
Une consolation : si jamais 2 sans 3, 3 nous avons. Il n’aura sans doute pas l’occasion d’y revenir.
C’est en effet une nouvelle pratique de la politique que nous allons mettre en place, où l’on fait ce qu’on dit et si possible où l’on dit ce qu’on pense, mais surtout où l’on respecte la démocratie, c’est à dire les électeurs.
Loi sur le non-cumul des mandats et je l’espère bien davantage : commission d’éthique pour les documents électoraux, moralisation des cumuls avec des fonctions antérieures ou présentes, lutte contre les conflits d’intérêt permettant que le pays ne soit plus gouverné par des avocats d’affaires (Sarkozy, Christine Lagarde, Borloo, Copé…)
Il y a du travail. Nous le ferons.