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Notule

A l’instant, aux informations matinales de « France cul' » , la citation d’un responsable américain « Il ne faut pas que le conflit irakien métastase à toute la région ». Alexandre Adler se félicite de la pertinence de la remarque.

Pas moi. Est-que journalistes, politiques ne pensent jamais, quand il utilisent des phrases telles que « le cancer de nos sociétés », aux centaines de milliers de français qui vivent avec un cancer et qui redoutent chaque jour, chaque heure, que ce soit leur corps qui ait à affronter le risque qu’encourt aujourd’hui le moyen orient ?

Comme on sait, une « notule » est une toute petite note. Le plus souvent, je les mets « hors ligne », le blog n’est pas tout à fait le « cahier », et il a une voix privée, hors micro, et une voix publique. Celle-là je la laisse sur l’écran. Peut-être servira-t-elle, sera-t-elle entendue et comprise par un de ceux qui ont une parole médiatique ou une parole publique.

Premier de l’an : la campagne est grande ouverte !

Premier de l’an : cette date, toute arbitraire qu’elle soit, mérite un instant de réflexion. Des voeux, bien sûr, mais qui sont aujourd’hui d’abord des volontés. « Voeux » sonne comme « veux » , de « je veux » ou « tu veux ». Les parentés de son ne sont jamais un hasard : l’amour/la mort/la mer.. Tant d’autres, dont la poésie s’est nourrie.

L’année 2006 et sa suite d’interrogations et d’erreurs, achevée par la faute majeure de la pendaison de Saddam Hussein (accrue encore, je ne l’ai découvert qu’aujourd’hui, par le choix du jour de l’Aïd el Kébir où les Musulmans fêtent, entre autres, le pardon) laissent mal augurer de lendemains qui chantent spontanément.

Je ne connais en ce cas qu’un recours, et c’est beaucoup plus qu’un recours : vouloir.

Pour nous tous, cette année est décisive. Pour nous, militants du PS, sympathisants, hommes et femmes désireux de changer nettement la direction de notre entrée dans le XXIème siècle et de porter un nouveau modèle de société, elle est plus décisive encore.

Quatre rendez-vous électoraux nous attendent. Nous ne sommes plus au temps de Churchill « nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ». Nous vaincrons si nous sommes les plus forts.

Dans les deux premières campagnes, présidentielle et législative, qui entraineront les autres, je vous invite à mettre toutes vos forces. Que la première raison de voter socialiste, de proposer une alternance crédible, ce soit vous. Mettre toutes ses forces, c’est disait Garcia Marquez « faire au mieux ce pour quoi on est le moins mal fait » . Prenons chacun une responsabilité et menons-là à bien.

Il n’y a pas de concurrence entre les deux campagnes, comme je l’entends ici ou là. Ce qui sert l’une sert l’autre. Il faut cependant veiller à ce que l’électeur, qui a souvent d’autres soucis que la politique au sens électoral de ce terme, puisse bien identifier qui mènera la bataille législative et dans quels domaines principaux d’expertise.

Beaucoup le savent, je suis candidate aux élections législatives à Bordeaux en face d’Alain Juppé. Cette circonscription, emblématique de Bordeaux puisqu’elle est la seule qui ne soit que bordelaise et qu’elle couvre harmonieusement ses deux rives, appartient à la droite depuis 1945. L’enjeu est difficile, un peu plus même, mais le gagner changera radicalement l’avenir de Bordeaux et mettra fin à ce monolitisme/monothéisme qui risque à la longue de faire de notre ville une ville obédiente et légitimiste. Nous gagnerons si nous somme les plus libres et si nous portons ce besoin de respiration et d’alternance.

Disons-le : si six cent voix ne nous avaient pas manqué aux législatives partielles en face d’Hugues Martin, Alain Juppé n’aurait pu imposer cette démission collective de sa majorité et ce retour anticipé à la mairie qu’ont plébiscité.. 25% des bordelais. Faisons mieux.

J’en rebats les oreilles de mes coéquipiers : soyons forts, soyons unis, soyons libres ! Nous gagnerons.

Ce blog va entrer plus radicalement en campagne. D’ores et déjà, il a un petit frère siamois https://www.michele-delaunay.net/campagne/* où nous nous retrouverons pour échanger tous les renseignements pratiques sur la campagne et pour débattre. Deux forums vous sont ouverts, choisis après lecture de vos commentaires et de vos contributions : l’éducation et cette écologie centrée sur l’homme qui notre urgence.

J’ai émis le souhait que celui des quatre forums départementaux participatifs qui se tiendrait à Bordeaux, soit l’éducation, au sens le plus large : recherche, formation, enseignement, carte scolaire.

Très bonne et très forte année ensemble !

  • vous pouvez me joindre directement en tapant sur « contact » ou sur mon mail privé michele.delaunay2wanadoo.fr

Les lapins blancs

Je connais beaucoup de belles histoires, et ce soir parce que c’est un soir merveilleux (il n’est pas merveilleux parce qu’il est merveilleux, mais parce que nous avons le pouvoir de rendre merveilleux ce que nous voulons ou presque), je ne sais quelle histoire raconter…

Il y a celle de Scheherazade, que le prince avait fait venir le soir, pour lui raconter une histoire justement, mais qui savait (est-ce qu’elle savait ? comment avait-elle deviné ?) que le prince était cruel et qu’il la tuerait au matin dès qu’il connaitrait la fin de l’histoire .

Alors Scheherazade commença une histoire qui n’a jamais fini, et peut-être est-ce cette histoire que je continue de vous raconter..

Il y a l’histoire de Sniegorotchka, la princesse russe dont Rimsky-Korsakov a fait un opéra. Ou celle de Neigeline, le petit flocon de neige (c’était « une » flocon de neige) qui était tombée amoureuse du soleil. En fait, c’est la même histoire, c’est un de mes mythes préférés parmi les histoires faites pour raconter le soir : Neigeline, comme Sniegorotchka, s’est approchée de plus en plus du soleil, et elle s’est évanouie et quand on voit un peu de brume autour du soleil, ce sont toutes les neigelines du monde que l’on voit.

Il y a une histoire quand même un peu plus sérieuse, c’est celle des lapins. Parce que je suis non pas « un homme sérieux » comme celui du « Petit Prince » qui compte des chiffres du soir au matin mais quand même une femme sérieuse..

A vrai dire, même des histoires de lapin, il y en a plusieurs. Il y en a une très belle et très triste, dans un très petit et très beau livre qui s’appelle « Des souris et des hommes ». Des souris, il n’y en a qu’une, mais des hommes, il y en a deux et c’est toute l’affaire. Et un de ces hommes, le plus fort, Lennie, tue la souris, et l’autre est obligé de le tuer à son tour parce qu’il sera trop malheureux s’il est mis dans une prison très laide où il n’y a pas de lapins à soigner et à nourrir. Car toute la vie qu’ils ont partagée, et cette vie était dure et pleine d’épreuves, le colosse innocent et très fort a demandé à son ami « Promets-moi qu’un jour on aura une maison..  » . Et chaque jour l’ami a promis. « Et que dans cette maison, il y aura des lapins, des tout petits lapins.. ». Et ce jour-là, parce qu’il va le tuer, il lui promet une fois encore : « Il y aura des lapins, et c’est toi qui t’en occuperas, qui les nourriras et qui les protègeras.. ».

Comme on voit, cette histoire n’est pas gaie. Toutes les belles histoires ne sont pas gaies, et peut-être que c’est même le contraire. Mais en tout cas, ce n’est pas une histoire pour attendre le premier de l’an.

La deuxième histoire des lapins est beaucoup plus contemporaine et c’est une histoire qu’on peut raconter quand on est une femme sérieuse, ce qui ne va pas sans obligations dans le monde des grandes personnes. Je la tiens d’un archevèque roumain, à vrai dire surtout connu pour avoir écrit un très beau livre avec un très beau titre « La vingt-cinquième heure ».

C’était dans le civil (le civil, c’est pour les gens sérieux, le monde où on n’écrit pas de livres et où on ne raconte pas d’histoires), un homme très important qui représentait son pays dans le monde entier. Pour cette raison, on l’invite dans un pays étranger, je crois bien que c’était l’Amérique, mais pas l’Amérique de GWB, mais l’Amérique avec une grande belle majuscule, comme quand on dit « c’est son Amérique à lui ».

Dans ce pays, en avance sur tous les autres pays, il visite un sous-marin atomique. Il examine les unes après les autres les salles de machines, les formidables computers, les écrans qui font des lumières partout, les manettes, les boutons rouges et secrets, le téléphone en liaison directe avec la Maison blanche et des tas d’autres maisons encore.. Il pose des questions savantes, on lui répond savamment, mais il n’écoute qu’à moitié, juste pour avoir l’air de tout comprendre et d’être impressionné.

