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Un 5 ème Président à la CUB !

Quatre présidents en trente ans : Jacques Chaban-Delmas, Michel Sainte-Marie, Alain Juppé, Alain Rousset. Et depuis ce matin, un cinquième : Vincent Feltesse, maire de Blanquefort.

Un jeune président, élu pour les 18 mois qui nous séparent des élections municipales et qui rebattront les cartes, espérons-le plus que jamais en faveur de notre groupe. Vincent était seul candidat et Alain Juppé a déclaré avant l’élection qu’au nom des accords de cogestion, le groupe « communauté d’avenir » voterait pour le candidat socialiste.

Le score de Vincent est en effet excellent : 101 voix sur 120 votants (104 exprimés et 16 nuls). Devant ce jeune Président, de gros dossiers déjà empilés, en tête desquels le pont Bacalan-Bastide et le trajet de la future ligne du tramway.

Bravo Vincent !

Pour ma part, j’ai eu le plaisir de ce vote pour ma dernière séance à la Communauté Urbaine. Je vais démissionner de cette instance, et là encore, ce n’est pas sans un petit pincement de coeur. La CUB gère les dossiers décisifs pour la vie quotidienne des Bordelais et des habitants de l’agglomération. C’est un rôle difficile que celui de conseiller PS de Bordeaux, mais il n’en est pas moins passionnant.

Bon vent, Vincent, bon vent, Jacques, Daniel, Martine et demain Brigitte (Nabet) qui me remplacera.

Grandeur et misère du Sequano Nocéen en formation

Nous avons cet après-midi poursuivi l’examen des différents articles de la loi « Travail, emploi, pouvoir d’achat ». L’un d’eux est relatif à la défiscalisation des revenus des étudiants jusqu’à concurrence de trois smic.

Cette mesure n’est pas totalement mauvaise : elle peut en effet aider l’effort de parents peu fortunés dans le financement des études de leurs enfants. Mais elle est très loin de répondre à l’ensemble des situations et à la paupérisation globale des étudiants.

Par ailleurs, elle n’est aucunement liée aux conditions de ressources des parents. De manière inconsciente, Louis Giscard d’Estaing, chauve, dégingandé et l’air pas fini de son père au même âge, n’a rendu que plus manifeste le caractère un peu aberrant de ce non-plafonnement.

Du ton inimitable d’un Séquano Nocéen authentique, LGE a pris la parole pour défendre le caractère formateur et pour tout dire fondateur du travail étudiant. Non pas le fait d’étudier, mais de s’adonner à des tâches bien souvent matérielles dans le but d’en retirer un revenu et de se confronter ainsi aux dures réalités du monde du travail.

-« Moi-même, alors que mon père quand j’étais à cet âge occupait la plus haute fonction de l’Etat, je m’honore d’avoir éffectué des stages rémunérés.. »

Je cite la phrase mot pour mot. Le « Moâ même » était particulièrement réussi. On se doute qu’il a convaincu d’un coup les députés de la partie gauche de l’hémicycle qui n’ont bien sûr eu de cesse que de faire remarquer à LGE que s’il avait sans doute raison de s’en honorer, le fait que son père ne soit pas défiscalisé du montant de sa rémunération, ne l’avait pour autant nullement empêché de se former et de s’instruire, fût-ce dans l’âpre condition de salarié.

Car c’est en effet là le « hic » : la communauté nationale contribuera également aux études du petit Bolloré qu’à celles du fils du standardiste de l’une de ses 450 entreprises..

A propos, je ne vous ai pas dit ce qu’était un « Sequano nocéen ». Eh bien, tout simplement, c’est un habitant de Neuilly-sur-Seine où les nécessiteux sont nombreux et leurs fils, à l’instar de LGE, hautement désireux d’être soutenus dans leur formation et leur édification personnelle.

Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent

Premières prises de parole en séance plénière de l’Assemblée. Hier, en parole libre, en réponse au rapporteur général du Gouvernement, aujourd’hui pour présenter un amendement. Les deux sans crainte, ni émotion excessive : la médecine universitaire et ensuite Alain Juppé en Conseil muncipal m’ont excellement entrainé à ne pas craindre.

C’était hier à propos de ce que Christine Lagarde appelle la mesure phare de son TEPA (projet de loi Travail, Emploi, Pouvoir d’Achat) : l’extension et la défiscalisation des heures supplémentaires. Cette mesure est la plus coûteuse (au minimum 6 millions d’euros) et la plus défavorable du projet. On n’a pas fini d’en voir les conséquences sociales et on n’en verra jamais les conséquences sur l’emploi.

Mon intervention venait à la suite d’un amendement que nous présentions pour que les employés ne puissent pas être pénalisés en cas de refus d’éffectuer ces heures. La loi ne prévoit que des protections de détail : si le salarié a été prévenu trop tard, s’il a un empêchement majeur (santé ou impératif de formation) personnel ou familial. Notre amendement stipulant qu’il ne pouvait en aucun cas être sanctionné a été rejeté, comme tous les autres.

Ce rejet contrevient aux engagements de campagne de Nicolas Sarkozy qui étaient les suivants : je veux que quiconque voulant travailler plus pour gagner plus le puisse. Toute sa construction reposait sur cette libre volonté de la personne.

Or, il n’en est rien : le salarié ne peut ni refuser les heures supplémentaires, ni décider de se les voir attribuer. Il est commis d’office selon le choix de l’employeur et selon son carnet de commandes.

C’est le principe même de la promesse de Nicolas Sarkozy qui est contredit. Or la majorité UMP répète à toute occasion dans l’hémiciycle : nous avons été élu pour appliquer les engagements du Président de la République, et pour le faire rapidement. Suivent en général quelques paroles émouvantes sur le thême : en politique, il faut dire ce qu’on va faire, et faire ce qu’on a dit.

Ce fut l’objet de mon intervention de montrer qu’il en allait exactement du contraire. On se doute que seuls nos rangs ont applaudi.

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Un petit mot avant d’entrer en séance… J’ai planté mon ordi dans mon nouveau bureau, ma nouvelle maison presque puisque j’ai choisi d’y dormir pour raison de commodité. Le sort m’a joué un tour : c’était à la précédente législature le bureau d’Eric Besson et je suis présentement entourée des cartons où j’ai amassé tout ce qu’il avait laissé sur place.

C’est rigolo d’avoir des pleins tiroirs de papier à lettres « Eric Besson, député, groupe socialiste ». J’avais prié qu’on lui demande de déménager la semaine dernière. Il semble qu’il ne s’en soit pas donné la peine et que c’est la poubelle qui recueillera ces documents. J’ai aussi son ordinateur. Peut-être que comme celui du général Rondot, il recèle quelques secrets d’Etat ou de coulisses..

Voilà. C’était juste pour le plaisir d’un petit bavardage. La sonnerie alerte tout le bâtiment de la rentrée de la classe.

Une Marie-Chantal américaine

C’est une Marie-Chantal américaine, ou du moins américanisée, qui nous a présenté hier le projet de loi « Travail, emploi, pouvoir d’achat » ; c’est elle aussi qui l’a défendu cet après-midi lors de la présentation des amendements.

Je devrais dire qui le défend, car la séance a lieu en ce moment-même, je m’en suis absentée avant que la sonnerie qui rythme les séances comme une cloche d’école ait résonné.

Cette Marie-Chantal c’est la ministre Christine Lagarde, dont j’attendais plus d’engagement, ou plutôt un engagement plus profond, mieux argumenté, alors qu’elle nous a servi une leçon de morale façon XIXème siècle, revisité à la mode de wall-street. Christine Lagarde a « bon air », selon une expression qui m’est chère : silhouette contemporaine, sourire plaisant, allure rapide, et avec le parti pris favorable que j’ai bien souvent à l’égard des femmes, j’espérais qu’elle nous présenterait le plat indigeste de cette loi avec la vivacité qu’elle parait dégager.

Au lieu de cela, une légitimation complètement hors de saison du travail. Les amis du blog savent que cette valeur ne m’est pas étrangère, que j’y crois au plus profond de mes fibres. Dans ma campagne de 2004, et alors que personne n’en parlait ainsi, le plus gros chapitre de mes documents était consacré au « travail, une valeur de gauche ». Mais le travail qui me porte et que je veux porter est un travail qui émancipe, et un travail qui manifeste notre part dans le fonctionnement de la société. Ce n’est pas le travail de la période d’industrialisation du XIXème siècle, seul moyen d’accéder à des moyens de subsistance et si, j’ose dire, matière première du capitalisme débutant.

C’est ce travail-là que nous a servi Christine Lagarde, après un long bla-bla de condamnation de l’oisiveté « mère de tous les vices ». Non, elle n’a pas utilisé la formule, mais c’était le sens de toute l’introduction de son exposé et elle a eu cette formule incroyable « on pense trop en France. Arrêtons de penser, relevons-nous les manches ! »

Quel est donc ce travail qui est le contraire de la pensée ? Certainement pas le mien, qui en est la base, l’accompagnement et le prolongement.

Le travail de Christine Lagarde, c’est d’abord celui qui permet de produire plus. « Travailler plus pour produire plus », quel stimulant ! Plus grave encore, c’est celui qui parce qu’il produit plus, permet de gagner plus ! Le travail de Christine Lagarde ne permet pas de gagner plus parce qu’il permet d’avancer, de se former, d’apprendre, de réaliser. Non, c’est le sombre travail, la tache, qui grâce aux heures supplémentaires, permet d’améliorer la feuille de paye. Les travailleurs de Christine Lagarde sont des travailleurs payés à l’heure.

Pourquoi Marie-Chantal ? Parce que les exemples qu’elle a pris pour illustrer son projet de loi étaient tous issus de l’univers des Marie-Chantal contemporaines. De quoi s’émeut-elle? Des évadés fiscaux qu’on voit chaque vendredi sur les quais de l’eurostar quand ils rentrent de leur semaine à Londres. Qui veut-elle aider ? Et je garantis la vérité de ces exemples émouvants : les couples qui ayant acheté une maison de 800 000 euros et dont les héritiers ne doivent pas bourse délier. Mieux encore, ces mêmes héritiers, si leurs parents ont une maison d’un prix double (1 million 600 000 euros) qui grâce à elle n’auront à débourser pour hériter que 20 000 euros.

Pourquoi américaine ? Christine Lagarde était à la direction d’un cabinet d’avocats d’affaires à Chicago. Elle a l’assurance de métier, l’aisance un peu hautaine et jusqu’à l’élégance sobre des femmes en haut de l’échelle professsionnelle aux Etats-Unis. Elle n’a jamais été élue, jamais même confrontée au monde politique « de base » que nous représentons. Elle ne connait pas d’autres milieux que le sien. Où que l’on soit, c’est un des pires handicaps.

La loi sera votée, aucun de nos amendements probablement ne sera retenu. Treize milliards d’euros à la charge de l’Etat, qu’il faudra bien trouver quelque part.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel