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Hollande 2012

Dans mon billet juste précédent, j’exprimais que la qualité d’un discours se mesurait à l’aune de la force qu’il donnait à ceux auxquels il était destiné. Le discours de François Hollande au Bourget, de ce point de vue comme de tous les autres, est alors de tout premier niveau.

Peu de politiques, de gauche comme de droite, ont cette force de donner de la force. C’est une qualité essentielle, c’est une qualité exceptionnelle. Et dont le fondement, très simple, est peut-être d’être soi-même et d’être auteur en même temps que porteur du discours.

Après un « brain storming » avec son équipe la plus proche, François Hollande a écrit lui-même ce discours, de la fibre dont il est construit, de la main qui est la sienne. Il ne pouvait en être autrement de sa part. A La Rochelle, sur le terrain, je l’ai écouté maintes fois : jamais il n’a été autrement. Pas toujours peut-être à ce niveau exceptionnel du Bourget, mais toujours si généreux de lui-même que cet élan qui ne tient pas qu’au choix des mots ni à la force de la langue se transmettait à ceux qui l’écoutaient.

« L’homme politique le plus doué de sa génération ». Les mots sont de Ségolène Royal et ils sont vrais. Qualités humaines, attention à l’autre, courage, détermination, et en plus de cela intelligence, vive, pétillante, joyeuse, amicale, François est doué, doté. L’intelligence, que j’ai placée en dernier, n’est qu’un outil au service des qualités placées avant elles, mais reconnaissons que quand elle manque, le cerveau, ce spectateur pincé dès qu’il n’est plus acteur, a du mal à adhérer.

François a tout cela et le discours du Bourget vient une fois de plus de nous le montrer. Amical, selon sa nature, magistral selon la mission qu’il s’est assignée. J’ose à peine dire : comparez avec la lecture des discours de Guaino par Sarkozy. La voix, le stimulus d’être en haut de l’affiche, ont un instant (trop long) fait illusion. La voix, le parler, se sont « remplis de craie » comme disent les Allemands parlant du grand méchant loup voulant séduire le petit chaperon rouge et plus personne ne trouve ni plaisir, ni force à écouter Sarkozy. Mais ce n’est déjà plus la question.

Un petit amusement pourtant : imaginer, en ce moment même, la cellule riposte de l’Elysée plancher sur les éléments de langage à distribuer aux Ministres, aux élus et jusqu’aux préfets pour dénigrer le discours de Hollande. Heureusement, la plupart de ceux- là sont déjà chauves.

La question n’est pas non plus : François peut-il gagner ? Elle est aujourd’hui une affirmation : il doit gagner. Lui seul, lui seul peut rendre palpable ce désir, cette exigence de nous mobiliser tous pour reconstruire notre pays, lui faire retrouver, non le rêve (je suis des grincheux qui ont critiqué le mot), mais la force de prendre chacun notre part de responsabilité pour redonner toute sa grandeur, non seulement à la fonction présidentielle, mais au rôle de chacun de nous.

Abbé Pierre : cinq ans déjà

Sur le perron de la cathédrale de Paris, où tous les gens influents de France étaient réunis pour se recueillir après la mort de l’abbé Pierre, un de ceux qu’il avait choisi pour compagnon a eu, devant les caméras, ces paroles :
– « je ne suis pas très croyant, surtout du côté de la religion.. Mais là où il est, j’espère qu’il est bien »

Une anecdote parmi d’autres, ce matin dans une atmosphère de petit gris, tristounette et pluvieuse, comme novembre normalement s’en réserve l’exclusivité. Ce « je ne suis pas très croyant, surtout du côté de la religion » est une parole admirable que chacun mériterait de méditer et que quelques uns- dont moi- partagent sans s’en réjouïr.

La grande force de l’abbé Pierre fut de les réunir, sans distinction d’aucune sorte avec ceux qui croyaient en Dieu comme avec ceux qui n’y croyaient pas, en un mouvement inqualifiable autrement que par le mot de « fraternel ». La grande qualité des paroles du Président d’Emmaüs Gironde, Pascal Laffargue fut d’en restituer la force, la générosité, le bouillonement, la spiritualité en même temps que l’intelligence irrévérencieuse et taquine. Je me fais une régle de mesurer la qualité d’un discours à une seule aune : ceux qui l’ont écouté en ressortent-ils plus forts, mieux armés, mieux assurés dans le meilleur de ce qu’ils croient, qu’ils y sont entrés ? A cette aune, le discours de Pascal était un grand discours.

Les paroles de « l’abbé » y servaient de pierre blanche, non comme des citations, mais comme des paroles structurantes de la pensée de celui qui les prononçait. Cinq bougies venaient d’être allumées à côté du pupitre, tout le monde était en cercle, sous une tente, quelque part dans le quartier de Baccalan dans un décor un brin sinistre de hangars squattés et de friches industrielles, mais avec le rassurement tout proche des « chalets d’Emmanüs » à disposition des SDF.

« Pas de fleur ni de couronne, apportez-moi la liste de ceux auxquels vous aurez donné les clefs d’un logement » avait dit l’abbé avant de mourir. Plusieurs de ceux qui étaient présents auraient pu donner leur liste, et en particulier Phillippe Madrelle qui a pris la parole ensuite et qui a choisi de financer hors des compétences du Conseil Général et indépendamment des difficultés financières de notre collectivité le logement des plus pauvres et des plus précaires. La flagornerie n’est pas mon fort, mais je tiens à lui en rendre l’hommage.

D’autres discours et en particulier celui du Préfet Patrick Stefanini, homme talentueux et à l’évidence formidable travailleur. Sa comparaison de son prédécesseur Dominique Schimitt à l’abbé Pierre a paru à tous un peu osée, voire un tantinet déraisonnable, mais c’est une fois encore, la confusion entre l’Etat et le Gouvernement, le service de l’un et la promotion de l’autre qui m’interroge et qui demeurera la marque de la période sarkozienne.

« Maintenant, il sait et nous ne savons rien » disait tout à l’heure Pascal en parlant de l’abbé.

Mais au moins, nous cherchons..

Afghanistan : l’année de trop

Depuis des mois, avec l’ensemble des députés socialistes, nous dénonçons l’ « année de trop » de notre présence en Afghanistan. Lors du débat sur le sujet à l’Assemblée, nous avons demandé l’anticipation du retrait (2014 n’est pas tenable) sans être entendus.

Malheureusement et une fois encore, les faits, les chiffres nous donnent raison. Vingt-huit morts en cette seule dernière année, dont 4 ce matin, 4 qui ont été littéralement assassinés par un soldat Afghan qui s’entrainait avec eux. Vingt-huit morts sur un total de 82 depuis le début de notre engagement il y a dix ans. L’accélération de ces drames, où ne sont pas comptés les blessés graves, suffit à la démonstration de cette année de trop. La situation s’aggrave au lieu de s’apaiser, la guerre civile gagne et notre place est-elle dans une guerre civile ?

Notre candidat se positionne en tant que candidat après l’avoir fait en tant que député. Il demande un retrait total avant la fin 2012. Rien d’autre n’est envisageable, ne serait-ce que pour respecter l’engagement de chacun de nos soldats. Ils ont accepté de mourir pour la France, ils n’ont pas accepté de mourir pour rien.

Brève de campagne

Les périodes électorales ont du bon ! Un grand barnum de nettoyage se déploye dans les rues de Bordeaux, qui en avaient en effet grand besoin.

Remarquez, ce n’est pas nouveau : le grand Potemkine le faisait déjà en Russie sous Catherine II. Pour autant, n’hésitez pas à faire repeindre vos portes si elles ont petit tag, ou nettoyer vos murs : rien ne se passera plus avant 2014.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel