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Minuscule lettre ouverte à quelques camarades éminents

Chers amis, chers camarades,

Nous sommes nombreux à rentrer fiers comme des petits Artaban quand après trois heures d’un marché peu fréquenté, sous une fine pluie glaçante, nous avons l’impression d’avoir ébranlé 30 abstentionnistes potentiels et ralliés 3 d’entre eux. Notre fierté et notre légitime sentiment d’avoir oeuvré pour un monde sinon meilleur, du moins moins mauvais, ne sont pas grandement affaiblis s’ils ne sont que 20 et que les 3 eux-mêmes ne sont pas tout à fait certains…

Bref, nous y croyons. Que le temps soit plus clément ou plus hostile, les scrutins plus risqués ou plus avenants, nous porte-à-portons, tractons et distribuons d’un coeur sinon égal, du moins solide. Bref, je le redis, si cette manière de croire n’est ni « croyance », ni « crédulité », elle est du moins confiance en notre parole commune et en la vôtre que les médias recueillent d’une oreille attentive; voire d’une oreille d’autant plus attentive que votre propos est critique à l’encontre de notre maison commune.

Mais quand au retour d’un de ces marchés finement pluvieux, maigrement fréquenté, d’une hasardeuse banlieue, nous mesurons qu’une seule de vos phrases risque de nous faire perdre 3000 et quelquefois 300 000 de ceux que nous avons si vaillamment ralliés en leur expliquant -et j’espère en leur prouvant- que le jeu collectif l’emporte sur l’individuel et que notre Parti est aujourd’hui tout entier préoccupé des Français et soucieux de leur avenir..

Alors, je vous le dis tout carrément, nous trouvons que les gémonies constituent une destination encore trop hospitalière pour vous, vos pareils et vos prochains -je veux dire ceux qui pourraient dans un avenir proche vous imiter- .

Ne connaissant pas bien de quoi ces gémonies sont faites, accablée que je suis d’un fond de naturel pessimiste qui ne me garantit pas que le retour en soit assuré, je vous invite avec toute mon amitié, mon admiration pour votre talent, vos qualités de show-men (no women in the group), à bien plutôt nous rejoindre sur les marchés où vous serez accueillis avec tout l’enthousiasme dû à votre éminente notoriété.

Chaleureusement.

De nouveaux amis dans la maison

Après une heure bienheureuse dans mon jardin, tout du jaune des petites feuilles minces des micocouliers tapissé, me voilà en déploration en constatant qu’il y a des semaines et des mois que j’en ai délaissé la chronique.

De pré-campagne en campagne et de campagne en post-campagne, mon jardin, ses oiseaux heureux aujourd’hui de voir remplies les colonnes de graines qui pendent à d’antiques pieds à sérum, ses gloires et ses échecs ont abandonné mon écran. On devine que ces campagnes ne sont guère rurales mais électorales. Onze en onze ans, et la douzième qui s’ouvre avec 2012. Comme aux Galeries Lafayette, il se passe toujours quelque chose au Parti Socialiste.

Jardin que le verbe délaisse n’est pas jardin moins aimé. Toujours généreux en surprises, en petits événements réconfortants, souverains pour faire oublier d’un coup le faux-culisme de tel, ou l’indécrottable rase-mottisme de tel autre. Aujourd’hui, c’était ce large tapis de feuilles jaunes tombées en quelques jours des hautes branches des micocouliers. Les arbustes, les pots et les plantes au-dessous d’eux également couverts du même manteau jaune et donnant l’impression d’une saison inconnue dans un pays étrange.

Sous ces feuilles, un rang de crassulas qu’il s’agissait de préparer à l’accueil de maisons amies. Modestes d’apparence, résistants à à peu près tout, sobres, fidèles à qui les considère pour leur juste valeur, les crasulas n’ont d’ennemis que le froid et demandent alors le réconfort d’un abri, de quelques paroles d’encouragement, voire d’admiration.

Nettoyés, harmonieusement taillés, rangés en bon ordre, il attendent maintenant leur départ vers leurs familles d’accueil et ce billet de mon blog sert d’avis aux familles adoptives.

L’écrivain Claude Roy disait : « Un livre, c’est un nouvel ami qui entre à la maison ». Un crassula aussi.

Rhinocéros, les loups, les rats ou la métamorphose des Roms

Eugène Ionesco, d’autres avec lui, s’est invité hier sans qu’on l’attende, sans que tous le reconnaissent, au conseil de quartier de La Bastide.

Conseil de quartier que rien ne destinait à cette éminente et métaphorique visite. Début plutôt poussif autour des « problèmes du quotidien » comme il avait été annoncé et qui n’a commencé d’enfler et de susciter l’intérêt du public que quand a été abordée la question du squat de Roms de l’avenue Thiers.

Pour ceux qui n’ont pas la chance d’être Bordelais -nul n’est parfait- , la Bastide est un quartier de tradition ouvrière situé sur la rive droite de Bordeaux. Les entreprises ayant fermé une à une, il est largement doté en friches, vieux hangars, contructions branlantes et locaux désaffectés qui lui ont valu depuis 6 à 7 ans la fréquentation de populations en errance, au premiers desquelles les Roms, fuyant l’opprobre et la misère qu’ils connaissent dans leur pays.

Sur l’avenue centrale du nom du vieux Thiers, un vaste squat qui est l’objet de péripéties diverses interpellant toutes les collectivités et, bien sûr, la députée du lieu qui s’efforce d’apporter en toutes circonstances à la fois sa capacité de dénoncer ce qui n’est pas acceptable et de proposer ou de soutenir tout ce qui peut être fait pour améliorer la situation des quelques dizaines de familles qui occupent les lieux.

Débordements il y a, épisodes bruyants, poubelles traînant sur les trottoirs, enfants n’ayant pour toute piste cyclable que les trottoirs voisins du squat, tout cela cependant, grâce à l’effort de tous, sans proportion avec l’enjeu d’intégration des plus jeunes,générations, de ceux qui n’aspirent qu’à travailler sans que la loi le leur permette et, bien sûr, des enfants nés avec sur leur tête des décennies d’exclusion et que nous avons l’imprescriptible devoir de scolariser et de libérer de ce poids.

Au conseil de quartier, le débat finit par s’amorcer. Plutôt mal. L’exaspération pointe ici ou là, initialement mal contenue par le discours trop prudent et un peu hésitant de ma consoeur médecin, adjointe de quartier de la municipalité.

C’est là que Ionesco est intervenu. De manière sidérante et j’ai cru tout d’abord avoir mal entendu. Une Bastidienne se lève, apparemment posée, et se met à parler des rats. Des rats « qui sortent de la terre, suivent les égoûts et les canalisations, et dont certains exemplaires se sont même présentés dans mon salon ».

Des rats. Des rats qui à aucun moment ne figurent sur l’ordre du jour. Des rats, qui viennent d’on ne sait où -ou dont on sait trop- où .

Une autre confirme. « Jusque-là, on ne les voyait pas. Ils se cachaient.. « . Elle reprend: « Et puis il y a eu un, puis deux, et maintenant c’est au grand jour qu’ils se promènent… ». « Et c’est à nous de les supporter, nous qui n’avons rien demandé, est-ce qu’on va laisser notre quartier être envahi.. » ajoute un autre.

Ionesco dans le texte, reportez-vous à cette pièce terrible qui s’appelle « Rhinocéros »

Les visages commencent à se tendre, les yeux à s’interroger et à comprendre. Plus personne n’enchérit. Après plusieurs répétitions du mot dans la bouche de notre calme intervenante, tous devinent qu’ils ont bien entendus : c’est bien de « rats » qu’il s’agit, mais les sonorités sont si proches ..

La conseillère municipale tente de recentrer le débat, un peu gênée, car le recentrer c’est aussi faire le lien. Quelques mots sur les rats, les canalisations, les mesures prises ou à prendre. Elle parait parvenir à éloigner le mot, la proximité des mots, l’inquiétude qui monte, la honte que l’on commence de déceler entre les sièges d’avoir participé à cette métaphore incroyable, thème séculaire de la littérature, et de voir devant soi Kafka et « la métamorphose »; Reggiani et « les loups », bien d’ autres, rejoindre Ionesco sur la scène terrible des peurs et des malédictions humaines.

Ce fut un moment intense, gardé secret par tous, lourd de hontes et d’interrogations, un de ces noirs secrets de l’âme humaine qu’on voudrait oublier mais qu’on sait pouvoir toujours resurgir.

« Bordeaux2rives »

Quel Girondin sait de manière certaine où est la 10ème circonscription et comprend par quel sortilège elle est devenue la 9ème ; et encore: quelles sont les limites précises de l’ancien et du nouveau territoire ?

Quel Bordelais a compris que le 2ème canton n’a rien à voir avec la 2ème circonscription que l’immense privilège d’y avoir élue une conseillère générale dans le 1er cas et une députée dans le second, parfaitement exceptionnelle et pour tout dire parmi les meilleures de la côte ouest ?

Très peu et même quasi aucun, hors apparentés à la chose politique. Cette numérotation des territoires électoraux n’est rien d’autre qu’une entreprise de confusion des citoyens et d’ éloignement des scrutins. Je crois qu’il faut à ces territoires des noms qui, au contraire, invitent et expliquent.

Le deuxième canton de Bordeaux a beaucoup acquis en identité en devenant « Grand Parc-Jardin Public ». La 2ème circonscription de la Gironde est devenue à la plus grande satisfaction de ceux qui veulent la mieux connaitre « Bordeaux2Rives ».

« Bordeaux2rives » est un nom au demeurant assez plaisant puisqu’il évoque à la fois les rives, chères à Victor Segalen, le fleuve et le nom de notre ville, lui même composé des deux précédents : les eaux et leurs bords.

Il est en tous points pleinement mérité : la circonscription est la seule purement bordelaise, au contraire de la 1ère qui n’appartient à notre ville qu’au nord et à l’ouest avec Caudéran ; au contraire aussi de la 3ème qui n’empiète la ville qu’au sud avec Saint Jean-Belcier pour se concentrer sur Talence et Bègles.

Elle est aussi merveilleusement appuyée sur les deux rives du fleuve : la droite avec Bastide-Benauge, la gauche avec tout le coeur de notre ville, élargi jusqu’à Saint Augustin et la lisière de Merignac et de Caudéran.

Des esprits chagrins et réactionnaires avanceront que cette circonscription avait déjà un nom : « la circonscription du Maire » ; 80 années durant, c’est cette vassalisation qu’il l’a pratiquement fait disparaître de la carte, comme de l’identité législative, en la réduisant à n’être plus que le terrain de jeu de la Mairie de Bordeaux. Point de permanence de député(e) pour notre ville, point d’invidualisation de son élu(e), la circonscription était ramenée à cette identité subalterne, si peu conforme à l’esprit et la fierté de ses habitants.

Elle avait été, en son temps, habilement découpée pour cela par des Maires qui ne furent jamais des Maires de peu, moins encore des novices de la chose politique : Adrien Marquet, Jacques-Chaban Delmas, Alain Juppé et, brièvement, mais je n’aurais garde de l’oublier, Hugues Martin. Hors ce dernier (et encore), la durabilité de ces Maires confirme qu’aucun n’émarge au rang des apprentis.

Depuis 5 ans, le mandat qui m’a été confié, mon attachement personnel aux 4 cantons qui composent cette circonscription (3, 4, 5, 7) me donnent l’intense désir d’être un élément de son individualisation et de sa meilleure connaissance de tous les Bordelais. Avouons-le, ma meilleure chance d’y parvenir est de demander aux Bordelais de me renouveler leur confiance et de prolonger ce mandat de députée-rien-que-députée jusqu’à ce que la loi que nous attendons tous (non -cumul d’un mandat parlementaire avec tout mandat exécutif, dont celui de Maire) vienne lui en faire obligation.

Pour cela, pour cela aussi, je me suis portée candidate à l’investiture devant les militants du Parti socialiste. Ni blancs, ni nuls, unanimité des votes et j’en remercie chacun qui s’est déplacé sous la pluie, dans la ville encombrée pour m’apporter son suffrage.

Pour cela aussi, j’ai présenté cette candidature à la presse. Rappelant mon bilan, exprimant mon exigence d’une campagne propre et ma crainte de la voir transformée en agissements souterrains, et enfin mon ambition d’éxercer ce 2ème mandat dans la majorité et non plus dans l’opposition.

En direct du Congrès du SPD à Berlin

On lit et entend actuellement tout et n’importe quoi sur la France, l‘ Allemagne, Sarko & Merkel , la crise et l’Europe. Souvent on a l’impression que Merkel = Allemagne, sans nuances aucunes. Le congrès du SPD qui se tient ces jours –ci à Berlin – F. Hollande prononcera demain lundi à 9 h un discours, à suivre sur spd.de en streaming – et un des grands thèmes est naturellement la crise et l’Europe. Cet après-midi le président du groupe SPD du Bundestag, le camarade Steinmeier, a présenté la motion sur cette question .

Voici quelques éléments parmi les plus intéressants :

  • Merkel prétend d’être à l’origine de la proposition d’une modification des traités européens dans le sens de sanctions automatiques en cas de non-respect des critères régissant la dette des Etats (limitées à 60 % du PIB), ainsi que du déficit budgétaire ( les célèbres 3% de Maastricht), ces sanctions pouvant être décidées par la Cour de Justice européenne. Elle cache le fait qu’il y a un an, lors de sa rencontre avec Sarkozy à Deauville, les deux ont balayé avec arrogance la proposition identique de Barroso.
  • Dans le débat sur une modification concernant la BCE on s’inspire de la FED américaine ou des banques centrales suisses et britanniques en oubliant que ces banques se trouvent dans des territoires homogènes, à la différence de l’espace européen avec sa multitude d’Etats. Une transposition à l’espace européen de leurs statuts et mandats semble donc très aléatoire. Sans d’ailleurs avoir la moindre certitude sur la pertinence à moyen et long termes des politiques de ces modèles.
  • Un défaut crucial reste l’absence de légitimation et de contrôle démocratiques des mesures décidées de la BCE.`
  • Steinmeier rappelle l’origine des Etats-Unis lorsque les 13 Etats fondateurs ont décidé de remplacer le « chacun pour soi » par le principe de solidarité face aux grands problèmes de l’époque., une décision qui s’est avérée bénéfique . Il s’agit pour les Etats européens d’être autant solidaires qu’eux contre les marchés financiers.

Steinmeier soumet au congrès 7 propositions :

1) la création d’un Fonds monétaire européen pour mettre fin à la spéculation des marchés contre les Etats.

2) la mise en œuvre d’un Programme européen de reconstruction avec des investissements dans l’économie réelle ainsi que la mise au point d’une politique industrielle européenne.

3) un effort commun particulier contre le chômage des jeunes dont le financement pourrait se faire par la taxation des opérations des marchés financiers (la célèbre « Finanzmarkttransaktionssteuer »).

4) des plafonds d’endettement contraignants et leur contrôle. Des emprunts communs européens ne sont qu’un instrument parmi d’autres et pas la solution.

5) la « pièce centrale » des propositions concerne le règlement des dettes existantes. A cet effet, les dettes dépassant 60 % du PIB de tous les Etats seraient à transférer à un Fonds de désendettement commun avec responsabilité commune de tous les Etats. Un programme de consolidation serait à élaborer pour chaque Etat portant sur une durée de 20 à 25 ans.

6) un noyau dur d’Etats (p.ex. composé de l’Allemagne, la France et pourquoi pas la Pologne) pour la consolidation de la politique fiscale et budgétaire.

7) un renforcement du principe de subsidiarité notamment en ce qui concerne l’organisation des services communaux.

Actuellement le congrès discute ses propositions clairement différentes de la position de Mme Merkel.

Klaus Fuchs, membre du SPD

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel