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La loi 3A pour les nuls

J’ai présenté brièvement lors des questions d’actualité au Gouvernement le « design » de notre projet de loi sur l’avancée en âge et la prise en charge de la perte d’autonomie. Voici le texte de cette présentation :

« Nous ne pouvons méconnaître plus longtemps le bouleversement radical que constitue l’allongement de la vie et, vous l’avez noté, la réforme de la perte d’autonomie est d’ores et déjà inscrite dans la loi de financement de la sécurité sociale.

Et ce que nous allons faire, aucun Gouvernement dans aucun pays ne l’a jamais fait : une loi portant une vision globale du champ de l’âge de la sortie de la vie professionnelle à la fin de la vie.

Et c’est ainsi une loi complète en 3 volets, une loi  trois « A », que nous construisons dès aujourd’hui.

1er A : Anticipation et prévention avec la mise en place d un calendrier de santé permettant le dépistage et la palliation des petites pertes d’autonomie et des signes de fragilité. La dépendance n’est pas inéluctable, nous y pouvons quelque chose et c’est plutôt une bonne nouvelle.

2ème A / 2ème volet : Adaptation de la société à l’allongement de la vie: Adaptation des logements, de l’urbanisme, des modes de déplacement et tout le vaste champ de l’économie afférente

3ème A : Accompagnement des âgés qui en ont besoin,
-aide à domicile pour laquelle, dès aujourd’hui, nous débloquons un fonds de 50 millions d’euros.
-Diminution du reste à charge en établissement qui plombe trop souvent le budget des familles. Rappelons que le prix moyen du reste à charge en maison de retraite ou en EHPAD est aujourd’hui plus du double de la retraite moyenne d’une femme (les femmes sont largement majoritaires en établissement)
-Renforcement du personnel en établissement pour lequel, dès aujourd’hui aussi, nous engageons 147 millions de crédits.

C’est une grande cause pour notre gouvernement que la cause de l’âge. Plus n’est besoin d’épiloguer sur les cinq années de promesses et d’annonces du gouvernement précédent, qui n’ont abouti qu’à la décision de ne rien faire. Nous sommes au travail et nous vous en donnons les preuves ».

Le (2ème) prix de l’humour politique

Le prix de l’humour politique vient d’être attribué à l’ancien Ministre villepiniste François Goulard pour une déclaration qui, en effet, le méritait :

« On reconnait un ancien ministre à ce qu’il monte à l’arrière d’une voiture et s’aperçoit qu’elle ne démarre pas ».

Pour autant, François Fillon en a été de facto écarté et c’est regrettable. Un tweet de sa part, écrit hier dans la fièvre twitteuse de sa candidature à la présidence de l’ump, méritait au moins l’ex aequo :

« En France pour faire plus de 50% aux élections, il faut ouvrir largement les bras et attirer le maximum de Français derrière nous« 

On en conviendra, cela suppose d’inverser l’implantation des bras et le jeu des articulations. Au passage, ces Français en rangs serrés derrière lui n’évoquent pas vraiment la démocratie non plus que l’esprit d’équipe.

Ce François-là a du s’en   apercevoir qui a revu et corrigé son invitation au rassemblement dans un tweet qui vient de tomber à l’instant :

« En France pour gagner les élections il faut tendre les bras, élargir son discours politique et rassembler + de 50% des Français »

J’avais espéré un instant qu’espérant rivaliser avec François H, François F s’essayait à l’humour, ce remède à tous les maux, maux dont son parti est pourtant fourbu. Mais non, décidément, François F ne deviendra pas le « Monsieur petite blague » de l’ump. Cela demande un grand talent.

 

Le français est une langue africaine

Ouaouh ! ça décoiffe  pas mal d’entendre François Hollande ouvrir avec cette forte parole le sommet de la francophonie. Cela dans un décor assez désuet qui nous fait mesurer d’un coup la rapidité d’évolution des mises en scène et des images transmises par les médias.

La phrase elle-même a dû scotcher dans leur fauteuils pas mal de parangons du point-virgule et de l’imparfait du subjonctif. Je fais au demeurant partie des premiers, tout en restant très mesurée sur l’usage du second  qui me parait de voir relever du tact et de la mesure. Mais là n’est pas la question.

La phrase de Hollande est forte. D’abord par  sa vigueur, son caractère surprenant au premier abord et tout de suite après par sa signification politique. On est très loin de « l’homme africain qui n’est pas entré dans l’histoire » de Nicolas Sarkozy. C’est au contraire l’histoire de la France et son avenir qui mettent le pied en terre africaine.

Forte aussi par sa justesse. On le sait, le français est d’abord une langue latine mais le latin lui-même était sans doute bien davantage parlé en terre africaine que dans ce que nous appelons aujourd’hui l’Italie. Staline demandait « le Vatican, combien de légions ? ». On serait sans doute surpris de connaitre la réponse à la question « Le latin, combien de locuteurs africains ?

Comme on l’est d’apprendre que 80% des locuteurs français sont des Africains. Et c’est bien le point le plus aigü de la phrase de Hollande : l’avenir de notre langue se joue de l’autre côté de la Méditerranée. Qui l’avait jusqu’alors exprimé ainsi et qui en avait mesuré toute la signification ? Oui, l’avenir du français se joue là-bas.

Ce que Hollande a bien compris en ouvrant à plus d’étudiants sur notre sol, en les appelant à ce partage d’un même outil et à son utilisation pour la défense des droits et des libertés. Langue de la colonisation sur une part de son territoire, le français peut constituer pour l’Afrique une langue d’identité et de défense contre les appétits économiques et les hégémonies culturelles.

 

Critiques et ricanements

Je lis quelques pages des entretiens entre Edgar Morin et François Hollande et j’en partage presque chaque ligne. La partie Hollande en particulier, plus simple et mieux inscrite dans le réel.

Hollande a une vision, une conception de la politique et rien de ce qui a été fait au cours de ces derniers mois ne vient la contredire. Notre gouvernement fait ou fera des erreurs. Je porte trop haut l’esprit critique pour dénier à quiconque le droit de les dénoncer. Je suis au contraire écoeurée par ceux qui condamnent à tout va  et n’ont pas à leur propre égard cet esprit critique. Cette erreur qu’ils reprochent et qu’ils regrettent met elle en cause le sens de l’action, c’est à dire à la fois sa direction et sa signification ?

Bien peu s’en préoccupent. Nous vivons dans une société du tout à jeter, de la critique et de la condamnation immédiate, des grands mots appliqués aux petits faits. Ce que l’on reproche aux consommateurs au nom du développement durable, on ne prend pas garde de le voir dans la politique. Le « bashing » est non seulement frivole et inconséquent, il est dangereux.

Pourquoi ? Parce qu’il ruine toute chance de solidariser les Français dans un objectif qui devrait nous être commun, puisque notre destin l’est : redresser le pays tous ensemble.

On disait autrefois dans les leçons de morale de s’interroger à la fin de chaque journée sur ce que l’on avait fait de bien ou de mal. Je propose une variante citoyenne de cet noble éxercice : qu’ai-je fait récemment pour que l’argent public soit mieux utilisé ? Pour en éviter le gaspillage ? Pour contribuer à une amélioration des pratiques professionnelles ?

J’étais tout à l’heure à un colloque « Protection des majeurs » (=tutelles et curatelles). Ce secteur connait des difficultés particulières et je craignais qu’elles dominent la scène. Une grande partie de l’entretien privé que j’ai eu avec la représentante des mandataires -qui n’ont pourtant pas reçu leurs financements de l’Etat pour certains depuis des mois- a été centré par un sujet tout autre : « nous voulons contribuer à dégager des marges d’économie pour l’Etat ». Le nombre des personnes protégées augmente en effet considérablement du fait de l’allongement de l’espérance de vie général et de celui des personnes handicapées. Leur inquiétude est de pouvoir faire face dans des conditions éthiques et pour un coût non dommageable pour les finances publiques.

Posons nous tous cette question au lieu de « basher » à tort et à travers. Sur twitter, j’ai trouvé à mon retour de ce colloque ce commentaire « Michèle Delaunay se fait payer par l’Etat un week end au soleil d’Arcachon ». Sans importance, sauf qu’à un niveau quand même un peu supérieur en général, la volonté de discrédit fissure la confiance, la possibilité du partage de l’effort et sa compréhension.

 

 

 

 

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