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Il est des petits ours qui risquent d’être marqués au fer rouge

J’épargne en règle à ce blog le souvenir familial, quelquefois à regret car mon enfance est pleine d’histoires, vécues ou racontées, joyeuses ou tristes mais très souvent situées dans cette frange que j’adore où histoires et Histoire se rejoignent.

Pour autant, les règles sont aussi faites pour souffrir quelques entorses. Je m’y plie.

Le père de Ma-maman a été tué à la guerre en 1917, quelque part vers Dunkerque, à la tête d’un régiment d’Anamites -comme on disait alors- car il parlait leur langue. Ce n’est pourtant pas eux, qui ont payé un lourd prix à nos victoires comme à nos défaites, que je veux évoquer mais la petite fille de 7 ans qui est devenue grâce à cet obus « orpheline de guerre ».

« Orpheline de guerre » et « pauvre » allaient le plus souvent à l’époque ensemble. Les mamans n’avaient généralement ni métier, ni formation et elles devaient vivre de petits travaux à domicile payés trois sous, d’une maigre allocation de veuve de guerre et de prestations charitables.

L’une de ces prestations était l’envoi de vêtements pour les enfants, parmi lesquels le petit uniforme d’ « orpheline de guerre ». L’uniforme n’était pas plus misérable qu’un autre mais il signait la misère. L’enfant qui le portait devenait sous le regard des autres ce petit-pauvre-méritant dont la vocation était de recevoir avec gratitude les « bas » (on ne disait pas chaussettes à l’époque) que les enfants de riches ne voulaient plus porter.

Ma mère, formidable raconteuse d’histoires par ailleurs, ne fut jamais diserte sur les blessûres qui furent les siennes jusqu’à ce qu’elle prît elle-même en mains les rênes de son destin. Du petit uniforme de pauvre décente qu’elle eût à porter, elle me transmit pourtant le souvenir et l’indélébile stigmate.

Je n’ai eu à connaître aucune de ces sortes de blessures et en avoir hérité la marque n’a rien de comparable à les avoir connues.

Pour autant, en lisant que, sur le tableau numérique de la classe de Ruffec, apparaîtraient sous forme de petits ours rouges, les enfants dont les parents n’avaient pas payé la cantine, les larmes me sont venues aux cils ou pas très loin.

En l’écrivant aussi.

Spéciale dédicace

« Si vous n’avez pas d’idées, ayez au moins de l’esprit ». Spéciale dédicace aux Ministres ump qui, depuis leur convention anti-projet PS et malgré son énorme flop, n’ont d’autres objet que de critiquer ce que nous avons fait, ce que nous faisons, ce que nous ferons sans doute et même ce qu’il supputent que nous aurions l’intention de faire ou de ne pas faire..

Sondages : l’alerte orange !

Le journal Sud Ouest a révélé samedi, dans un court billet du « tire-bouchons », l’existence d’un sondage ump à Bordeaux autour de la question: « si Alain Juppé ne se présentait pas aux législatives, donneriez-vous la préférence à Jean-Louis David ou à Michel Duchène ? ».

Il s’agit, une fois de plus d’un « faux » sondage. Qu’est-ce qu’un faux sondage : un sondage dont l’objet n’est pas la question réellement posée et dont vous ne lirez jamais le résultat. Non plus, vous ne saurez bien souvent pas qui l’a commandité, dans quel but précis et au profit de qui, ni qui l’a payé.

Dans le cas particulier, quel est l’objet de la question et du sondage ? Départager David et Duchène ? Point du tout. Le candidat est déjà désigné multi-proclamé et multi-publié. Il s’agit de connaître vos choix politiques et de savoir si vous appartenez au groupe de Bordelais qu’il faut mobiliser, informer, choyer, de manière à l’amener au vote de manière certaine en juin prochain. Et de l’y ramener sans défaillance pour le 2ème tour.

Si vous répondez à la question posée « De toutes manières, je suis de gauche et je ne voterai ni pour l’un ni pour l’autre », vous voilà désormais exclu des électeurs potentiels du candidat Juppé et donc désormais abandonné à votre sort de mécréant qui ne recevra plus ni phoning, ni incitation à aller voter jusqu’au jour même du vote. Tant mieux, direz-vous. Sauf que…

Un processus semblable a accompagné les élections cantonales de 2011 à Bordeaux et spécialement dans le 2ème canton. Un sondage bidon a permis de repérer les cibles de sympathisants potentiels et de faire ensuite campagne de manière souterraine auprès d’eux.

Double avantage : maintenir la tension sur un électorat que l’on peut rallier et ne plus faire de campagne ouverte de manière à ce que les médias, dans un souci d’équité, fassent un black-out sur tout ce que fait le candidat concurrent, en l’occurence moi dans le 2e canton hier comme dans la 2e circonscription demain si le PS me désigne le 1er décembre.

Le jour même du vote, les coups de téléphone pleuvaient sur ces sympathisants ump potentiels qui n’avaient pas encore accompli leur devoir électoral envers la « candidate officielle » ainsi que l’on désignait celui qui avait l’appui du pouvoir sous le second empire.

La démocratie bordelaise est aujourd’hui dans les mains des centres d’appel et des sondeurs, vrais ou faux. Pour autant, rien de tout cela n’apparaît jamais dans les comptes de campagne des candidats ump.

Il va falloir aux Bordelais , pour les deux scrutins décisifs qui auront lieu en mai et juin prochains, un solide esprit critique, doublé d’un sens aigu d’une démocratie propre pour redonner à notre ville un peu de ce « génie de la liberté » qui veille sur elle du haut de la colonne des Girondins.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel