Sarkozy, le Parlement, elles et eux
Sud Ouest, le 5 mai 2008
DÉPUTÉS GIRONDINS. Les onze parlementaires du département évoquent leur année à l’Assemblée nationale. Et commentent le premier mandat de Nicolas Sarkozy, élu à la présidence voici juste un an.
Michèle Delaunay (PS), Bordeaux
Quel a été pour vous le moment le plus fort de cette année parlementaire ?
Les premiers moments, sans doute. Et surtout le paquet fiscal. Cette loi susceptible de donner un choc de conscience et de croissance, personne n’y croyait même à droite. J’ai encore en mémoire le discours hallucinant de Christine Lagarde plaignant les pauvres banquiers français contraints de prendre l’Eurostar pour échapper au Fisc. Même des députés de droite disent haut et fort aujourd’hui qu’on leur a fait voter cette loi de force.
Avez-vous le sentiment de peser suffisamment sur le cours de la vie collective ?
Non, très insuffisamment. Pourtant, j’ai l’impression de me donner au maximum. Mais le gouvernement n’entend pas les parlementaires. Et ne prend en compte certains des amendements proposés que par accident. Par ailleurs, le travail de fond des parlementaires n’est pas assez relayé par la presse pour être compris par l’opinion.
Comment se sent-on un parlementaire girondin, au sens territorial comme historique du terme ?
Cette question me tient très à cœur. Nous allons essayer, au sein du groupe PS, de retrouver l’esprit de cette poignée de jeunes gens à la fois révolutionnaires et modérés que furent les Girondins. Ils furent en définitive les premiers décentralisateurs. Par définition, un député met en déclinaisons ses interventions nationales sur son expérience locale. Donc oui, je me sens girondine aux deux sens du terme.
Quelle est la décision de Nicolas Sarkozy qui vous a le plus marquée ?
Nicolas Sarkozy impose sous différents vocables une politique d’effort uniquement dirigée vers les classes moyennes et modestes. Pour moi, la grande marque du sarkozysme, c’est ce manque d’équité. La taxation des stock-options aurait pu rapporter 3 milliards d’euros. Ce manque d’équité du sarkozysme rend toute sa politique un peu odieuse, même ce qui n’est pas si mauvais.
NB : Cette interview est suivie, dans cette édition de Sud Ouest, par celles d’autres parlementaires girondins répondant aux mêmes questions.