Michèle Delaunay : « Etre députée c’est un métier »
www.aqui.fr,le 08 juillet 2008
Un an après son élection, la socialiste Michèle Delaunay reste pour beaucoup « celle qui a battu Alain Juppé », le maire de Bordeaux, dans la deuxième circonscription de la Gironde. Avec ce premier anniversaire, elle présente ce soir le bilan de son mandat. L’année a été bien remplie : installation à son nouveau poste, élection municipale derrière le candidat de gauche Alain Rousset, et pleine possession de son nouveau mandat. Michèle Delaunay entend maintenant affirmer son rôle aussi bien dans l’hémicycle qu’à Bordeaux.
Un an après son élection, la socialiste Michèle Delaunay reste pour beaucoup « celle qui a battu Alain Juppé », le maire de Bordeaux, dans la deuxième circonscription de la Gironde. Avec ce premier anniversaire, elle présente ce soir le bilan de son mandat. L’année a été bien remplie : installation à son nouveau poste, élection municipale derrière le candidat de gauche Alain Rousset, et pleine possession de son nouveau mandat. Michèle Delaunay entend maintenant affirmer son rôle aussi bien dans l’hémicycle qu’à Bordeaux.
Elle est partie de zéro. Après son élection comme députée socialiste de Bordeaux, Michèle Delaunay a quitté son cabinet de cancérologue, l’hôpital et un emploi du temps balisé pour un mandat à construire. « Depuis 63 ans, la deuxième circonscription était celle du maire, donc elle n’existait pas vraiment explique la députée. Il n’y avait même pas de permanence car les citoyens allaient directement voir monsieur le maire à l’hôtel de ville. » Michèle Delaunay a donc ouvert une permanence, fait mettre l’électricité et recruté des assistants. « Je me suis retrouvée brutalement à la tête d’une TPE, une très petite entreprise, et qui ne vend pas des chaussures mais des idées », glisse la députée dans un sourire malicieux. Le mandat de députée est un « métier » pour Michèle Delaunay. Elle explique que le travail législatif ne consiste pas à faire de nouvelles lois mais, la plupart du temps, à modifier, parfois de façon anecdotique, la loi existante. Ce qui suppose de maîtriser le processus législatif et le langage juridique. « C’est un travail très exigeant, commente-t-elle, et souvent très austère. » Elle fait la grimace en se souvenant des heures passées à comprendre le fonctionnement du budget, très intéressant une fois maîtrisé.
Combat difficile à Paris comme à Bordeaux
Ce travail est d’autant plus complexe pour une députée d’opposition. Michèle Delaunay raconte le rejet systématique par la majorité des amendements déposés par les élus de gauche, même lorsque les textes amélioreraient la loi. Exemple avec la loi sur le paquet fiscal : « Elle était censée faciliter l’accès à la propriété pour tous, riches comme pauvres. Donc si vous possédez le château de Chambord, vous serez aidé pour acheter celui de Versailles. Nous avons présenté un amendement qui prévoyait de donner un coup de pouce uniquement aux personnes qui achètent leur première maison. Proposition Rejetée. » Silence. « La vraie ouverture politique serait de considérer que l’opposition peut dire des choses intéressantes, lâche-t-elle avec ironie. De retour à Bordeaux, le combat est aussi difficile. « Alain Juppé est sourd à mes appels comme à mes mails. Je n’ai même pas d’accusé de réception », s’exclame Michèle Delaunay. Une situation impensable pour elle, dont le terrain d’action se résume à une ville dirigée par un homme de droite.
Son blog, son « bébé »
Michèle Delaunay veut pourtant faire de la députée un « grand médiateur ». Elle prend le temps de discuter avec ses électeurs dans ses permanences parlementaires. Elle n’hésite pas à réagir sur les sujets qui lui tiennent à cœur, au Parlement ou dans les médias. Son blog (2) participe de cette idée : Michèle Delaunay précise qu’elle prend quinze minutes tous les jours pour répondre aux commentaires. « C’est son bébé, personne d’autre qu’elle y a accès », confirme en souriant son assistante parlementaire à Paris, Charlotte Marsac. La députée le considère comme une sorte de « récréation », qui change du travail purement législatif. Les prochains mois promettent d’être chargés. Michèle Delaunay doit rendre un rapport pour avis sur le rayonnement culturel et scientifique de la France. Parallèlement elle assume sa fonction de vice-présidente du groupe socialiste sur la politique de l’âge, un sujet auquel elle est attachée et « qui ne se résume pas à la maladie d’Alzheimer », précise-t-elle dans un clin d’oeil. Elle veut aussi se pencher sur le droit du travail. Le gouvernement vient d’inscrire à l’agenda le vote de la loi sur l’offre raisonnable d’emploi pour les chômeurs, « fin juillet, quand tout le monde est en vacances, pour faire passer le texte en catimini. »