« Bayrou n’est pas un socialiste »
Et surtout il refuse de cautionner le discours FN de l’ump et de ses responsables dans cette campagne.
Euphorie sur le terrain ce matin. Presque trop. Les grincheux s’étaient sans doute cachés. Nous étions pourtant dans une rue où l’on compte d’ordinaire plus de figues que de raisins et où l’accueil à François Hollande est, disons, mesuré.
Il faisait beau, c’était sans doute ça. Une paroissienne -comme on disait autrefois- m’a hélée d’un trottoir à l’autre
– C’était bien, très bien. Bravo ! Continuez !
Un peu plus et je me suis sentie un instant la débattrice d’hier. Derrière une porte, une mine un instant triste comme un jour sans pain s’éclaire d’un coup :
– On va gagner ! Tenez bon ! Du courage !
Les mots exacts de François Hollande à Cenon quand il racontait tous les encouragements qu’il reçoit à tous moments. Le plus drôle étant « surtout, allez jusqu’au bout. Je ne crois pas que François ait eu jamais l’intention de s’arrêter à mi chemin.Pour tout dire, moi non plus, à qui l’on dit souvent les mêmes mots.
Retour chez moi. Une élégante de mon âge, très « champ de Mars », risque un « Soyez assurée que nous vous suivons ! »
La formule est plus ambigüe. Suivre, sûrement, mais jusqu’à quel bout ?
Ne boudons pas notre plaisir. On colle, on tracte, on porte-à-porte jusqu’à demain minuit.
Et 48 h après, on recommence !
Fière de Hollande, tout simplement.
Toujours au plus haut de la maîtrise de soi-même, insubmersible parce qu’il a ce défaut si rare de croire en ce qu’il dit, toujours en éveil, à l’affût, désireux d’être aimable avant que d’être aimé et surtout connaissant chaque mot, chaque chiffre, de chaque dossier. Merci à lui.
Après avoir écouté le discours du Trocadéro, je voulais partir tracter. J’ai marché un peu et puis j’ai pensé qu’il valait mieux que je DISE. « L’acte le plus révolutionnaire, c’est de faire ce pourquoi tu es le moins mal fait »
Garcia Marquez, l’auteur de « cent ans de solitude », auquel on reprochait de ne pas avoir été dans les maquis. Il s’en excusait. Cette excuse, finalement d’une immense modestie, a toujours été dans le petit bouquet de ce qui m’aide à vivre. Je suis rentrée et je dis.
Traumatisée, violentée, par le discours de Sarkozy au Trocadéro, « je ne sais plus que dire ». La formule a deux sens : « je ne trouve rien à dire » et « je ne sais plus rien faire d’autre que dire ». Le deuxième est celui qui m’emplit.
On relira un jour ce discours. Pour sa forfaiture d’abord : citer Jaurès et faire huer le socialisme. Guaino, auteur du texte, le sait sans doute : Jaurès n’est pas une station de métro, comment a-t-il osé une fois encore, dans un même discours écrire ces deux phrases qui s’offensent l’une l’autre : les mots mêmes de celui qui est mort pour la paix, et la dénonciation des socialistes. Honte à lui qui l’a osé !
« Honte à toi qui le premier m’a appris la trahison ». C’est Musset qui m’est venu quand Sarkozy embaucha en début de discours Lamartine à son triste service, moins inspiré je le reconnais quand il chanta la République que son âme souffrante au bord d’un lac. Mais plus que jamais, comme il y a désormais un véritometre pour les chiffres avancés par les politiques, je suggère un comité d’éthique pour l’utilisation des citations. Zut, c’est quand même cela aussi, non pas nos racines mais la pâte meme dont nous sommes constitués ! Les citations ne sont rien, l’esprit de ceux qui en furent les auteurs mérite un infini respect. Ces morts sont une part de notre vie et nous ne pouvons plus supporter de les voir malmenées, galvaudées, trainées dans le ruisseau boueux de cette fin de campagne.
Plus insupportable encore d’entendre l’hymne au patrimoine fait par Sarkozy et la honte implicite à ceux qui n’en ont pas. Les larmes m’en sont venues aux yeux. Quoi, n’y a-t-il d’autre ambition, dans une France exsangue, que d’hériter ?
Je me méfie des meetings et de l’émotionnalité excessive qu’ils peuvent générer. De quelque côté qu’ils se situent. Pourtant, « il y a de saines colères » comme le disait Ségolène en 2007, et la mienne l’était.
Combien de Français hériteront d’un patrimoine supérieur à 100 000 euros, que Sarkozy qualifie de « petit » pour évoquer la loi qu’il nous a fait avaler avec le paquet fiscal en août 2007 ? La proportion de ces « petits héritiers » était-elle la même dans les spectateurs du Trocadéro ?
Et l’entendre parler de « mérite » ! Oser cela aussi ! Pour lui même, je n’en parlerai pas, la justice tranchera. Mais pour son fils Jean, censé être promû à la tête de l’EPAD de la Défense, ce que j’ai été la première à dénoncer, quel fût le mérite, autre que celui d’être né?
Tout cela m’a bouleversée. L’écriture, une fois encore, a remis en ordre ce qui devait l’être. Ce meeting qui devait être celui « de ceux qui ne réclament rien » (sic), a été celui de ceux qui ont tout. L’éternelle revanche des riches contre les pauvres.
François Hollande -et nous avec lui- relèvera l’honneur des sans-patrimoine et de ceux qui ont d’autre ambition que d’hériter.
Ceux-là ont la véritable force.
« La traçabilité est un droit, l’étiquetage est une liberté ». Je dis bien « l’étiquetage est une liberté » et c’est de la viande halal qu’il s’agit.
Après Hollande en direct à Bercy, je m’oblige à écouter Sarkozy à Toulouse en différé. J’affronterai dès la semaine prochaine son premier soutien, numéro 2 de l’actuel gouvernement, je dois être parfaitement au fait de ce qui s’est dit à cet avant-dernier meeting que ce même Juppé introduisait avec mission de chauffer la salle.
J’ai rejoint le différé sur cette phrase « la traçabilité est un droit, l’étiquetage une liberté ». J’en ai été saisie. Je pourrais me réfugier dans l’humour, mais est-ce bien possible ? Sommes-nous bien dans l’élection présidentielle ? En arrivons-nous aux derniers meetings, ceux où l’on met toute sa foi, ses valeurs, et où il est question d’entrainer tout un pays, de lui donner de la force, mais aussi de lui faire percevoir son destin collectif ?
Sarkozy a choisi. Au delà de la viande halal dont il a fait l’effort de s’éloigner en deuxième mi-temps, il a choisi de mettre au coeur de son discours, les frontières. Là aussi, je dois répéter : les frontières, toutes les frontières, ce qui sépare, ce qui divise, ce qui protégeait -du moins le croyait-on en 14 ou en 40- , seules capable de sauvegarder « nos manières de vivre, notre gastronomie, notre langue » (je cite).
Que chacun mesure si la gastronomie est aujourd’hui un objectif primordial pour les 25% de Bordelais vivant au-dessous du seuil de pauvreté et les 8 millions de Français traités à même sort.
Quant à la langue, moi qui comme Camus pense que « ma patrie, c’est la langue française », est-ce que vraiment les frontières, à l’heure d’internet, ont le moindre rôle pour la défendre ?
Je sortais de l’appel exigeant de Hollande « au travail, à la dignité, à l’exemplarité, au rassemblement ». J’étais encore imprégnée de cet élan qu’il sait communiquer à un auditoire immense, bigarré, exigent, et au-delà à tous ceux qui l’écoutent, et je suis restée paralysée devant le bla-bla préchi-préchant de Sarkozy, ces « ils » et « on » méprisants pour parler de la gauche, ce petit rictus en fin de phrase qui lui sert de sourire ; cela ne m’a pas réjouie, cela m’a atterrée.
Tout mon élan est dans cette campagne. Pour que nous gagnions. Toute ma force, je la mettrai ensuite pour que nous réussissions.
Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel