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Lettre de la Députée – Spécial JEUNES – Novembre 2011

« Etre jeune aujourd’hui » est un sujet qui nous réunit tous et c’est pour les jeunes eux-mêmes, bien souvent une interrogation car ils tardent à trouver leur place, à se loger, à accéder à l’emploi.

C’est aujourd’hui le thème de la Lettre de la Députée – Spécial JEUNES. L’avenir que nous construisons pour les jeunes et avec eux doit constituer le fil directeur de la politique.

En plus des sujets de fond que sont le logement, l’emploi, la santé, cette Lettre fait une large place à cet outil radicalement nouveau qu’est Internet. Il a bouleversé les possibilités de communication et d’information mais aussi d’éducation et d’accès à la connaissance.

Internet est aussi un outil démocratique et vous êtes conviés à la conférence-débat réunissant journalistes et personnalités politiques autour d’Edwy PLENEL, co-fondateur du site Médiapart, sur le thème :

INTERNET : L’AVENIR DE LA DEMOCR@TIE ?

LUNDI 14 NOVEMBRE 2011 – 20H30

ATHENEE MUNICIPAL – PLACE ST CHRISTOLY – BORDEAUX

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Crédibilité

Comment peut-on croire davantage à un plan de rigueur qui augmente de 1,5% une taxe qu’il a diminué de 14% (taxe sur la restauration) qu’à un Président qui gèle son salaire après l’avoir augmenté de 172% ?

Ecoutez la différence

Sur Europe 1, Alain Juppé raille François Hollande sur sa « longue expérience des rencontres internationales ».

Au lendemain d’un G20 vide, dont tout le monde salue le consternant échec, et où il était en doublure de Nicolas Sarkozy, un peu moins de suffisance aurait été de mise.

Le caractère fait l’homme. D’un côté, l’orgueil, et le mépris qu’on ne parvient pas à contenir, de l’autre son absence totale. Hollande est aussi dénué de mépris que Juppé l’est d’humour. Je n’ai jamais écouté le premier, ni dans un entretien restreint, ni dans une prise de position publique blesser quiconque, abaisser, humilier. Tout au contraire, à maintes occasions, mettre en valeur, donner signe d’intérêt et de compréhension.

Prêtez attention, écoutez la différence. Les mois à venir en donneront de multiples possibilités. Je gage que, pour l’un comme pour l’autre, je ne serai pas démentie.

Des larmes de pluie sur Saint Michel

Pour les lecteurs qui, par mégarde, n’habiteraient pas Bordeaux, Saint Michel est le coeur vivant de notre ville, le lieu le plus fidèle à sa tradition multiséculaire : actif, ouvert au monde par sa proximité du fleuve et sa population diverse et chaleureuse, vivant.. Ne méconnaissons pas le fait qu’il célèbre un prénom internationalement populaire et réunissant dans l’hexagone 750 000 jeunes filles et garçons tous, malheueusement, un poiluchon en train de prendre de l’âge…

Mais ce n’est pas le sujet (encore que..). Saint Michel est trop vivant, trop divers, pour plaire totalement à notre excellent Maire. Et surtout, il vote mal : pour un Conseiller général plein d’énergie et de compétence, Matthieu Rouveyre, et pour une députée exceptionnelle (ma pomme) portant le prénom sus-évoqué. L’ennui est que tous deux sont socialistes.

J’en reviens à ma place Saint MIchel. Du moins j’essaye : ce n’est pas nous qui commandons l’écriture, c’est elle qui nous commande. Elle vivait (la place) ce matin le déménagement de son marché à quelques encablures de là, sur le quai des Salinières.

Voir la place vide résumait l’incohérence et le risque de ce déménagement. La place St Michel a été construite pour réunir. La petite bordure de pierre en forme de feston qui ceint le marché en atteste : elle constitue non pas une barrière mais un lien protecteur autour de commerçants et chalands. Qu’adviendra-t-il d’elle dans le projet municipal ?

Très nombreux sont les Bordelais à s’inquiéter de la gentrification de ce quartier. La vie, l’animation, l’esprit d’un lieu se décrètent beaucoup plus difficilement qu’une intervention militaire, fût-elle dans le désert libyen. Un exemple du débat qu’a suscité le projet : pavés de bois ou pas ? Est-ce vraiment le sujet ?

Ce matin donc, les commerçants non sédentaires déménageaient sur les quais. Une pluie triste et grise les a accompagnés. Les voilà désormais sur les rives du tram, avec d’incertaines barrières protectrices, disposés en ligne, sans coeur ni bordure pour les réunir et sans emplacements pour garer leurs camions de marchandises. Sans non plus ce matin beaucoup de chalands.

Matthieu et moi avons parcouru, puis quitté le marché, mouillés de tristesse..

Il ne faut humilier ni les peuples, ni les hommes

Depuis des semaines, je suis choquée de la manière dont nos gouvernants, nos ministres, parlent de la Grèce et des pays menacés de « faillir ». Qui peut s’autoriser à donner des leçons quand l’Allemagne est la championne de l’évasion fiscale et que nous le serions aussi si nous avions autant de capitaux à faire évader ? Depuis 4 ans, Nicolas Sarkozy, qui avait déclaré la guerre -avec tant d’autres guerres- aux paradis fiscaux n’a pas mis le moindre dispositif en place pour que les services fiscaux puissent repérer, dénicher, traquer les évadeurs du produit de notre travail.

C’est faux, me direz-vous : il fait des pubs sur les chaînes de grande écoute, que n’écoutent guère les champions de l’évasion. Des pubs aussi sur la fraude, la petite fraude de tous les jours, quand la grande coule des jours heureux dans les paradis déjà évoqués. La meilleure manière de contrer la fraude ordinaire, c’est de ne pas donner l’exemple de l’extraordinaire. Tout le monde se croit alors exempté de devoirs.

La Grèce n’a pas inventé que la démocratie, elle a inventé la tragédie, cette éternelle variation sur le thême « plutôt souffrir que subir ». Se faire convoquer, sommer, annoncer dans nos médias que « Papandréou passera un mauvais quart d’heure », quand on est le Président démocratiquement élu de ce pays de tragédie et d’héroïsme, je comprends que l’on préfère prendre des risques que supporter des leçons de qui n’a pas la haute stature qui lui permettrait d’en donner.

J’ai souffert pour lui, pour tout un peuple, acculé, trompé sans doute sur la vérité de ses comptes, mais fier et désireux de le demeurer. J’ai souffert tout court.

Comptes falsifiés au moment de l’entrée dans la zone euro ? Possible, je n’y étais pas, ou du moins pas même en mesure de réclamer qu’on le vérifie. En tout cas, le tort est partagé de ceux qui ont accepté, voire accéléré, l’entrée de la Grèce sans probation suffisante et de ceux qui ont falsifiés. C’était en 2001. Qui était alors, en France, Président de la République ?

Un proverbe arabe dit « Mieux vaut tuer un homme que l’humilier ». L’humilier en tout cas le pousse à des comportements suicidaires et/ou à jeter des bombes. Il m’est arrivé d’en avoir envie.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel