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La parabole de l’escalier version Apparu

Visite ce matin, à grand renfort de cordons policiers, de l’emblématique Secrétaire d’Etat au logement Benoist Apparu. Ce haut personnage venait visiter la bagagerie mise à disposition des SDF dans le quartier Victor Hugo, laquelle vient d’ouvrir après une longue période d’agitation riveraine.

Les premiers jours se passent bien. Les riverains que nous avons tous contribués à apaiser paraissent comprendre que leurs craintes étaient infondées. Même le Président de l’association des riverains et résidents, Stéphane Pusatéri, premier porte drapeau du combat contre le projet, l’approuve aujourd’hui. Stéphane, dont j’apprécie grandement l’énergie, fonctionne un peu comme les députés du Nouveau Centre à l’Assemblée qui montent au créneau dans de nombreux débats mais rejoignent toujours la majorité au moment du vote.

Mon sujet n’est pas là. Je ne sais si le Ministre sait qu’à défaut d’ascenceur social (fonctionnant désormais dans le seul sens de la descente), nous devons tout faire pour conserver au moins la chance d’un escalier. Même petit, même étroit, mais qui monte.

Il a pour le logement des précaires une théorie : le logement durable. Foin des solutions provisoires, foin de l’hébergement, il veut du dur et du durable !

Pourquoi pas ? On sait qu’il n’est pas toujours aisé pour un SDF de s’insérer aisément dans une vie stable, un logement ordinaire, des habitudes de bonne gestion de l’énergie.. Mais si les logements durables étaient disponibles nous pourrions rallier la ministérielle doctrine.

Le problème est qu’ils manquent. Et que l’espoir est d’installer au moins une progression fluide entre hébergement, formules diverses d’accueil, logements accompagnés, logements très sociaux du type PLAI, logements sociaux du type PLS, logements non conventionnés. Cela s’appelle la démarche de l’escalier et, à défaut qu’elle soit une réalité qui fonctionne, on peut au moins la poser comme une parabole dont s’inspirer.

Hélàs ! Les places d’hébergement et les logements très sociaux manquent cruellement, spécialement dans notre ville. Xavier Emmanuelli, fondateur du SAMU social a démissionné de son poste pour dénoncer ce drame. Mais, dit le Ministre, « tout cela n’est que solution provisoire ! Ce n’est pas la doctrine du gouvernement ».

En un mot et en résumé, Apparu a inventé l’escalier social amputé des premières marches. Essayez chez vous ; c’est la chute assurée. La vôtre et celle de l’escalier !

Le scandale de la niche Copé

Peu de niches fiscales ont un gardien jouïssant d’une aussi belle notoriété : Jean-François Copé.

Peu d’anciens ministres ont attaché leur nom à une niche faisant avec raison autant parler d’elle, même si c’est en mal.

La niche Copé est un peu barbare à expliciter. On se doute qu’elle n’a ni un motif social, moins encore de santé publique. Il s’agit de l’exonération des plus values de cessions sur les filiales et les titres de participation.

Un premier débat vient d’avoir lieu, avant même celui qui est en cours à l’Assemblée autour du plan anti-déficit de Fillon. Combien coûte-t-elle à l’Etat ?

Martine Aubry, en tant que responsable de notre Projet Socialiste l’a estimée à 22 milliards d’euros, dont elle espère en la supprimant le revenu pour l’Etat.

Copé, interrogé le 29 aout a assuré qu’elle coûtait « approximativement » 4 milliards. Au point où sont nos finances, nous n’en sommes à quelques centaines de millions près.

La commission des finances, préparant le débat de ce jour, a tranché : 18,5 milliards. C’est plus que le « boulet fiscal », c’est carrément la niche des niches et Copé peut se vanter d’être l’homme qui a le plus plombé le budget de la nation de ses seuls petits bras.

Ce matin, harro sur la niche Copé ! Lui même n’était pas là, retenu par ailleurs. Gros assaut de toute l’opposition, froncements de sourcils du centre, mais la majorité avait ordre d’aboyer à sa porte comme un seul gros chien ; elle demeure.

Et nous continuons à ronger les os disparates que le majorité a lancé dans la corbeille de la lutte contre le déficit dont le rapport sera de .. onze milliards en deux ans !

Réponse aux leçons de vertu budgétaire d’Alain Juppé

On ne peut qu’être surpris des leçons de morale budgétaire données par Alain Juppé aux Socialistes lors de sa conférence de presse de rentrée alors qu’il est le numéro 2 d’un gouvernement qui a alourdi de 25 milliards par an la dette de la France en cadeaux fiscaux (paquet fiscal, allègement de l’ISF, TVA sur la restauration…)1. La cour des Comptes a établi que l’augmentation de la dette dans les 4 années qui viennent de s’écouler était due pour un tiers seulement à la crise, et pour deux tiers à la gestion de ce gouvernement.

Alain Juppé est aussi un membre éminent d’une majorité qui depuis 10 ans qu’elle est aux affaires a augmenté la dette de 65% en la faisant passer de 58,8% du PIB en 2002 à 86% cette année.

Rappelons également que pendant les 15 années de gouvernement de cette gauche « qui raconte des histoires » selon le Ministre, la France n’a dépassé les 3% de déficit prescrits par les traités européens que 3 années, alors que dans les 15 années de gouvernement de la droite le déficit à largement excédé ces 3% pendant 11 années et que la dette avait atteint 60% du PIB à la fin du gouvernement Juppé, positionnant mal l’ancien premier Ministre dans le rôle de professeur de vertu.

La mauvaise foi d’Alain Juppé atteint son comble quand il incite les Socialistes à voter la règle d’or dont il disait, avant d’accéder à un Ministère qu’« elle ne servirait qu’à se faire plaisir »2.

1 – Tribune de Jérôme Cahuzac publiée dans Le Monde du 25 août 2011
2 – « La politique telle qu’elle meurt de ne pas être »

Le crépuscule des demi-dieux

Juppé brigue-t-il déjà le « mandat de trop » ?

Amusante page 20 de Sudouest aujourd’hui. Demie page du bas, Alain Juppé annonce sa candidature pour les municipales de 2014-2020; mandat à la fin duquel il aura(it) 74 ans et qui sera(it) pour lui le 4ème mandat de Maire de Bordeaux.

Au passage, il est certainement le déclarateur de candidature le plus précoce, toutes catégories confondues. Premier en France à avoir déclaré sa candidature aux législatives de 2012, il est aujourd’hui aussi le premier candidat Maire de France. Le Lemaitre de la politique !

Mais il y a plus amusant. Cette déclaration précoce pour un mandat tardif de septuagénaire a, à Bordeaux, un air de déjà vu. Et fait irrésistiblement penser aux deux mandats de trop de Chaban, l’avant dernier à l’âge précis où Juppé projette d’être candidat.

Facétieux, les journalistes ont placé cette demie-page sous une autre, ornée d’un gros titre : « Chaban vers la retraite ».

La santé, en tête de nos priorités

Il faut dans notre campagne présidentielle redonner envie de santé.

« Mais qu’est-ce qu’elle raconte ? Y-a-t-il une seule personne pour avoir envie de maladie ? »

Eh bien, tout est là : la santé n’est vécue, entendue, comprise que comme le contraire de la maladie. Et c’est tout l’inverse : la santé précède la maladie, elle est un état positif, pas négatif, pas un renversement de situation, elle doit être à la fois une envie, un enjeu personnel et un enjeu collectif.

Ce ne sont que des bonnes nouvelles à la veille d’une campagne, parce que, si la maladie est plutôt l’affaire des médecins -hors les questions de financement- , la santé est l’affaire des politiques. Et il ne faut pas craindre de la politiser encore davantage, de la coudre sur notre drapeau, car si nous ne nous en occupons pas, on finira, elle aussi, par la privatiser comme on est en train de privatiser la maladie.

Donner envie de santé, tout d’abord en l’enseignant. Je plaide depuis des lustres pour que l’éducation à la santé (et à l’environnement, mais c’est la même chose, comme on va le voir) fasse partie des savoirs fondamentaux de l’école. Et que les profs de SVT, mais aussi les autres, s’en emparent et la rendent plaisante, incarnée, stimulante, positive.

Tout à fait entre nous, la grosse poignée de députés ump qui vient de pondre un texte pour demander que l’on mette au pilon les livres de SVT évoquant l’origine culturelle du genre, aurait été mieux inspirée de réfléchir à ce que voulait dire « Sciences de la Vie et de la Terre ». Parce que la vie, c’est la santé, ou le contraire : la santé c’est la vie. Ce relent de créationnisme dans leurs propos m’a abasourdie. Mais c’est un autre sujet.

Bon an, mal an, la santé c’est notre premier et meilleur outil. Outil pour étudier, outil pour être libre/autonome, outil pour se sentir bien, outil pour gagner, outil pour être beau, outil pour faire envie et outil pour avoir envie. Il faut que nous en donnions les conditions à tous les petits loulous de nos écoles. Parce qu’il faut en avoir les conditions pour en avoir envie.

Un exemple pour qu’on comprenne que je ne fais pas du pur bla-bla : suivi et soins bucco-dentaires gratuits et obligatoires pour tous les enfants du primaire. La qualité de la dentition est un marqueur social infaillible : beaucoup plus médiocre dans les milieux pauvres. Le paramètre de calcul en est le nombre de caries obturées. Avoir une bonne dentition est un facteur de bonne alimentation, de bonne conscience de soi, de bonne présentation… Un candidat socialiste peut-il laisser la question sans réponse?

Alors il faut apprendre aux gamins ce qui fait du bien et les détourner de ce qui fait du mal (la drogue, l’alcool, le tabac… ). L’éducation dans le jeune âge est le meilleur facteur de prévention à tous les âges. Et en plus, vous savez quoi ? Ce sont souvent les petits qui quand ils rentrent à la maison éduquent leurs parents : « A l’école, on m’a dit qu’il fallait pas que j’aille au soleil sans un t-shirt ». Et de réclamer le t-shirt, en ajoutant: « Toi aussi papa t’as des grains de beauté.. »

On voit courir Christophe Lemaitre ? Quelle matière à éducation ! Moins longues jambes que ses concurrents, mais devant eux ! Bien dans sa tête, mais aussi : ayant envie.

Tant que l’image de la santé sera celle du trou de la sécu, non seulement ce trou ne sera jamais comblé (car sans prévention et dépistage nous allons dans le mur à grande vitesse), mais la santé demeurera ringarde. Il y aura aussi toujours un libertaire pour dire qu’on ne doit rien imposer : vaccins, contrôles.. C’est une erreur. Nous ne sommes qu’un atome de collectif : les mesures individuelles ne sont pas utiles qu’à nous-mêmes. De cela aussi, il faut redonner envie.

J’ai envie d’envie. Hollande appelle cela « le rêve français ». Je ne suis pas totalement o.k. sur le terme. Le rêve, c’est comme le bonheur éternel et le salut des âmes : c’est pour après ou pour ailleurs.

Notre « après », il commence en 2012.

L’éducation à la santé, c’est quoi ? C’est l’éducation aux comportements de santé. Quand voyant Christophe Lemaitre ou Michel Serres, bien dans leurs corps, bien dans leur tête, les Français percevront que c’est là la santé : bien dans son corps, bien dans sa tête, la politique de santé durable sera une réussite.

J’ai lâché le mot : santé durable. Il a un double, une sorte de faux jumeau qui lui ressemble sans que l’un et l’autre se recouvrent totalement : santé sociale. Santé durable est plus sexy et fait mieux la liaison avec le fondement de l’écologie qui n’est pas l’environnement, mais l’homme. Que signifierait pour les grands égoïstes que nous sommes l’environnement si nous ne percevions pas que nous en sommes non seulement responsables mais tributaires et que l’altérer c’est nous perdre ? Nous ne sauverons la planète que si nous sauvons les petits hommes de toutes les couleurs qui sont dessus.

C’est ce challenge qu’il faut gagner ; ce ne sera possible qu’en relookant le vocabulaire de la santé et c’est pour cela que je préfère santé durable à santé publique, qui a un côté sanitaire et contraignant qui ne fait pas d’emblée envie.

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