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Honte

Retour de terrain. Il est 21h. Je trouve dans ma boite aux lettres, vierge à ce jour comme tout le quartier et l’immense majorité des quartiers de Bordeaux, de tout document de l’ump, un tract bleu-blanc-rouge, copie conforme au 1er regard, des documents du FN « Le 6 mai, je vote Nicolas Sarkozy ».

Ce tract, distribué pendant le temps de campagne officielle, où ne doit être distribué aucun document auquel un concurrent n’aurait pas le temps de répondre, est un document mensonger, voire diffamatoire, tout entier fait de proclamations (en bleu) et de dénonciations (en rouge).

Sous le titre « François Hollande veut augmenter l’immigration en France », cette affirmation  : « François Hollande veut la régularisation des clandestins »

N’y a-t-il pas 30 ooo régularisations en France chaque année ?  François Hollande a dit en toute clarté que toute régularisation se ferait au cas par cas (comme maintenant) mais selon des critères explicites et connus de tous  (contrairement à maintenant) et que le chiffre actuel ne serait pas dépassé

Qu’est-ce que cette vilennie de plus, après l’affirmation maintes fois répétée par les responsables ump que François Hollande voulait la régularisation MASSIVE des sans-papiers ? Les voilà devenus des « clandestins ». Honte à ces bas usages de la langue.

Les 8 exemples à l’encontre de François Hollande pourraient être cités. Tous sont des mensonges et des insinuations. J’en cite deux autres :

« François Hollande fait le choix du communautarisme »

« François Hollande veut démanteler notre industrie nucléaire ».

Dans la ville du numéro 2 du Gouvernement, chef de l’UMP locale, voilà, à 3 heures de la fin de toute distribution, le premier document distribué issu de ce parti ; ceci  est vrai aussi pour l’immense majorité des quartiers de Bordeaux (on m’en donne témoignage à chacune de mes visites de terrain) mais je ne peux exclure qu’un document, ça ou là, ait pu être distribué.

J’ai honte. Honte pour celui qui a validé ce tract. Honte pour celui qui a validé sa distribution.

Honte pour cette pratique de la politique. Honte pour la France et pour Bordeaux.

« Bayrou n’est pas un socialiste »

« Je connais Bayrou, ce n’est pas un socialiste ». Juppé avait raison : si Bayrou était socialiste, il serait au PS.
Mais c’est un homme libre « non empêtré dans les contingences locales et les liens avec les exécutifs » (Philippe Ménard Modem).
Et surtout il refuse de cautionner le discours FN de l’ump et de ses responsables dans cette campagne.

Lui, Président

Euphorie sur le terrain ce matin. Presque trop. Les grincheux s’étaient sans doute cachés. Nous étions pourtant dans une rue où l’on compte d’ordinaire plus de figues que de raisins et où l’accueil à François Hollande est, disons, mesuré.

Il faisait beau, c’était sans doute ça. Une paroissienne -comme on disait autrefois- m’a hélée d’un trottoir à l’autre

– C’était bien, très bien. Bravo ! Continuez !

Un peu plus et je me suis sentie un instant la débattrice d’hier. Derrière une porte, une mine un instant triste comme un jour sans pain s’éclaire d’un coup :

– On va gagner ! Tenez bon ! Du courage !

Les mots exacts de François Hollande à Cenon quand il racontait tous les encouragements qu’il reçoit à tous moments. Le plus drôle étant « surtout, allez jusqu’au bout. Je ne crois pas que François ait eu jamais l’intention de s’arrêter à mi chemin.Pour tout dire, moi non plus, à qui l’on dit souvent les mêmes mots.

Retour chez moi. Une élégante de mon âge, très « champ de Mars », risque un « Soyez assurée que nous vous suivons ! »

La formule est plus ambigüe. Suivre, sûrement, mais jusqu’à quel bout ?

Ne boudons pas notre plaisir. On colle, on tracte, on porte-à-porte jusqu’à demain minuit.

Et 48 h après, on recommence !

 

Fière de Hollande

Fière de Hollande, tout simplement.
Toujours au plus haut de la maîtrise de soi-même, insubmersible parce qu’il a ce défaut si rare de croire en ce qu’il dit, toujours en éveil, à l’affût, désireux d’être aimable avant que d’être aimé et surtout connaissant chaque mot, chaque chiffre, de chaque dossier. Merci à lui.

« Il y a de saines colères »

Après avoir écouté le discours du Trocadéro, je voulais partir tracter.  J’ai marché un peu et puis j’ai pensé qu’il valait mieux que je DISE. « L’acte le plus révolutionnaire, c’est de faire  ce pourquoi tu es le moins mal fait »

Garcia Marquez, l’auteur de « cent ans de solitude », auquel on reprochait de ne pas avoir été dans les maquis. Il s’en excusait. Cette excuse, finalement d’une immense modestie, a toujours été dans le petit bouquet de ce qui m’aide à vivre. Je suis rentrée et je dis.

Traumatisée, violentée, par le discours de Sarkozy au Trocadéro, « je ne sais plus que dire ». La formule a deux sens : « je ne trouve rien à dire » et « je ne sais plus rien faire d’autre que dire ». Le deuxième est celui qui m’emplit.

On relira un jour ce discours. Pour sa forfaiture d’abord : citer Jaurès et faire huer le socialisme. Guaino, auteur du texte,  le sait sans doute : Jaurès n’est pas une station de métro, comment a-t-il osé une fois encore, dans un même discours écrire ces deux phrases qui s’offensent l’une l’autre : les mots mêmes de celui qui est mort pour la paix, et la dénonciation des socialistes. Honte à lui qui l’a osé !

« Honte à toi qui le premier m’a appris la trahison ». C’est Musset qui m’est venu quand Sarkozy embaucha en début de discours Lamartine à son triste service, moins inspiré je le reconnais quand il chanta la République que son âme souffrante au bord d’un lac. Mais plus que jamais, comme il y a désormais un véritometre pour les chiffres avancés par les politiques, je suggère un comité d’éthique pour l’utilisation des citations. Zut, c’est quand même cela aussi, non pas nos racines mais la pâte meme dont nous sommes constitués ! Les citations ne sont rien, l’esprit de ceux qui en furent les auteurs mérite un infini respect. Ces morts sont une part de notre vie et nous ne pouvons plus supporter de les voir malmenées, galvaudées, trainées dans le ruisseau boueux de cette fin de campagne.

Plus insupportable encore d’entendre l’hymne au patrimoine fait par Sarkozy et  la honte implicite à ceux qui n’en ont pas. Les larmes m’en sont venues aux yeux. Quoi, n’y a-t-il d’autre ambition, dans une France exsangue, que d’hériter ?

Je me méfie des meetings et de l’émotionnalité excessive qu’ils peuvent générer. De quelque côté qu’ils se situent. Pourtant, « il y a de saines colères » comme le disait Ségolène en 2007, et la mienne l’était.

Combien de Français hériteront d’un patrimoine supérieur à 100 000 euros, que Sarkozy qualifie de « petit »  pour évoquer la loi qu’il nous a fait avaler avec le paquet fiscal en août 2007 ? La proportion de ces « petits héritiers » était-elle la même dans les spectateurs du Trocadéro ?

Et l’entendre parler de « mérite » ! Oser cela aussi ! Pour lui même, je n’en parlerai pas, la justice tranchera. Mais pour son fils Jean, censé être promû à la tête de l’EPAD de la Défense, ce que j’ai été la première à dénoncer, quel fût le mérite,  autre que celui d’être né?

Tout cela m’a bouleversée. L’écriture, une fois encore, a remis en ordre ce qui devait l’être. Ce meeting qui devait être celui « de ceux qui ne réclament rien » (sic), a été celui de ceux qui ont tout. L’éternelle revanche des riches contre les pauvres.

François Hollande -et nous avec lui-  relèvera l’honneur des sans-patrimoine et de ceux qui ont d’autre ambition que d’hériter.

Ceux-là ont la véritable force.

 

 

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel