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Dis, Papa..

Un enfant visite un musée où est exposée une guillotine.
-« Dis Papa à quoi ça servait ça ? »
Et le Papa répond avec justesse :
– A rien, mon petit. Au vrai, ça n’a jamais servi à rien.. »

Un dessin encadré raconte cette histoire, négligemment posé sur un canapé de métal dans le bureau de Robert Badinter. Au coin droit du dessin « A Robert Badinter, qui l’a compris le premier »

Cette jolie histoire pour fêter les 30 ans de l’abolition de la peine de mort.

Genre : derrière la théorie, des vies et des injustices

Tribune parue sur lemonde.fr le 16 septembre 2011

Ce n’est pas la première fois que les plus rétrogrades des députés de la majorité se dressent contre la reconnaissance de l’identité de genre dans notre société. Quatre-vingt députés UMP viennent de demander au gouvernement de retirer les manuels scolaires de sciences de la vie et de la terre (SVT) qui expliquent l’impact du contexte socio-culturel sur l’identité de genre, et les limites du déterminisme chromosomique. En 2004, lors du débat sur la création de la Halde, aujourd’hui disparue, la même droite avait rejeté l’amendement socialiste visant à ajouter l’identité de genre aux motifs de discriminations à combattre. A l’appui de ce rejet, Christine Boutin avait montré du doigt la « théorie queer », dont la seule origine étrangère suffisait à discréditer les apports scientifiques.

Nous sommes bel et bien devant un double déni de réalité : réalités humaines dont témoignent les personnes trans chaque jour ; réalités politiques, qui voient notre société évoluer vers la reconnaissance des droits des personnes trans sans que le droit français suive cette évolution.

Comment peut-on encore aujourd’hui nier ces vies d’hommes et de femmes trans, qui sont autant de preuves que l’identité de genre ne se résume pas à la biologie ? Ils ou elles sont médecins, infirmières, juristes, ingénieurs, chefs d’entreprise, enseignants, militaires, étudiants, en couple, parents pour certains, ou souhaitant former une famille pour d’autres, en situation d’emploi ou chômeurs et marginalisés pour beaucoup. Ils ou elles ont une famille et des proches qui, indépendamment de leurs convictions religieuses, continuent à les fréquenter, les aimer, leur souhaiter le meilleur pour eux et leur avenir, et qui aimeraient bien voir enfin notre société les accepter en leur donnant accès à leurs droits et à des représentations dignes, y compris au sommet du débat politique. Ce ne sont pas des êtres qui utilisent leur corps transformé comme porte-drapeau d’une théorie ou comme illustration d’un cours de philo. Leurs vies démontrent que l’identité de genre peut se construire indépendamment du sexe de naissance, et quelque fois contre le sexe de naissance. Parce qu’il est ignorant, le droit français conduit ces hommes et ces femmes à des impasses juridiques, familiales, professionnelles, médicales inacceptables.

Les organisations internationales – Nations unies, Conseil de l’Europe, Union européenne – ont déjà pris conscience, travaillé et adopté des résolutions visant à faire avancer le droit des personnes trans et la reconnaissance de l’identité de genre. C’est le cas de la résolution 1728 du 29 avril 2010 de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Cette résolution demande aux Etats membres de lutter contre les discriminations et les violations des droits de l’homme visant les personnes transgenres, en particulier en agissant pour qu’ils ou elles aient droit à des documents officiels reflétant l’identité de genre choisie, sans obligation préalable de subir une stérilisation ou d’autres procédures médicales comme une opération de conversion sexuelle ou une thérapie hormonale.

Faute d’un débat parlementaire sur la question de l’identité de genre, les personnes trans subissent aujourd’hui l’application de règles jurisprudentielles insupportables. Au sein du groupe socialiste de l’Assemblée nationale, notre groupe de travail réfléchit à l’identité de genre et à la reconnaissance des droits des personnes trans et élabore une proposition de loi qui, en application de la résolution 1728, encadre les conditions de rectification de l’état civil indépendamment des soins médicaux et donc sans obligation de stérilité.

La France ne doit pas avoir peur de faire une place à ses citoyens qui traversent des frontières, fussent-elles des frontières de genre.

Michèle Delaunay, députée de la Gironde ;

Maryvonne Blondin, sénatrice du Finistère ;

Gilles Bon-Maury, président d’HES (Homosexualités et socialisme) ;

Pascale Crozon, députée du Rhône ;

Olivier Dussopt, député de l’Ardèche ;

Martine Faure, députée de la Gironde ;

Catherine Lemorton, députée de la Haute-Garonne ;

Laura Leprince, déléguée d’HES ;

Jean Mallot, député de l’Allier.

Lire la tribune sur le site du Monde

L’alibi Libye

Le procès Chirac comme la guerre de Troie n’aura pas lieu : sans accusé, sans témoins, le voilà passé par pertes et profits dans l’opération d’auto-blanchiment tous azimuths de l’ump.

Il y a quelques mois, où il me restait sinon l’envie d’en rire, le courage d’en sourire, j’aurais loué les qualités de stratège du Président de la République ; les ficelles sont aujourd’hui tellement grosses et elles tirent tant de casseroles que c’est maintenant un mélange de dégoût et d’épuisement qui l’emporte.

Le voyage en Libye perd une grande partie de sa signification internationale à n’être d’abord qu’une opération de camouflage dont la date a été choisie pour relativiser et obscurcir le premier débat de nos Primaires et pour servir de mot d’excuse au témoignage de Juppé au procès Chirac.

Le premier des deux coups de cette pierre est presque véniel au regard du second. C’est à ce point dans les habitudes sarkoziennes d’agiter des chiffons rouges pour cacher les arrière-cuisines de sa politique que nous en sommes arrivés à ne même plus le dénoncer. Les médias font désormais la part des choses et les chiffons n’y occupent plus, le plus souvent, que la place qu’ils méritent.

Le second est assez terrible et humiliant. Le Conseil des MInistres avait autorisé la comparution de Juppé au procès, tout le monde en connaissait la date. Qui peut croire que le voyage en Libye ne pouvait avoir lieu ni la veille ni le lendemain ? Qui peut admettre que le courage de nos armées dispense aujourd’hui Alain Juppé d’en avoir ? Qui peut n’être pas humilié que le Numéro 2 du gouvernement se fasse faire un mot d’excuse le jour de la composition comme un vulgaire mauvais élève ?

Dans la gravité de la situation de notre pays, je place pour ma part le caractère et le courage en tête des qualités exigibles d’un homme d’Etat. Toutes les autres ne sont que des outils.

Que des bonnes nouvelles !

Les bourses s’effondrent, les banques menacent d’explosion, l’euro va mal et l’Europe n’est pas bien non plus, les « affaires » se suivent en rangs serrés et nous arriverons bientôt à deux par jour .. Mais non, ne désespérons pas, ou pas tout à fait : il y a un journal en France où toute une page ne contient que des bonnes nouvelles !

Incroyable ! Et ce journal, c’est le nôtre : Sud Ouest. L’événement mérite d’être signalé et salué.

Un très bel article consacré à « nos » arbres dans « notre » ville. Le couvert végétal urbain évolue et se renforce. Rien que l’expression « couvert végétal » est rassurante. Non, à Bordeaux, le ciel ne nous tombera pas sur la tête.

Des infos très rassurantes sur les micocouliers, parmi mes arbres favoris, trop méconnus en comparaison de ces grands notables que sont le chêne, le tilleul, le platane et même le fin cyprès. Arbres puissants et élégants tout à la fois, au tronc lisse, souvent soulevé de reliefs allongés qui ressemblent à des muscles de danseurs. Nous apprenons qu’on les plante désormais avec un espacement de dix mêtres pour qu’ils s’épanouissent plus à leur aise. Je suis contente pour eux.

Combien sont-ils ces arbres que nous aimons ? Un pour 5 Bordelais et je propose que chacun de nous en adopte un, lui parle, l’admire, veille sur lui, il ne s’en portera que mieux. On ne parle jamais assez aux arbres au regard de leurs mérites.

Avez-vous en effet pensé à les remercier de vous abriter de la chaleur estivale, de rafraîchir l’air et de l’humidifier doucement ? Avez vous loué celui ci pour son port altier, celui-là pour l’équilibre de sa ramure, cet autre pour le miroitement de ses feuilles sous la brise ? Avez vous dit une seule fois à votre arbre favori : « tu es beau » ou tout simplement « je t’aime » ? Comme avec les humains, prompts à s’habituer, il ne faut pas en abuser mais les arbres urbains ont un particulier besoin de marques d’attention.

Rien n’est dit dans le papier d’une autre qualité essentielle : ils donnent logement aux oiseaux, leur servent d’hôpital et de maternité mais aussi d’observatoire et d’antenne relais médiatique. Pour tout cela aussi : merci.

J’ai dit qu’il n’y avait que de bonnes nouvelles dans le papier. C’était trop beau et je l’ai affirmé d’emblée pour nous faire du bien aux uns et aux autres. Pour autant, on ne peut pourtant passer sous silence deux drames : le chancre coloré qui attaque les platanes et surtout la mineuse du marronnier, insecte ravageur, contre lequel nous sommes totalement dépourvus qui met en péril la survie de l’espèce. En ce moment même, « mon » marronnier, un ami de trente ans, laisse tomber des feuilles brunes aux doigts tordues dont chacune est un signe de souffrance.

Il n’en reste pas moins que cette page est de loin la plus réconfortante des 48 de notre quotidien favori..

Une règle d’or pour les Français

Le principe de la Règle d’or, celui d’un budget en équilibre ou en tout cas d’une stricte limitation de la frange de déficit admise, ne peut que satisfaire. Personne ne désire la faillite plus que la maladie ou le trépas.

Personne et surtout pas les Français. Chaque Français : avoir un budget en équilibre, pouvoir vivre décemment de son travail, et en l’absence de travail recevoir à la fois une allocation et un accompagnement qui permettent d’y accéder.

Il me semble que, plus urgent encore que l’inscription d’une règle d’or pour la France (au demeurant dèjà présente depuis 1992 dans les traités européens que nous avons signé), est la définition est le respect d’une règle d’or pour chaque Français. Essayons d’en poser les bases.

1- Que chaque salarié puisse vivre décemment -et faire vivre sa famille- avec le montant de son salaire. Le salaire -et non les primes, les heures sup’ ou autres aménagements- est le noeud gordien de la politique sociale. Faisons de lui le principe numéro 1 de notre nouvelle règle d’or. Rappelons-nous aussi que c’est sur le salaire qu’est calculé le montant de la pension de retraite et les autres droits.

2- Que chaque retraité -et en premier lieu, les retraitéEs qui sont celles qui souffrent le plus aujourd’hui, bénéficie d’une pension qui ne le réduise pas à des conditions misérables après une vie de travail.

3- Que les charges inhérentes au logement ne dépassent en aucun cas un tiers du revenu global.

4- Que chacun puisse subvenir à ses besoins en énergie (en en contrôlant les tarifs)

5- Que personne ne soit obligé de renoncer à des soins faute de moyens financiers. Ce qui veut dire : que chacun puisse accéder à une mutuelle. Quand on sait qu’en 10 ans les gouvernements de droite ont multiplié par 20 la fiscalité sur les mutuelles, et donc le prix de ces mutuelles, ce n’est pas gagné

6- Que le vieux et bon principe de la sécurité sociale : « chacun contribue selon ses moyens et chacun reçoit selon ses besoins » soit respecté. Ce point fait le lien entre le précédent et le suivant.

7- Que la fiscalité soit réellement progressive, c’est à dire que son taux augmenter réellement proportionnellement aux revenus. Nous sommes actuellement dans la situation contraire : mme Bettencourt contribue pour 15% de ses revenus, les classes moyennes pour 30% (je simplifie en réalité, la partie médiane de la classe moyenne)

Certains diront : « Elémentaire, mon cher Watson ! Décidément, vous n’inventez pas l’eau chaude ! » . Je ne l’invente pas : je tiens seulement à ce qu’elle reste chaude pour tout le monde et en écrire les fondamentaux ne fait de mal à personne. Nicolas Sarkozy les aurait lus et relus chaque matin en se rasant nous n’en serions peut être pas là.

D’autres penseront : « Mais c’est bisounours ! Et vous croyez que c’est possible dans la situation où nous sommes ?

Je crois que nous devons y tendre comme vers un objectif prioritaire, ne penser qu’à cela ou du moins penser à cela avant tout le reste. Et après… Nous pourrons inscrire cette règle d’or avec l’autre dans la constitution pour nous attribuer un satisfecit de bonne politique.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel