Serais-je de ceux qui, en lieu et place du coup de collier final, prennent subrepticement de la distance avec leur héraut pour préparer l’échéance prochaine ?
Ceux-là ne sont guère dans le camp de Hollande, serais-je donc la seule ?
On appréciera au passage la balance racinienne de cette belle interrogation. Je ne m’écarte point en réalité; et peut-être au contraire, est-ce bien un Ministère que je brigue à mon tour. Je m’en explique.
Dans les dernières interventions de Hollande, un point m’a frappé. Que dis-je: un point ! Le manque en réalité de sa forme exclamative surmontant le dit point d’une goutte allongée et alerte.
Je m’honore de faire partie de l’Association de défense du point-virgule mais j’outrepasse ici les objectifs qui réunissent ses militants. C’est bien d’un point d’exclamation que je veux porter en haut lieu l’exigence, ralliant du même coup gaullistes et mitterrandiens.
Je dis régulièrement sur le terrain (et je pense profondément) que jamais de Gaulle, moins encore celle que l’on appelait avec affection « Tante Yvonne », ne voterait Sarkozy. Dans le corpus de mes raisons, la belle et légitimie progression par laquelle a toujours conclu le Général dans ses voeux comme dans ses discours :
« Vive la République ! Vive la France ! »
Le Général fut en cela suivi par Mitterrand. On ne s’en étonnera pas.
Le point d’exclamation n’est pas à l’ordinaire le fer de lance de mes combats. On en abuse aujourd’hui plus que raison. Il affaiblit, en en soulignant péniblement la volonté d’enthousiasme, nombre de déclarations.
Mais dans le beau duo gaullien cité plus haut, la séparation entre les deux phrases est indispensable. Elle souligne que ces deux grandes et belles dames à laquelle on souhaite vie sont deux entités également vénérée, également chéries, avec cependant une progression l’une étant une entité née de la raison (la République), l’autre construite avec la chair et le sang de générations qu’elles réunissent entre elles.
Eh bien, dans ses derniers discours, avouons-le, François, notre François, lui dont le prénom porte haut la sonorité de cette France qu’il s’agit de proclamer, a failli dans le travers chiraco-sarkozien :
« Vive la République ET vive la France ! »
Voilà nos deux déïtés dans un même sac, trop petit pour elles et qui tend à les assimiler l’une à l’autre. Voilà toute l’envolée du discours, sa montée par paliers, son culmen final, expédiés dans une formulation faite au contraire pour qu’un mot ne l’emporte pas sur l’autre et, en fin de compte, pour en diviser par deux l’importance. Lafontaine ne s’y trompait pas : « le corbeau et le renard » partage en deux l’intérêt de la fable à défaut du fromage qu’un seul emportera.
Je parlais d’un Ministère. Je ne fais pas mystère ici de mes intentions et vais de ce pas dépêcher mon billet sur le canal privé où se pressent ceux qui comme moi légitimement revendiquent reconnaissance.
C’est en effet celui du point et de la virgule qui mérite de m’échoir.