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MES: la perspective de la renégociation a primé.

Mardi 21 février, l’Assemblée Nationale a examiné le traité établissant un Mécanisme Européen de Stabilité (MES) ainsi que la modification de l’article 136 du Traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne permettant sa création.

Face à la crise de la dette, plusieurs Etats membres de la zone euro ont décidé de créer un fond de solidarité doté d’un capital de 80 milliards d’euros et dirigé par les ministres des finances européens, pour soutenir financièrement, et de manière préventive, les états en difficulté.

Le MES souffre certes de nombreuses insuffisances : – Il est lié au Traité budgétaire dont les socialistes demandent la renégociation. – Il n’a pas le statut de banque publique et ne peut donc être financé par la Banque Centrale Européenne. – Il implique, à terme, une forme de règle d’or que nous avons combattue.

La présentation de ce texte à cette période précise est à l’évidence un piège électoral dans lequel nous avons essayé de ne pas tomber. On ne peut, en effet, ignorer que la mise en place d’un mécanisme permanent de solidarité au sein de la zone euro a été indispensable à la stabilité et au soutien des pays en difficulté. Il peut être considéré comme un progrès par rapport au Fond Européen de Stabilité Financière.

Un point essentiel est que François Hollande a exprimé son engagement de renégocier ce traité qui néglige la croissance nécessaire au rééquilibre des comptes et impose un mécanisme automatique de surveillance sans intervention des Parlements. Il ne peut se présenter à la négociation les bras encombrés par notre vote. C’est le sens essentiel de l’abstention.

Le choix de l’abstention est une décision majoritaire de notre groupe et il a été demandé à chaque député dans cette période pré-éléctorale de faire bloc et de se ranger derrière la position la plus souhaitable pour notre candidat.

Pour ma part, je fais partie de l’équipe de François Hollande, et j’ai pensé de mon devoir de ne pas le gêner dans sa démarche, comme lui meme l’a souhaité

Un mail peut en cacher un autre

Sarkozy a écrit aujourd’hui aux Bordelais. Perso, un mail à presque chacun d’eux.

Pas banal, non ?

D’accord, je suis la première à être partiale : Bordeaux, comme dirait L’Oréal, « le vaut bien ». J’aime Bordeaux, non pas comme Sarko aime la France, 80 fois en 40 minutes -ce qui constitue quand même un record- mais parce que tout un tas de raisons que nous sommes nombreux à partager mais qui n’interessent que chacun de nous dans son faible intérieur.

Nos équipes remettent en ce moment en mains propres le petit volume parfait des 60 propositions de François Hollande. Pourquoi « en mains propres » ? Parce que c’est une manière pour chacun de nous de montrer que ce sont aussi NOS engagements, que nous y tenons, qu’ils sont clairs et précis et que tout au long du quinquennat, on pourra s’y référer ; et aussi que nous, les élus, nous aurons à en rendre compte.

Aujourd’hui donc, à Bordeaux, accueil « clivant », comme on dit maintenant. Et ceci pour chacun de nos militants. Au passage, je livre une traduction en français de tous les jours de « clivant » : « y’en a qui sont contents un max, y’en a qui le sont pas du tout ».

-« Vous savez, quoi ? » dit l’une des Bordelaises visitées. Je savais pas encore . Elle explique : « Le petit, il m’a écrit ! ».

« Le petit », c’était pas son arrière petit-fils, présentement en nouvelle-Zélande, mais Sarkozy. Je passe sur d’autres qualificatifs, moins strictement factuels pour désigner notre ex-vrai-faux-Président-candidat.

-« Et vous savez quoi ?  » . Je savais toujours pas : « Il m’a demandé de l’aider ! De l’aider, moi, qui le lui demande depuis 5 ans !!! Et il a fait quoi, depuis 5 ans, il a fait quoi ? Dites le moi ! »

Que pouvait-on répondre ? Pas méchante, je me suis tue pudiquement.

Et pourtant, reconnaissons-le, il y en avait aussi d’autres qui étaient contents : « Moi, Mâdame, j’ai jamais voté pour la gauche de toute ma vie ».

Réponse immédiate de ma part, sur le même ton relevé : « Monsieur, je respecte toutes les opinions, soyez-en assuré. « .

Mon umpiste paraissait presque déçu de ma bénévolence de bon ton. Pour autant, il crût de son devoir de persévérer:

– « Le Président Sarkozy, ce matin, m’a envoyé un mail, un mail personnel.. »

Fine mouche, je demande à mon tour : « Et je suis sûre que Monsieur Juppé, notre Maire, n’a jamais manqué à vous inviter, ni à vous consulter ? A vous contacter régulièrement ? N’en est-il pas ainsi ? »

Monsieur Juppé n’y a jamais manqué. Pour tout dire, je m’en doutais un peu. Et c’est même là que j’ai compris, tel Saint Paul sur le chemin de Damas, que comme pour les trains, un mail pouvait en cacher un autre.

Césarillon le doigt dans une mauvaise serrure

« Césarisme » rime dangereusement avec fascisme. Nous n’en sommes pas là, heureusement. Rien qu’ un flirt de circonstance pour notre Césarillon nouveau et son « appel au peuple ».

Il faut pourtant mesurer ce que veut dire ce recours direct au peuple et les personnages dont il fait souvenir. Mépriser les corps intermédiaires, c’est rejeter d’un coup les syndicats, les collectivités territoriales, les journalistes et la représentativité qui fonde notre système démocratique. Sarkozy met le petit doigt dans une serrure qui risquerait de se refermer sur ce peuple « qu’il veut retrouver ».

Sur le fond de cette formule « j’ai hâte de retrouver le peuple », il a au moins raison : le peuple, il l’a perdu depuis longtemps. Les villes potemkinisées et bouclées comme des coffre-forts quand il les visite, le public de militants ump -pire que dans les conseils de quartiers à Bordeaux- quand il prend la parole, les ouvriers sélectionnés selon leur taille dans les usines où il se rend, cela bride un peu la spontanéité du peuple et le contact direct.

Quant au mépris de la représentation nationale, y compris celle issue de son camp, nous en avons fait l’expérience chaque semaine à l’Assemblée : groupe ump obligé de se dédire de ce qu’il avait voté en commission, amendements retirés sur ordre de l’élysée, projets de loi qui ne parviennent jamais à la 2ème chambre, Premier ministre traité comme un collaborateur, c’est bien le césarisme d’un tout petit César que nous avons subi durant cinq années

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel