Michèle Delaunay organisait hier soir chez Karl, un café-citoyen autour de l’anorexie mentale. Comment pouvons-nous en repérer les premiers signes et faire que les patients soient traités plus tôt? Que peuvent faire les pouvoirs publics? Ce sont les questions qui ont été posées à des spécialistes : le professeur Manuel Bouvard (service psychiatrie de l’enfant et l’adolescent), Brigitte Giraud (auteur et grand témoin), Marie-Hélène Garde (conseillère sociale), Florence Lamarque (formatrice en travail social).
En 2008, Michèle Delaunay était la seule députée PS à avoir voté la proposition de loi de Madame Valérie Boyer, interdisant les sites Internet faisant la promotion de l’anorexie. Mais deux ans plus tard, le gouvernement ne l’a toujours pas inscrite à l’ordre du jour du Sénat. Il est primordial de mesurer la gravité de ce trouble physique et psychique, qui concerne entre 300 000 et 400 000 jeunes femmes en France (et qui commence à toucher des jeunes hommes) car il provoque, au-delà de l’importante perte de poids, l’isolement et l’aveuglement de la personne qui en est atteinte. En plus de se couper de son entourage, celle-ci a une perception faussée d’elle-même. En conséquence, l’anorexie mentale est une maladie singulière et mystérieuse; elle s’enclenche généralement à l’adolescence et peut devenir progressivement un mode de vie, voire un trait de personnalité. Dès lors, une personne se considère anorexique et non plus atteinte d’anorexie. Il est donc nécessaire d’insister sur la prévention dans les milieux scolaires et associatifs, en faisant, entre autres, un travail sur l’estime de soi.