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Communiqué envoyé à la presse le 30 septembre 2009

Le 7 octobre prochain sera présenté à l’Assemblée nationale le projet de loi de légalisation des jeux en ligne (« Ouverture à la concurrence et régulation du secteur des jeux d’argent et de hasard en ligne »).

Le jeu en ligne, par sa facilité d’accès en toute heure et en toute place et parce qu’il s’adresse en premier lieu à un public vulnérable et inactif, constitue une des formes les plus addictogènes du jeu.

D’ores et déjà, les centres d’addictologie ne cessent d’accueillir de nouveaux joueurs pathologiques, en particulier des adolescents passant jusqu’à 15h par jour sur des sites de poker.

Si les jeux ont été jusqu’à ce jour exclus de la libre concurrence, c’est pour des raisons d’équilibre social et d’ordre public. Le PMU et la Française des Jeux, contrôlés de manière stricte par l’Etat et contribuant très largement à l’économie de la redistribution, en ont conservé le monopole au nom de l’intérêt général. Aujourd’hui, l’offre illégale s’est développée sur la toile et le gouvernement veut « légaliser » au lieu de sanctionner. Les opérateurs (y compris les sites illégaux) se régalent déjà du projet auquel ils ont fortement contribué, qui préfigure une explosion de l’offre de jeux et plus gravement encore une multiplication exponentielle des joueurs grâce l’accès à la publicité.

« Du pain et des jeux », voilà la seule réponse du gouvernement dans un contexte de crise économique et sociale, alors que de nombreux Français ont un faible pouvoir d’achat, sont endettés, et que le nombre de chômeurs ne cesse de croître. Un joueur sur deux est sans emploi et les risques de jeux pathologiques sont d’autant plus grands que les personnes sont fragiles, isolées et inactives.

Comme le montrent déjà les études scientifiques, la dépendance à l’écran facilite l’addiction et constitue un facteur de co-vulnérabilité et de dépendance multiple (le jeu à domicile aggrave le risque d’alcoolisme et de tabagisme).

Enfin, comment ne pas relever le paradoxe : d’un côté, on regroupe la santé et le sport sous une même enseigne ministérielle alors que de l’autre, on cherche à financer le sport par une activité économique qui représente une menace pour la santé publique!

Le gouvernement, prétextant une contrainte européenne dont le récent « Arrêt Santa Casa » a démontré le caractère fallacieux, place les intérêts financiers des opérateurs avant le risque social et humain. Le lobbying exercé en la matière par les actuels opérateurs et futurs investisseurs (ex. Bouygues et Pinault), pour certains proches du Président, n’est pas anodin.

Combien de vies vont être détruites en quelques minutes par des pertes pouvant atteindre 1000 fois la mise, par des endettements insurmontables ? Combien de familles seront explosées et de vies professionnelles détruites pour l’intérêt de quelques uns, pourtant déjà milliardaires ? Il serait aujourd’hui moins dangereux de couvrir de pavot tous les jardins publics de France que d’ouvrir à la publicité des jeux agissant de la même manière que les drogues chimiques.

Les Députées socialistes et médecins Michèle Delaunay et Valérie Fourneyron réclament le retrait de ce projet de loi, au nom de la santé sociale et de la santé publique.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel