C’était les instituteurs du début du siècle dernier. Ils ont marqué leur siècle en plus de leurs élèves et malgré cette noirceur que l’on attribue à leur prestigieux uniforme, ils illuminent encore le nôtre.
Eh bien, ce sont les politiques qui doivent aujourd’hui endosser leur habit, retrouver et faire retrouver le sens de leur mission, plus que jamais utile, plus que jamais au coeur des enjeux de ce début de siècle-ci et, je n’ai pas peur de ce grand mot, de ceux de notre civilisation.
Les politiques élus de mai ou de juin prochain doivent être ces hussards noirs de la reconstruction de la France. Montrer, démontrer que l’honneur que cela représente de faire partie de ceux auxquels cette mission aura été dévolue l’emporte pour eux sur toute autre sorte d’intérêts ou d’ambition.
François Hollande doit dans les mois à venir, avant et après son élection espérée, faire changer radicalement le regard des Français sur la politique et sur les politiques. C’est une redoutable charge : il en fera toujours trop ou toujours pas assez. Proposera-t-il, il sera démagogue, se taira-t-il, il deviendra le défenseur des privilèges. On vient d’en faire l’expérience sur les médias sociaux.
Après cette risible pantomyme de Sarkozy « gelant » un salaire – le sien – qu’il avait préalablement augmenté de 172%, Hollande ne pouvait demeurer sans une réaction. Il l’a fait sur France2, rapidement, la déclaration sarkozienne ne méritait pas davantage : je diminuerai de 30% le salaire du Président.
Résultat : des broncas contradictoires et peu de satisfecit. L’un disant « 30%, c’est pas assez », l’autre « il ferait mieux de parler du salaire des Français. Quoi qu’il eût dit, ni Pierre, ni Paul n’auraient trouvé qu’il avait dit ce qu’il fallait et qu’il y avait consacré juste le temps que cela méritait.
Pour ma part et quitte à paraître soit ringarde, soit démagogue, mon avis est exactement celui-là : ce n’est pas un axe majeur de campagne, mais c’est un socle fondamental et nous devons tous, candidats et élus, y souscrire. Il y a beaucoup de symbolique dans toutes les mesures que nous avons à prendre, mais après quatre années où les symboles ont été enterrés sous le bling-bling du Fouquet’s ou de la chambre à 37000 euros nous devons lui redonner son sens.
Non, les indemnités des députés ne sont pas excessives. Non, les moyens qui leur sont alloués pour travailler n’outrepassent pas l’énormité de leur tâche quand ils veulent l’accomplir dans sa complétude. Ceci en particulier en l’absence d’un autre mandat. Mais tout ceci n’est pas lisible des citoyens, pas non plus égal entre les députés, et c’est d’abord cette transparence et cette égalité que nous devons établir.
Mais, pour ma part, j’irais volontiers plus loin : il faut donner signe. La réduction des indemnités, telle que Hollande l’a annoncée pour son salaire, la transformation de l’ « IRFM » (indemnité de fonctionnement), en une enveloppe budgétaire que le député ne gérerait pas et pour lequel il devrait faire des bons de commande, comme je le faisais à l’hôpital quand je voulais une photocopieuse, clarifierait les choses et éviterait autant les amalgames que tout risque d’utilisation abusive. Bien sûr, ce serait plus casse-pieds pour le député, mais sans autre dommage.
Précisons d’ailleurs à ce propos que c’est déjà le cas pour le crédit collaborateur : le député ne le gère pas, il décide tout au plus de sa répartition : collaborateurs en circo et/ou à Paris ; deux, trois, voire quatre collaborateurs .. J’avais à l’hôpital, outre des collaborateurs médecins, des secrétaires : nul n’a jamais pensé à confondre leur salaire avec le mien !
Je travaille en ce moment sur un sujet qui me tient à coeur et qui est sans doute le plus inacceptable, le plus opaque, le moins équitable, le plus mal justifié de ce dont dispose un député ou un sénateur : la réserve parlementaire. Comment la rendre égale pour tous, en réduire le montant au minimum (celui dont je dispose personnellement) et en rendre l’usage non discrétionnaire. Une loi ne le peut pas et, si mes objectifs sont clairs, les moyens d’y parvenir sont tortueux et incertains.
Je le dis tout de go, en me tapant sur l’épaule pour m’encourager : qu’il soit donné à cette génération d’élus qui va monter au feu en mai et juin d’être ces nouveaux hussards noirs de la République et qu’il me soit donné d’en faire partie.