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Maître et serviteurs

A la radio (France-info et ce matin France bleue Gironde), le beau lapsus d’Alain Juppé qui assure pouvoir demeurer maître -au lieu de maire- de Bordeaux.

Malgré la référence biblique, il n’est pas certains que les Bordelais voudront en demeurer serviteurs.

Au passage, et comme explication de la nécessité de sa double fonction locale et nationale, il ajoute « j’ai l’habitude de dire qu’il faut penser local pour agir global ». Ou l’inverse..

L’idée n’est évidemment pas d’Alain Juppé, mais du Pr René Dubos. On l’attribue souvent par erreur à Jacques Ellul qui aimait à la citer (« Penser globalement, agir localement). C’est décidément très Sarkozien de pêcher ses références à tout va, et plutôt chez les autres.

La passion durable d’Alain Juppé

J’ai appris la composition du gouvernement « sur le terrain », à la Benauge, dans un café où nous nous retrouvions avant d’aller à la rencontre des ? . Je ne sais pas comment s’appellent les habitants de la Benauge, et je demande de l’aide à qui le sait !

Ce n’est pas l’important ce soir. On avait beau être informés, savoir depuis longtemps qu’Alain Juppé aurait un poste clef et sans doute celui-là (numéro deux du gouvernement, ministre d’Etat, chargé de l’Ecologie, du Développement et de l’aménagement durables »), difficile de ne pas rester saisis par la dissociation entre son discours d’il y a moins de six mois, lors de l’élection municipale anticipée, et ce rapide retour aux affaires parisiennes.

Mon billet d’hier (« la passion de Bordeaux ») était prémonitoire. J’ai encore sur mon bureau le numéro de « Bordeaux magazine » que j’évoquais. Que n’avons-nous entendu pendant cette campagne : je veux me consacrer à « ma » ville, être maire de Bordeaux est toute mon ambition.

Pendant le temps même de la campagne municipale, Alain Juppé rendait visite à Nicolas Sarkozy et négociait son ralliement. Sa « passion de Bordeaux » n’était qu’une passade, qu’un Bordelais sur sept a entérinée en l’élisant.

Voici le texte du communiqué que j’ai adressé à la presse depuis la table de café de la Benauge :

Nous sommes aujourd’hui renseignés sur la contrepartie ministérielle au ralliement d’Alain Juppé à Nicolas Sarkozy

Sa nomination nous instruit aussi sur la nature de sa candidature aux élections législatives dans la 2ème circonscription de Bordeaux : servir de tuteur à Hugues Martin, vrai candidat et faux suppléant, mais aussi contourner la loi qui stipule qu’un suppléant remplace le candidat déclaré en cas d’empêchement majeur et imprévu.

Ce poste ministériel est sans doute majeur dans la carrière d’Alain Juppé, mais il est tout sauf imprévu.

Six mois seulement après le scrutin municipal anticipé, « la passion de Bordeaux », l’affichage de vouloir demeurer au milieu des Bordelais et se consacrer à leur service, sa nomination démontre que la seule passion durable d’Alain Juppé est sa carrière nationale.

Les Bordelais, le scrutin démocratique, sont une fois encore utilisés à son gré et à sa convenance personnelle.« 

« La passion de Bordeaux »

Ce soir, dans une brève furie de rangement en direction de la poubelle, je tombe sur la livraison de novembre 2006 de « Bordeaux magazine », le magazine municipal. On ne conserve jamais assez les vieux documents : ils sont toujours plein d’enseignements.

Dans ce numéro de novembre donc « Alain Juppé parle avec passion de ses engagements ». « La passion de Bordeaux », dit-il.. Ce fût en effet le thême de sa campagne municipale, et on se souvient du très seyant T-shirt décoré d’un coeur vert « Bordeaux à coeur » dont ont été emballés tous ses colistiers.

La passion est bien souvent un état éphémère… Moins de six mois ont passé, Alain Juppé retrouve sa « passion durable », qui n’est pas le développement du même nom, mais le pouvoir à Paris. Vice-premier ministre vaut mieux que vertu-premier Bordelais.

Il n’y a qu’un Rassemblement, c’est l’équillibre des pouvoirs

Nicolas Sarkozy a raison : il faut rassembler les forces de la France. Pour cela, il n’y a qu’une manière digne : c’est d’équilibrer les pouvoirs.

Oui, à des ministres de gauche, dans un gouvernement de gauche et d’ouverture, pour faire une politique de responsabilité et de prise en compte de chacun.

Cela est possible en assurant à l’Assemblée Nationale une majorité de gauche. Pourquoi, dans son discours d’investiture, que je viens d’écouter en partie dans ma voiture, ne pense-t-il au Rassemblement que sous la forme du débauchage et du ralliement ? Pourquoi, lui qui prétend respecter l’identité et l’histoire de ceux qu’il contacte dans cette période d’incertitude, n’envisage-t-il pas qu’ils puissent rallier le gouvernement par la grande porte, celle du suffrage démocratique ?

Plus que jamais : soyons forts et soyons fiers !

Mise en scène

Nouvelle « brève ». Mon emploi du temps étant ce qu’il est, j’aurais dû appeler cette rubrique « express ».

Première phrase de l’article de première page du « Monde » en date du 15 mai : « Nicolas Sarkozy met en scène l’ouverture de son gouvernement à des personnalités de gauche ».

Tout est dit. Nicolas Sarkozy se moque comme une guigne de la moindre parcelle de politique de gauche dans celle qu’il compte mener, en pur bêton Bouygues, garanti à la droite de la droite. Au contraire, il ne lui déplait pas d’enfoncer des coins dans notre groupe, de tenter de discréditer quelques unes de nos personnalités.

Nous ne pouvons pas revendiquer le béton Bouygues. Bouygues, Forgeard, Bolloré, dans le désordre, sont les chevilles patronales (à l’opposé des chevilles ouvrières) du système Sarkozy.

Mais nous devons revendiquer la cohérence, qui n’exclut pas des convergences avec des personnalités cherchant l’air là où il souffle (à gauche). Pas avec le gouvernement de Nicolas Sarkozy.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel