Avant-derniers meetings
« La traçabilité est un droit, l’étiquetage est une liberté ». Je dis bien « l’étiquetage est une liberté » et c’est de la viande halal qu’il s’agit.
Après Hollande en direct à Bercy, je m’oblige à écouter Sarkozy à Toulouse en différé. J’affronterai dès la semaine prochaine son premier soutien, numéro 2 de l’actuel gouvernement, je dois être parfaitement au fait de ce qui s’est dit à cet avant-dernier meeting que ce même Juppé introduisait avec mission de chauffer la salle.
J’ai rejoint le différé sur cette phrase « la traçabilité est un droit, l’étiquetage une liberté ». J’en ai été saisie. Je pourrais me réfugier dans l’humour, mais est-ce bien possible ? Sommes-nous bien dans l’élection présidentielle ? En arrivons-nous aux derniers meetings, ceux où l’on met toute sa foi, ses valeurs, et où il est question d’entrainer tout un pays, de lui donner de la force, mais aussi de lui faire percevoir son destin collectif ?
Sarkozy a choisi. Au delà de la viande halal dont il a fait l’effort de s’éloigner en deuxième mi-temps, il a choisi de mettre au coeur de son discours, les frontières. Là aussi, je dois répéter : les frontières, toutes les frontières, ce qui sépare, ce qui divise, ce qui protégeait -du moins le croyait-on en 14 ou en 40- , seules capable de sauvegarder « nos manières de vivre, notre gastronomie, notre langue » (je cite).
Que chacun mesure si la gastronomie est aujourd’hui un objectif primordial pour les 25% de Bordelais vivant au-dessous du seuil de pauvreté et les 8 millions de Français traités à même sort.
Quant à la langue, moi qui comme Camus pense que « ma patrie, c’est la langue française », est-ce que vraiment les frontières, à l’heure d’internet, ont le moindre rôle pour la défendre ?
Je sortais de l’appel exigeant de Hollande « au travail, à la dignité, à l’exemplarité, au rassemblement ». J’étais encore imprégnée de cet élan qu’il sait communiquer à un auditoire immense, bigarré, exigent, et au-delà à tous ceux qui l’écoutent, et je suis restée paralysée devant le bla-bla préchi-préchant de Sarkozy, ces « ils » et « on » méprisants pour parler de la gauche, ce petit rictus en fin de phrase qui lui sert de sourire ; cela ne m’a pas réjouie, cela m’a atterrée.
Tout mon élan est dans cette campagne. Pour que nous gagnions. Toute ma force, je la mettrai ensuite pour que nous réussissions.