A un moment, un officier, plus petit mais plus galonné que les autres et qui, sans ce détail, ne payerait pas de mine, l’attire dans son bureau. Le bureau est très grand, confirmation que l’officier à sa manière l’est aussi ; l’officier a compris que, malgré sa grande robe d’archevèque qu’il porte jusque dans les sous-marins, Virghil s’intéresse à des choses plus importantes que les téléphones rouges et les écrans de toutes les couleurs…

– « Venez, je vais vous montrer quelque chose que nous ne montrons à personne… »

Ils prennent tous les deux une petite cursive dérobée, une toute petite cursive, comme dans le sous-marin d’un tout petit pays. Au fond, un petit espace bien éclairé, et dedans une jolie petite cage avec dedans trois petits lapins blancs. Des lapins blancs comme dans les contes pour enfants, avec un poil doux et soyeux, des oreilles ourlées et doublées d’un fin velours rose, un petit nez rose aussi, sans cesse en mouvement, comme font les nez des lapins…

L’intérêt de Virghil Georghiu se ranime aussitôt

– « Mais que font-ils là ? A quoi servent-ils, dans un espace si étroitement compté ?? »

Alors l’officier l’attire près de lui, pour que vraiment personne ne puisse les entendre, ni les micros secrets du KGB, ni de la Guépéou, ni de tous ces trucs méchants, ni même l’écouteur rouge du téléphone rouge avec la Maison blanche..

– Vous savez, bien avant que les hommes ou les machines perçoivent que l’air est vicié, que quelque chose de mauvais risque d’arriver dans l’atmosphère, les lapins sentent tout cela, et ils s’agitent… Il suffit de venir les voir; sans eux, nous ne saurions rien ou nous le saurions trop tard..

Et Virghil Georghiu a ajouté : « Les artistes sont comme les lapins blancs. C’est pour cela qu’ils sont sur terre… » .

J’aurais voulu qu’il ajoute, lui qui était poète et politique à la fois, que nous sommes tous, que nous devons être comme les lapins blancs ; c’est mon souhait pour nous tous ce soir.

Ainsi pourrons-nous déjouer la cruauté des princes et écrire notre propre histoire.

Mort de Saddam (22)

J’ouvre mon ordinateur ce matin sur le visage de Saddam Hussein entouré de cordes (la page abonnés du monde qui s’affiche fidèlement sur mon écran quand je l’ouvre) et j’en ai la poitrine serrée. Bien sûr, il y a là d’abord une réaction émotionnelle. La peine de mort m’a toujours révulsée et ce fut sans doute mon premier engagement à l’époque de l’exécution tant de fois différée de Caryl Chessman. Le (la) proviseur du lycée n’avait guère apprécié mon prosélytisme et j’avais échappé à des sanctions pour des raisons qui n’étaient pas toutes bonnes. Dans les lycées de filles à l’époque on était assez loin des mouvements de masse !

J’ai pris cette tangente car je ne suis pas sûre de ce que je pense de cette exécution et je n’ai rien voulu lire des commentaires qui accompagnaient la photo. Saddam est une personnalité aussi peu recommandable que possible, un dictateur qui a envoyé à la mort tant d’humains qui le méritaient bien moins que lui, qui a torturé… Incontestablement, qu’un dictateur puisse être condamné est un progrès du droit international.. Tout cela est vrai.

Non moins vrai, le fait que c’est un tribunal irakien qui a condamné Saddam, et pourtant cette exécution me fait horreur. Je sens qu’il y a là quelque chose qui n’est pas bien, qui n’est pas la justice que je voudrais, qui participe de cette carnavalisation du monde que je déteste . Et puis, cela irrésistiblement me fait penser à ces condamnés que l’on exécutait en place publique, que l’on amenait en charrette, auxquels on bandait les yeux devant le public amassé là depuis l’aube … La place publique a pris la dimension du monde. Ce n’est pas plus horrible, mais c’est tout aussi horrible.

Je n’ai pas le courage de mettre cette photo qui m’a cueillie en début de matinée sur le photo blog, après mes sapins et mes images de fête. Demain, une nouvelle année commence. Que ce ne soit pas une année de barbarie.

L’aberration durable

Un exemple de ces enchainements aberrants produits par notre société. Il n’est ni le plus frappant, ni le plus aberrant, mais il est incontestablement de saison !

Les hivers sont moins froids et la neige plus rare. Nombreuses sont les stations dans tous nos massifs montagneux qui s’inquiètent : elles ont fait de lourds investissements, souvent au prix d’un endettement, embauché des saisonniers, et voient arriver la haute saison avec inquiétude. Réponse des plus entreprenantes : elles couvrent leurs pentes de neige artificielle pour ne pas décourager la venue des skieurs.

Monsieur le la Palisse ne dirait pas mieux : la neige artificielle n’est pas la neige naturelle ! Elle est grandement plus coûteuse mais elle est aussi rapidement plus dure et on la distribue, en raison de son coût sur des surfaces plus étroites, ramassant les skieurs sur des pistes réduites.

Résultat : le nombre et la gravité des accidents augmente. La dureté du sol, les bousculades en raison de l’affluence sur ces pistes réduites ont déjà fait leurs effets sur les pistes alpines : plusieurs morts et des traumatismes très lourds entrainant tétra- ou paraplégie. Les journaux allemands sont aujourd’hui plein de mises en garde : pas de ski sans casque, alerte aux secouristes… On prévoit dans le seul Tyrol, 17000 accidents graves pour les deux ou trois mois à venir.

Encore un exemple donc où l’on confie à la médecine (en l’occurence à la chirurgie orthopédique) ce que l’on ne sait/veut pas pallier autrement. Rien de critiquable dans le développement des stations de ski, dans les emplois qu’elles créent, malgré leur caractère saisonnier. Moins critiquable encore le fait que les skieurs soient infiniment plus nombreux que dans mon enfance.

Et pourtant, au lieu de dire : il n’y a pas de neige, mais vous pourrez marcher, faire beaucoup d’autres sports, on dit « mettez un casque » et on augmente le nombre d’orthopédistes dans les hôpitaux voisins des stations.

Je vais donner un autre exemple où l’aberration est beaucoup plus criante. Ceux qui me connaissent ne s’étonneront pas que j’aille le chercher dans le jeu. C’est un sujet que j’ai étudié plus que d’autres, mais surtout l’aberration y parait absolue.

L’addiction au jeu se développe en fonction de l’offre. Ce point qui parait simple est déterminant. Autrement dit, le nombre de cas pathologiques dépend en proportion directe du nombre machines à sous proposées et de l’amplitude horaire de leur mise à disposition. Je focalise d’emblée sur les machines à sous, car c’est de très loin le mode de jeu le plus addictogène. Elles se comportent exactement comme une drogue chimique, sans doute parce qu’en plus de l’enchainement jeu/espoir de gain/re-jeu s’ajoute une stimulation physique stressante elle-même génératrice de la sécrétion de neuro-médiateurs par le cerveau.

Tout homme sain d’esprit et ayant le sens du bien commun dirait : limitons le nombre de machines à sous et l’amplitude horaire, ne les plaçons pas à proximité des lieux où les cas de vulnérabilité sont les plus nombreux.

Là s’ajoute une notion nouvelle : la vulnérabilité ; elle est aggravée -tout cela est démontré par de nombreuses études issues des centres de recherche les plus prestigieux- par des conditions sociales difficiles, des tendances dépressives souvent liées à une estime altérée de soi, le chômage et/ou de faibles revenus…

Mais notre société n’est plus saine d’esprit, et les politiques qui peuvent (comme nous aussi d’ailleurs) influencer son cours ne savent pas édicter des règles simples. Cela commence pour l’environnement et nous connaissons des convertis récents au problème qui comme tous les convertis récents sont les plus grands prêcheurs. Ce n’est absolument pas le cas pour cette écologie centrée sur l’homme, cette « santé durable » , que je voudrais porter.

L’aberration vient maintenant : au lieu de prendre des mesures pour cette réduction du nombre et du temps de machines à sous, on demande aux chercheurs de chercher les facteurs de cette vulnérabilité. Les facteurs sociaux et sociétaux, on les connait, mais ils ne sont probablement qu’aggravants ou révélateurs. N’y aurait-il pas là-dessous quelque facteur génétique ?

Et l’on finance des instituts de recherche pour trouver le gène. On l’a d’ailleurs probablement trouvé, même s’il n’est probablement pas unique). Demain on financera d’autres instituts pour trouver la thérapie génique (remplacement ou destruction du gène coupable) permettant même quand on est pauvre et isolé de ne pas verser dans la dépendance. Dans l’intervalle, combien de suicides, de vies ruinées, d’hospitalisation en milieu psychiatrique que l’on aurait pu éviter.

C’est un résumé des aberrations de la société. Il pourrait être la base d’une parabole. Il suffit de diminuer l’offre pour diminuer le risque, mais diminuer l’offre c’est diminuer les profits des machines à sous .. Vision à courte vue. Les dégâts sont beaucoup plus coûteux que les profits et les personnes exclues du fait d’une addiction au jeu sont effroyablement coûteuses humainement mais aussi en terme strictement financier. Le raisonnement est le même pour la défense de l’environnement ; je n’ose pourtant espérer rallier ces nouveaux convertis dont je parlais.

Tiens, ce sera mon premier voeu de nouvel an !

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel