Nomination d’Alain Juppé à la tête d’une commission sur l’emprunt : explications et réactions
Libé Bordeaux, le 7 juillet 2009
POLITIQUE – Au lendemain de sa nomination par Nicolas Sarkozy à la tête d’une commission chargée de réfléchir à l’utilisation du futur emprunt national, Alain Juppé de retour à Bordeaux ce matin, a souhaité s’expliquer sur les raisons qui l’ont poussé à accepter cette mission. «J’ai toujours dit que j’étais prêt à servir mon pays» a rappelé l’ancien premier ministre. Interrogé sur son engagement auprès des Bordelais à qui il avait promis de rester fidèle, il a retrouvé sa casquette de maire pour rappeler qu’il était «assez exemplaire» et qu’il avait «refusé d’entrer au gouvernement» lors du dernier remaniement, précisant qu’une «commission ce n’est pas un travail à plein temps.» Interviewée sur France Bleu Gironde, Michèle Delaunay qui lui a soufflé son siège à l’assemblée en 2007 ne voit pour sa part dans cette nomination qu’un «lot de consolation pour quelqu’un qui était candidat à un maroquin ministériel.» La députée de Gironde enfonce le clou en ajoutant «qu’avec ces coups répétés, Nicolas Sarkozy organise ses nominations, un peu comme le mercato des footballeurs.»
L’ancien premier ministre qui va présider cette commission avec Michel Rocard se dit prêt à travailler main dans la main avec lui. «Je connais Michel Rocard depuis longtemps. Il vient de la famille socialiste, je viens de la famille gaulliste mais il y a un certain nombre de sujets sur lequel nous pouvons nous rencontrer.» Sur le fond de la question, Alain Juppé souhaite faire en sorte que «cet emprunt ne soit pas un emprunt de plus. Il s’agit de mobiliser l’épargne pour préparer l’avenir» explique t’il en précisant que François Fillon leur avait laissé un «très large champ d’initiative y compris sur le montant de cet emprunt.» Pour mener à bien leur réflexion les deux co-présidents ont déjà prévu de constituer un groupe de travail d’une quinzaine de personnes au maximum. Ils vont travailler sur les thèmes du développement durable, des nouveaux secteurs industriels, de l’agro-alimentaire ou encore de la formation. Une chose est certaine pour Alain Juppé, «cet argent ne doit pas alimenter les secteurs traditionnels de la dépense publique. Nous voulons nous projeter dans 20 ou 25 ans» Ludovic Freygefond, le vice-président socialiste délégué aux finances de la CUB se permet déjà de souffler quelques idées. «Pourquoi l’Etat n’utiliserait pas cet emprunt pour investir là où il se désengage actuellement ? Pourquoi l’Etat n’investirait t’il pas sur des projets porteurs de création d’emplois et de développement économique telle que la Ligne à Grande Vitesse ?» Les deux anciens premiers ministres ont jusqu’au 1er Novembre pour rendre leur copie.