Ce n’est pas l’Europe qui est mauvaise, mais la majorité de droite de chez droite qui la dirige. Et la couardise de ceux qui la critiquent, directement ou à mots feutrés, parce qu’ils ne veulent pas se déposséder d’une apparence de pouvoir sur le destin ou qu’au contraire, ils veulent se défausser de leurs échecs.
Maints exemples dans la campagne. Entre ceux qui menacent de sortir d’un de ses traités fondateurs (Schengen) et ceux qui promettent de la remettre au pas d’un coup de baguette idéologique, tous en réalité, accréditent l’idée qu’elle est à l’origine de tous nos maux alors qu’elle est LA seule chance et qu’en apparté tous le reconnaissent.
Sans elle, sans les valeurs qu’elle porte (démocratie + exigence sociale) qu’il faudra en période de crise être fortement unis pour porter et avoir encore la moindre chance d’exporter, nous serons un petit pays des Balkans, alors étendus à toute la pointe de notre continent euro-asiatique.
Quels outils pour cela ? Toujours les mêmes. Rendre sensible au coeur ce qui doit être en réalité notre plus grande ambition : réussir ce pari fou de faire travailler ensemble, dans une même direction, des pays divers, ne parlant pas la même langue et ayant souvent une histoire opposée.
La jeunesse est la cible la plus opérante. D’abord parce que sans le savoir, elle est déjà européenne et que pas un ado, pas un jeune adulte entrant dans la vie professionnelle qui imagine attendre aux postes frontières, devoir changer sa monnaie en dernière heure quand l’envie lui prend d’aller à Bilbao ou à Fribourg suivant qu’il habite à Bayonne ou à Strasbourg. Pas un qui ne considère que s’il a la chance de maîtriser une langue voisine et qu’il voit à Londres ou à Milan une opportunité de carrière, il est de son bon droit de s’y installer.
Un détail justement ; l’opportunité sera d’autant plus grande, le sentiment d’appartenir à cette Europe, inconsciemment déjà familière, si ce jeune maîtrise une des langues européennes et ceci d’autant plus si ce n’est pas l’espéranto-anglais de base que tous, partout, baragouinent. Peut-on concevoir que le traité constitutionnel de 2005 qui, à force de parler de tout ne disait rien à personne, ne contenait pas une ligne, pas un mot, sur les langues et leur enseignement ? Imagine-t-on qu’à Bordeaux, qui se prétend une capitale européenne, il n’y a d’école bilingue qu’anglaise et encore uniquement pour les élèves les plus jeunes ?
Et puis il faut fournir à cette Europe de grands projets qui la mobilise. La Défense européenne, bien sûr, plus stimulante pour l’esprit, et plus réaliste pr l’avenir, que de rejoindre l’OTAN comme l’a imposé Sarkozy.
Mais aussi de grands projets entre pays européens susceptibles d’être des facteurs de reprise de la croissance. Economie verte, axes de transport, projets de recherche … Ils existent mais sont très insuffisants en particulier dans le domaine économique. Nous restons concurrents (et en général pour la France, distancés) alors qu’il faudrait joindre nos technologie et les développer de concert.
Egalement un projet pour l’Afrique, notre continent voisin, dont le développement a une clef : l’électrification grâce à l’énergie solaire. Si les Européens ne s’y collent, à votre avis, qui le fera ?
Aucun de ces axes n’a été développé dans aucun programme. Hollande a pourtant donné la direction en s’arc-boutant sur la renégociation du traité de stabilité dit « traité de l’Elysée ». Il a d’autant plus raison que ce traité n’est pas ratifié et qu’en Allemagne, Mme Merkel ne peut le ratifier sans le concours du SPD allemand qui s’est engagé sur l’exigence d’un volet « croissance ». La presse française en a fait peu écho, c’est pourtant pour l’engagement pris par Hollande une garantie de succès. Tous les pays qu’on fait actuellement ployer sous le joug de la dette attendent cette rénégociation. Même ceux dont le gouvernement est à droite..
Une Europe sensible au coeur, sûre de ses valeurs, retrouvant industries et compétivité ou bien … des petits pays à vocation touristique qui auront à peine les moyens d’entretenir leur patrimoine.
Le choix est aussi cru. S’il y a une solution, il est sûr qu’il n’y en a qu’une et que c’est celle là. Le « rêve français » est d’abord un rêve européen.