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Chacun de nous peut quelque chose

‎ »Pas d’acte plus révolutionnaire que de faire au maximum ce pour quoi on est le moins mal fait ». (Garcia Marquez)

On sait pas toujours. Mais, là, je sais que nous sommes à un moment très important, alors je l’écris. Appelons l’Europe à un sursaut.

Puisse-t-il y avoir quelqu’un pour l’incarner.

3 août au 3AB

C’est en arrivant dans mon bureau de l’Assemblée que je découvre (une fois encore) toutes ces petites choses qui nous révèlent à nous-mêmes l’attachement que nous avons à un lieu : le petit vocabulaire réservé aux initiés (le « 3AB » pour dire le « 3 de la rue Aristide Briand »), le jeu des lumières sur les bustes de « Marianne » dans le couloir, le drôle de petit bruit de la clef électronique…

Tout est silence. Au « 3AB », que ma tête entend toujours comme « les 3 abbés », et partout dans la grande maison. Quelques assistants parlementaires peaufinent encore ce que leurs bourreaux de députés -dont moi- leur ont laissé à écluser avant que s’ouvre une année radicalement décisive pour notre pays. Mais c’est le soir, personne, vraiment plus personne, ne hante nos étages de bureaux. Mon bureau et moi, nous sommes seuls à écouter l’univers autour de nous et à nous croire son centre.

Y a-t-il meilleur moment pour se confier ? J’aime ce lieu comme j’aime ce mandat de député, pour ce qu’il représente de travail, d’effort pour apporter quelque chose, de connaissances nouvelles, de contacts enrichissants. J’aime ce lieu parce qu’ il est un lieu où chacun se doit d’être à son meilleur. Cerveau ouvert, mise décente, attitude courtoise, soucis personnels tenus à l’écart,

Rien d’autre : ni luxe (je vis dans mon bureau comme une étudiante qui prépare un concours), ni festivités particulières. Je suis plus à l’Assemblée dans une Université que sous les ors de la République. On bosse, on aime ça, on est bien.

Quatre ans déjà que je suis entrée pour la première fois dans ce bureau. Mon concurrent m’ayant fait accéder contre son gré à une petite notoriété, j’y ai reçu le bureau d’un ministre de l’actuel gouvernement sorti lui aussi de l’anonymat politique, par une porte que je ne lui revendique pas. Il s’agit d’Eric Besson. Son bureau était spacieux, bien éclairé, meublé avec sobriété. Il est maintenant le mien.

Quatre années passées en un éclair. Le temps va d’autant plus vite qu’il est plus plein. On en viendrait à vouloir s’ennuyer et regarder la montre pour qu’elle ne tourne pas trop vite : j’en suis incapble. Défaut ou qualité, chance ou drame, je n’ai jamais su m’ennuyer et j’ai toujours couru, avec un foulard blanc à la main pour qu’il ne se dérobe pas, après le moindre instant.

C’est ce que je ressens, intensément, violemment, dans ce bureau du 3ème étage du 3 AB. J’avais envie de le dire, ou plutôt comme d’hab, de l’écrire. De le laisser en gage à ce bureau, à son silence, à tout ce qu’il a abrité déjà et abritera après moi.

« Il ne suffit pas d’habiter dans une tour pour être touriste »

Surendettement, impossibilité à assumer les frais de soins dentaires, menaces d’expulsion… Malheureusement les soucis et les drames des Bordelais refusent de prendre les deux mois de vacances que leur accorde généreusement chaque année la Mairie de Bordeaux.

Cette générosité trouve une forme particulière : les bureaux de permanence, austères et dégarnis comme un guichet des postes dans les années 50 mis à disposition de l’ « opposition » sont fermés en juillet-août. Seuls les élus ump-modem peuvent encore bénéficier des locaux des mairies de quartier.

« L’opposition », n’est pas le bon mot. Députée socialiste n’appartenant pas au Conseil Municipal, je ne suis pas redevable de ce terme envers notre Maire. Seul son apprentissage à l’école primaire de la théorie des ensembles le pousse à assimiler « socialiste » à « opposant », alors que cette appellation ne devrait concerner que la minorité municipale socialiste-verte-PC

Le sujet n’est pas dans l’interprétation de notre premier édile de ce qu’est un opposant, mais bien dans cette méconnaissance des soucis de chaque jour pour une majorité de ses administrés. Soucis et drames n’émigrent pas « au bassin », ils sont bien là, en juillet comme tout le reste de l’année et le secours des élus leur demeure nécessaire en cette période. Pour cette raison, cette année encore, j’ai tenu ma permancence en plein air, non dans la Mairie de quartier du Grand Parc, mais au devant d’elle.

Comme me l’a dit ce soir un habitant : « Il ne suffit pas d’habiter dans une tour pour être touriste » : dans ce quartier comme dans beaucoup à Bordeaux le plus grand nombre ne part pas en vacances. Leurs difficultés et leurs ennuis non plus.

Echange président de la République ringard contre prince héritier inspiré

Et bien oui, nous en sommes-là. Comparez le discours de Grenoble à la traduction – imparfaite- qui m’a été envoyée d’extraits du discours d’Haakon de Norvège après la tuerie d’Utoya. D’un côté un machiavel de province, électoraliste et bassement populiste, flattant les instincts primaires d’un peuple qui majoritairement ne l’est pas ; de l’autre, un prince familier de son peuple, peu nombreux il est vrai, mais habitué à une grande simplicité de vie, aux valeurs solides de ceux qui vivent dans des climats austères et des pays étendus; D’un côté un populisme de bas étage, jouant sur les mots clefs de la haine larvée, des petites rancoeurs et de l’ordinaire des looseurs patentés. De l’autre, un jeune homme, blessé au fond de son coeur à l’égal de chaque Norvégien, après ce jour leur pays a perdu sa virginité » selon le beau titre du « Monde ». Y’a pas plus républicaine que moi, mais quelquefois on se prend à douter…

(suite…)

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