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Brève de campagne

Sur le terrain, dans le quartier de la Bastide, les engagements de François Hollande dans les bras.

C’est peu dire qu’au propre comme au figuré ces engagements pèsent lourd. Mais ce n’est pas l’objet de cet instantané.

Un résident d’origine espagnole prend le document des deux mains et l’embrasse. Un peu de surprise dans mon expression le fait s’expliquer :

– Vous vous rappelez, il y a quelques années, vous descendiez tous les deux la rue Sainte Catherine. Il est venu me saluer et en me serrant la main, il m’a regardé droit dans les yeux!

Il laisse passer un instant :

-Les politiques, j’en ai vu beaucoup. Jamais qui regardent en face.. Sûr que je voterai pas pour un autre.

Pas de force sans confiance

Un Président narcissique a posé hier la question « Que penserait-on d’un Capitaine qui quitterait le navire quand il affronte une mer difficile ? »

Mais ce n’est pas la question. La vraie question aux Français est celle-ci : « Referiez vous une croisière avec le capitaine du Concordia et son équipe ? »

Chacun répondra et il en aura bien vite l’occasion. Les référendums-gadgets faits pour masquer le bilan catastrophique du quinquennat ne comptent pour rien face au référendum majeur que constituent les 4 tours de l’élection présidentielle : deux tours pour le Président, deux tours pour lui donner une majorité et un gouvernement.

L’important, bien sûr, n’était pas l’annonce, il n’y en avait pas, mais la présentation elle-même. Nicolas Sarkozy a fait comme on lui a dit de faire et paradoxalement, alors qu’il est le Président sortant, a mis ses pas dans les pas de François Hollande : plus posé, un poil moins grimaçant. Malheureusement pour lui, il n’a ni le charisme, ni le naturel, ni le sourire de Hollande. Ce dernier point n’est pas un détail : le sourire, c’est l’homme. Les Français compareront.

Alain Juppé a pieusement exprimé que « Nicolas Sarkozy était habité par le sens de sa mission ». Tout à fait entre nous, plus langue de bois c’est difficile, et cela m’a fait penser à Carla minaudant un jour de 14 juillet « mon mari est habité ». Eh bien, non, il ne l’est pas. Il n’est habité que de lui-même, s’agitant dans un costume trop grand, paraissant en permanence essayer d’en placer les coutures au bon endroit. Comme Sarkozy, je crois en le peuple et le peuple n’a plus confiance ; et si le slogan de Sarkozy est bon « La France forte », la personnalité de celui qui prétend l’incarner le ruine : il n’y a pas de force sans confiance.

La France ne sera forte que si les Français le sont et ils ne le seront que s’ils ont confiance. Ce que leur Président ne leur a pas donné hier, le candidat a bien peu de chances d’en trouver aujourd’hui les clefs.

TVA Sarkozy, question d’actualité au gouvernement

Monsieur le Premier Ministre

En cinq ans, le Président qui avait promis de ne pas augmenter les impôts a organisé une véritable hémorragie fiscale à l’encontre des classes moyennes. Des franchises médicales à la taxe sur les mutuelles, ce sont 40 taxes qui se sont ajoutées à l’envolée des prix du gaz, de l’électricité, de l’essence et des produits alimentaires.

Cette politique de ponctions répétées trouve aujourd’hui son couronnement avec l’augmentation de la TVA, l’impôt unanimement reconnu comme le plus injuste parce qu’il impacte les revenus d’autant plus fortement que ces revenus sont faibles : 14% du revenu d’un salarié payé au smic, 5%, trois fois moins pour les hauts revenus.

Les premières victimes de ce nouveau prélèvement seront les chômeurs, les retraités, les bas salaires.

Il faut que les Français sachent que votre projet de loi n’est qu’un habile transfèrt sur la consommation des ménages des cotisations familles versées par les entreprises.Et ce sont ainsi les classes populaires qui vont ainsi financer les prestations familiales des plus riches.

Comment pouvez-vous pratiquer à ce niveau la politique du pire à l’égard du peuple, ce « peuple » dont on nous annonce qu’il va servir d’alibi à la déclaration de candidature présidentielle.

Alors nous vous le disons fortement : nous ne prêterons pas la main à une injustice aussi flagrante, un ce baroud de déshonneur et de dernière heure.

Et nous porterons à ses côtés ce qui sera une des premières mesures de François Hollande: de revenir sur cette loi et de faire de la fiscalité un instrument de justice sociale et non, comme vous le faites, son exact contraire.

Emmanuel Kant, Sarkozy et les valeurs

Homme de haute culture, Nicolas Sarkozy sait qu’il faut « bien penser pour bien faire ».

Cet adage, multiplement traduit, diversement compris, constitue un des premiers slogans politiques en faveur des « Valeurs ». Tout ancien qu’il fût, il n’a pas échappé au petit Nicolas ni à ses équipes.

Nous ne pouvons agir sans avoir quelque raison pour cela, et plus profondément encore, nous ne pouvons agir sans penser que ces raisons sont bonnes et qu’elles peuvent, voire qu’elles doivent, être érigées en principe de toute action.

Kant bien sûr. Ce qu’il n’a pas dit pourtant, mais il aurait dû : tout homme politique pour être compris doit être capable de dire ce qui l’anime et de mettre son action en perspective de ce qu’il énonce.

Travail, responsabilité, autorité, famille, un poil de laïcité, non pas positive mais sélective, voilà donc ce qui fait courir Sarkozy. Des esprits chagrins diront : ce ne sont pas des valeurs, mais des mots clefs. D’autres plus chagrins encore, ajouteront que ces mots sont assez éloignés de notre belle triade républicaine. Seule la laïcité figurerait utilement comme 4ème mousquetaire au fronton de nos bâtiments publics mais il n’est alors pas certain que les propos du Président sortant au cours de son mandat viennent y satisfaire.

Le travail, instrument d’équilibre et d’épanouissement personnel pour la gauche, a été réduit par ce même Président en 2007 à un moyen de « gagner plus ». Il est aujourd’hui, encore plus gravement, réduit à son coût, qu’il s’agit de diminuer et de diminuer encore, ce qui ne parait pas le plus sûr moyen de le valoriser et de le mieux considérer. « Tout ce qui peut alléger le coût du travail, récompenser l’effort, faire la différence avec l’assistanat, doit continuer à être mis en oeuvre systématiquement » : la logique de la phrase échappe complètement. Est-il question des salaires faramineux des managers de grands groupes qui ont radicalement, douloureusement, dévalorisé le travail de tous les salariés? Que peut penser un ouvrier au smic de la valeur de ce qu’il fait quand, au bout de la chaîne son patron gagne 500 fois son salaire ?

De « responsabilité », je n’ai trouvé trace dans l’entretien « accordé » au Figaro magazine et je n’ai guère le coeur à commenter plus avant ce qui n’est qu’une inscription dans les pas du discours lepéniste. Pour autant, le texte mérite d’être lu parce qu’il est au contraire de ce qu’il affiche et qu’il ne dessine aucune vision ni de la République, ni de la place de l’humain dans cette République. C’est une conversation de dîner en ville entre élitocrates de l’argent et du pouvoir.

Et pourtant des « valeurs », des raisons de penser que les décisions prises sont bonnes, qu’elles vont quelque part, que les efforts demandés ont un sens, il nous en faut. Si le discours du Bourget a si fort marqué les esprits, c’est qu’il en a dégagé deux, l’égalité et la justice, qui l’une et l’autre ont totalement fait défaut au cours des années précédentes.

Je crois que François Hollande gagnera parce qu’il sait susciter la confiance et qu’il sait la porter à un niveau suffisant. Et je crois que nous gagnerons, au delà même des élections, si nous rendons visibles, si nous incarnons, les principes de notre action. Le vieux Kant avait raison.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel