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Tour de force

Personne, personne au monde, ne pourra enlever à Nicolas Sarkozy le mérite d’un tour de force qui marquera l’histoire de la médecine et celle d’une des plus belles de ses spécialités. La presse n’en a pas suffisamment rendu compte : reconnaissons qu’elle passe quelquefois à côté de faits décisifs pour s’attacher à l’écume de l’actualité !

Au cours des semaines précédentes, le ministre de l’intérieur a réussi ce que personne, je dis bien personne, n’avait réussi jusqu’à ce jour. A l’hôpital Charles Perrens, lors de la réunion du Conseil d’administration, comme lors de la visite de François Bayrou dans cet établissement, nous avons dû, toutes tendances confondues, lui rendre cet hommage. Depuis des décennies, lui seul est parvenu à soulever en un mouvement unanime et solidaire toute la psychiatrie ! Je dis bien toute: psychiatres, psychanalystes, Jasperiens, Jungiens, néo-lacaniens, cognitivistes, comportementalistes, ceux qui pensent que c’est la société qui est malade comme ceux qui croient à la génétique ou aux neuro-médiateurs, tous pour la première fois de leur histoire se sont retrouvés, parlant d’une même voix. Il suffit de connaitre deux psychiatres pour mesurer l’importance du phénomène…

Cette union sacrée, unique en son genre, s’est faite à propos du volet santé mentale de la loi sur la prévention de la délinquance qui propose de faire du maire le pivot d’un dispositif répressif concernant en particulier les mineur délinquants. Il prévoit de plus la création d’un fichier des malades ayant fait l’objet d’une hospitalisation d’office (les « H.O. »). Ce qui assimile de facto les malades aux délinquants. Pas un psychiatre, pas un médecin de n’importe quelle spécialité qui pourrait accepter cette confusion et se ranger ainsi dans le rang non de ceux qui soignent mais de ceux qui fichent et qui répriment.

Les 3500 médecins psychiatres hospitaliers ont décidé de faire grève et de manifester contre cet amalgame inacceptable entre troubles mentaux et délinquance. Le ministre s’est plaint à la tribune de l’assemblée, nul ne sait sous quel prétexte, de « manoeuvres politiciennes » mais il a retiré ce soir les articles incriminés de son texte.

Disons le simplement : je suis doublement satisfaite. Un article indigne est retiré et il l’est sous la pression des médecins, qui démontrent une nouvelle fois* qu’ils ont pris la mesure de leur responsabilité dans la marche de la société.

  • voir aussi le billet du 15 novembre 2006

Petit billet du soir

Je rentre d’une réunion où étaient présents de nombreux blogueurs. Des élus qui ont presque tous aujourd’hui « leur » blog, des communiquants dont c’est le mêtier, mais aussi des citoyens et des personnes individuelles. Je fais une nuance entre les deux, car il me semble que certains ont une démarche politique au sens le plus fondamental de ce terme (s’exprimer sur la vie de la Cité) et d’autres une démarche personnelle (s’exprimer sur leur vie et leur vision de la vie). Plusieurs parmi les blogueurs de ce soir, plusieurs alimentent plusieurs blogs..

Quel prodige étonnant ! Ce nouveau mode de communication est apparu à un moment où il semblait tout à fait improbable : les conversations téléphoniques étaient entrain de remplacer définitivement la correspondance, les media du son et de l’image s’imposaient en maîtres. Et cette nouvelle forme est apparue, plus fluide, plus rapide que l’écriture sur papier, et pourtant une écriture véritable, que l’on peut reproduire et retrouver, qui a ses petits bruits (comme autrefois la plume sur le papier), que l’on voit avancer devant soi au gré des touches..

La très grande différence entre le mail ou le blog et l’écriture sur papier, 0 combien plus ascétique, c’est le temps. Le temps d’expédier la lettre, d’imaginer qu’elle parvienne, le temps de composer un manuscrit avant de l’ouvrir à un éventuel lecteur… Tout ce silence et cette attente qui séparent l’écriture de la lecture , que la correspondance électronique réduit à un instant.

Les bons comptes…

Le ministre Thierry Breton a du écouter hier l’excellente entrée en matière du discours de Ségolène Royal sur la dette publique. Il l’annonce aujourd’hui ramenée à 1100 milliards d’euros, alors que l’an dernier il reconnaissait qu’elle atteignait 2000 milliards d’euros. A ce point d’imprécision, on peut s’interroger et d’ailleurs, la cour des comptes épingle ses modalités de calcul. Les bons comptes devraient pourtant faire les bons ministres, surtout les ministres des finances.

Le taux de 64 % du PIB, qui fait de nous des champions toutes catégories,n’est pas remis en question. Les mesures annoncées hier devront se faire dans un contexte d’économies, de croissance et de redistribution. Nous le savons, nous devons le savoir et nous devons le dire.

Dimanche encore

Dans ma maison, un tout petit bouquet fait d’une vingtaine de violettes minuscules et de quelques feuilles trouées par je ne sais quels insectes. Leur parfum délicat se répand partout. Prodige que je n’ai pas pu résister à partager. Ce dimanche particulier s’assombrit, sa fin menace déjà. Une chanson de Greco disait « Je hais les dimanches ». Pas moi, ils sont (le plus souvent) ma chance de remettre pied à terre.

« Plus juste, la France sera plus forte »

Exercice difficile qu’un commentaire en temps réel du discours de Ségolène ; obligatoirement des impressions rapides, des oublis ou au contraire des choix particulièrement en phase avec ce que je veux défendre. Je m’étais promis cet exercice en entrant dans ce dimanche particulier. Essayons.

J’ai souffert les premières minutes d’un abus de généralités. Le discours n’est vraiment entré de plein pied dans la politique réelle qu’avec l’évocation de la dette publique (64% du PIB, 18000 euros par Français). Y a-t-il meilleur bilan du gouvernement en place ? Une place très importante donnée à l’économie sociale, couple étrange mais indissociable. Et une place encore plus importante donnée à la jeunesse, très présente dans la salle, très réactive, très en phase avec la candidate. Avec la proposition majeure de l’allocation d’autonomie pour les jeunes. Avec l’obligation d’un premier emploi pour les jeunes après 6 mois de chômage, et pour cela la création de chantiers d’intérêt national.

La politique de l’âge et les personnes âgées n’ont été abordées que par le biais des petites retraites, revalorisées de 5%. Avec une mesure simple, souvent demandée : le versement mensuel et non trimestriel.

Gros chapitre sur le travail et l’attention aux conditions de travail. Ségolène a en particulier mentionné que 25% des salariés travaillent debout en permanence et que chaque jour, surviennent 2000 accidents du travail. La sécurité sociale professionnelle permettant en particulier de ne pas passer par « la case chômage » si l’on veut par exemple créer une entreprise après avoir perdu son emploi.

Le chapitre de la santé a été surtout abordé pour la jeunesse, avec une très belle mesure qui est la gratuité des soins avant 16 ans. J’y aurais presque ajouté l’obligation des soins (en particulier des soins dentaires). Excellent mention aussi du renforcement de la médecine scolaire.

Dialogue social. Une mesure que nous avons demandé en forum (comme plusieurs de celles que je viens de citer) : l’exonération des cotisations syndicales et la création d’un crédit d’impôt pour les travailleurs syndiqués ne payant pas l’impôt. Plusieurs mentions de la « responsabilité sociale et environnementale des entreprises », dont j’ai parlé ici à plusieurs occasions, et qui doit être prise en compte autant pour nos achats que pour les aides publiques.

J’ai trouvé très forte et très juste la montée du discours vers la position et l’ambition internationale de la France et la grande place accordée aux relations Europe-Afrique. Quel candidat accorde autant de place à un continent « oublié » que seuls les Chinois investissent ?

Pardon de ces notes hâtives. Ségolène Royal comme François Hollande ont terminé en disant que c’était maintenant à nous de porter la campagne. Nous avons matière à être nous mêmes.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel