m

Blog de fille

Je m’avise que les blogs sont très majoritairement tenus par des messieurs, comme en réalité beaucoup de choses. Là, au passage, j’hésite entre « messieurs » et « jeunes gens » : s’il faut soutenir la parité, il faut aussi en alléger les manières sous peine de tomber dans un mortel ennui. Blog donc, blog militant pour que l’art du blog ne devienne pas un caractère sexuel secondaire. Blog de fille, parlant de tout et quelquefois de rien, ni blog politique pur et dur à la Buisson, mon honorable collègue et ami Libournais candidat aux prochaines législatives, ni blog publicitaire à la Juppé (« attendez-moi, j’arrive ! »), ni blog privé, le privé n’a jamais été la matière principale de mes cahiers. S’il y a une particularité de la vie des femmes, c’est sa dimension multiple, on peut presque dire hétéroclite devant la variété des taches, des occupations et des préoccupations sur la liste de chaque journée : « voir le fiscaliste, acheter des artichauts, réunir le conseil d’administration… ». « Voir le fiscaliste » est une citation d’Hélène Lemoine avec laquelle je parlais justement de cet encombrement multiforme des journées. Elle mit le fiscaliste en tête de liste.

Blog de femme donc, blog de fille pour poursuivre sur ce ton de petite dérision, dans ce sens de multiple, d’occupé de la totalité de la vie. Mes listes de journée, mes agendas en sont un exemple quasi parfaits, la médecine, le jour le jour, mes deux mandats, le PS s’en disputent chaque ligne . Je ne ferai finallement rien d’autre dans ce blog que développer l’une ou l’autre et y ajouter ce qui n’est sur aucun agenda et qu’on a dans la tête .

Nulle die sine linea

Cette fois, je me lance et je n’écris pas pour le cahier mais pour le blog. Je m’explique : depuis pas très loin d’un demi siècle (ça m’a pris tôt), je m’accroche à cette vérité qu’une ligne écrite est un instant gagné sur la fuite du temps, et je tiens cahier comme d’autres font de l’exercice, ce que j’essaye aussi par vent favorable. Les deux ont souffert beaucoup de mon immersion tardive dans la vie publique. « Pas un jour sans une ligne » , ce précepte si modeste et si difficile est devenu bien souvent « pas une semaine sans un bout de page.. ».

Et donc le blog. Moyen de lier le public non pas au privé, mais au pensé. Chance de parler pour de vrai, c’est à dire dans le silence, à ceux qui auront la gentillesse d’aller y regarder et d’en faire une conversation. Pour ouvrir le blog, je n’ai pas envie d’une dissertation, mais tout simplement de dire bonjour

Et c’est vrai que le jour est bon. Un dimanche d’été en ville, d’une calme tiédeur, devant une fenêtre ouverte sur le silence. Il n’y a que deux luxes en ce monde : l’espace et le temps. A l’instant, maintenant, j’ai un peu des deux devant moi.

Politique de la santé, santé de la politique

Sud Ouest, le 13 novembre 2002

Carte blanche à Michèle Delaunay
« Mettre la santé au cœur des décisions politiques ». Ce n’est pas une marotte de médecin, mais une manière, forte et adaptée aux véritables problèmes des décennies à venir, de voir, faire et dire la politique. Tout d’abord, la santé est tout sauf le contraire de la maladie :  « un état de bien-être physique, mental et social », dit l’Organisation Mondiale de la Santé. Un état d’autonomie de l’individu et de prise de responsabilité pour la société, a-t-on envie d’ajouter, mais cela mérite deux mots d’explication.

(suite…)

Séance gag (hier, 17 nov)

J’avais promis à un de mes contempteurs fidèles qui, sous divers pseudos, me rappelle régulièrement à mes devoirs de me garder, toute une semaine au moins, de remarques trop éloignées du pontifical sérieux qui doit être celui d’un élu de gauche.

Pour autant, la séance des questions d’actualité a donné lieu à un tel festival de gags que je ne résiste pas …

Premier épisode. Nous nous demandions entre députés girondins « Le fera-t-elle ? Ne le fera-t-elle pas ? « . Eh bien, elle l’a fait !

Elle, c’est notre collègue du Bouscat et de Bruges, Chantal Bourragué, qui la veille n’avait pas manqué de compatir à l’air jaune et bougon de notre nouveau Ministre de la Défense et des anciens combattants. Quoi, il n’avait pas parlé ! Quoi, en tant que numéro 2 du gouvernement, nulle réponse aux questions ne lui avait été confiée ! Il fallait intervenir d’urgence et apporter un secours local à celui qui secourait le Président !

L’un ou l’autre des deux, la parlementaire ou le nouveau Ministre, a pris son portable pour convenir d’une question que nous appelons « téléphonée » c’est à dire convenue entre les deux protagonistes. Ce qui fut dit fut donc fait et l’un et l’autre, d’un même élan, on lu bien convenablement, bien consciencieusement, la question et la réponse rédigées toutes les deux par les services du ministère .. Mais enfin, au moins a-t-il parlé !

Deuxième grand moment. Un député de droite, Dino Cinieri a voulu servir la même soupe au nouveau Ministre Fréderic Lefèbvre, ex-ex-porte parole de l’ex gouvernement Fillon. « Servir la soupe » est bien le mot puisqu’il l’a interrogé, selon le même procédé « Allo, Frederic, Allo Dino », sur la prestigieuse distinction dont notre gastronomie nationale vient d’être décorée. Sujet d’intérêt parlementaire s’il en est, qui mit notre député dans un si grand et beau lyrisme qu’il en vint à confondre « patrimoine de l’Unesco » avec « Patrimoine de l’humanité ».

Cassoulet toulousain, poulardes de bresse, lamproie bordelaise, c’est donc au patrimoine de l’humanité que vous venez d’être élevés dans l’hilarité générale. Le Président Bernard Accoyer, voulant rétablir un peu d’ordre, pataugeait lui-même un peu « Messieurs, écoutez le fond des questions ! »…

De fond, il n’y avait point et nous étions déjà dans la forme avec la réponse du nouveau Ministre Lefèbvre, cheveux frais coupés à la Borloo. Qu’allait-il bien pouvoir dire ? Sans sourciller, lui aussi y alla d’une tirade racininenne sur les artisans à qui l’on doit cette haute distinction. Et toc, lui aussi l’a fait: « Parce qu’artisan ça rime avec Art ! »

C’est alors qu’on a entendu, venant des derniers rangs et plus probablement du centre que de la franche gauche : « Et connard, ça rime avec quoi ? »

Même Harry Potter (Baroin) a esquissé un doux sourire …

Bla-bla, bricolage et rustines

Je viens d’écouter Fillon en live sur TF1 : s’il existait une taxe sur la mauvaise foi, sans aucun doute il serait hors-plafond.

Ce qu’il vient de présenter n’est ni un plan de rigueur, ni un éxercice de vérité. C’est une fois encore de la stratégie électorale, de la politique petit bras pour gagner du temps.

La palme des mesures annoncées, de loin pas la plus importante, mais la plus hypocrite est la taxe sur les boissons « avec du sucre ajouté » (je cite) supposée contribuer à la lutte contre l’obésité. Les ventes de coca cola « ordinaire » (=non light) et des autres sodas s’effondrent au profit de leurs homologues à l’aspartam. Les lobbies ont bien fait leur boulot : c’est les produits qui rapportent le moins que l’on taxe. Même chose en d’autres temps pour les médicaments dé-remboursés: c’est ceux qui ne rapportent plus rien qui sont sur la liste,et qu’on a opportunément remplacés par d’autres plus rentables.

Augmentation du prix du tabac. De combien ? Je prends le pari qu’elle ne dépassera pas 5%, seuil où une augmentation a un impact sur la consommation. Attendons.

La mesure la plus crade, faite uniquement pour la galerie et les gogos qui s’y trouvent ? La taxe en direction des « plus riches ». Elle est supposée rapporter 200 millions d’euros. A titre de comparaison, l’allègement de l’ISF que nous avons avalé il y a quelques semaines a coûté deux milliards d’euros au budget de l’Etat. Tout cela est à vomir. De même que les commentaires dûment sélectionnés par TF1: « Ah, c’est bien, que les plus riches payent ! »

Que les plus riches payent ??? Si vous gagnez 500 000 euros, vous devrez contribuer à hauteur de 15000 euros. On en rêve ! Où peut-on imaginer être moins taxé ? Même Berlusconi a fait mieux il y a quelques semaines.

Encore un chiffre, en regard de ces 200 millions : Air Sarko one et le renouvellement de la flotte présidentielle ont coûté 450 millions.

Les heures supplémentaires défiscalisées ? Elle vont rejoindre les avantages de la précédente loi Fillon (une défiscalisation progressive) pour les employeurs. On y touche sans y toucher, pour ne pas avoir l’air de se renier.

Baisse de la TVA sur la restauration qui, à elle seule, nous a coûté la moitié de ce que ce plan est supposé rapporter ? Touche pas à mon électeur ! On ne change pas une mesure qui n’a rien rapporté, sur aucun plan, hormis quelques adhésions à l’ump.

On ne sait où est le pire, le plus malhonnête, le plus couard. Finallement, c’est peut-être ce qui est le plus caché. Le projet de loi de prise en charge de la dépendance. « En accord avec Roselyne Bachelot, le gouvernement a pensé qu’il était opportun de différer ». Depuis 4 ans que je suis députée, de 6 mois en 6 mois, le projet a été constamment reporté. Qu’importe, me direz-vous ! Est-ce que l’espérance de vie n’a pas augmenté ? Les vieux ont le temps. On verra plus tard.

Rarement, au cours de mon mandat, j’ai ressenti comme une honte le manque de vision, de volonté et de courage de ce gouvernement. Les fanforonnades libyennes ne suffiront pas à soulager cette souffrance.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel