Palmarès de la Fondation Abbé Pierre : Bordeaux ne mérite même pas d’être classée
La Fondation Abbé Pierre vient de rendre public son palmarès annuel des bons et mauvais élèves de la loi SRU : les villes françaises y sont classées en fonction de leur effort en matière de logement social.
Or Bordeaux ne figure pas au classement des villes de plus de 50 000 habitants. La raison ? La Fondation Abbé Pierre estime que, malgré des « réalisations globales significatives », Bordeaux fait partie de ces villes qui ne financent pas de « véritables logements sociaux ».
En effet la Municipalité a fait le choix de remplir ses obligations légales en ayant massivement recours au prêt locatif social (PLS).
Fiscalement intéressant pour la ville, ce dispositif de financement implique des loyers plus élevés : pour un T3, le loyer d’un logement social dit normal est en moyenne de 568 euros mensuels en Gironde, quand il monte à 710 euros pour un appartement équivalent financé par un PLS. Les logements sociaux financés par la Mairie de Bordeaux sont donc inaccessibles au plus modestes, qui sont pourtant la majorité des demandeurs de logements sociaux.
Le plafond de ressources exigé pour une personne seule est également sensiblement différent : 1700 euros mensuel pour un logement social normal, 2300 pour un logement PLS. Les logements sociaux de Bordeaux sont donc accessibles à des personnes dont les revenus leur permettent de se loger dans le parc privé. La politique municipale confirme donc son choix de gentrification de notre ville.
Michèle Delaunay rappelle que 25% des Bordelais vivent actuellement sous le seuil de pauvreté, et que plus de 16 000 demandes de logements sociaux sont en attente sur la CUB. Dans ces conditions, elle s’interroge sur les choix politiques d’une municipalité qui préfère investir 55 millions d’euros dans un centre touristique du vin plutôt que dans des logements véritablement sociaux à destination de ses habitants les plus modestes.