« Etre aimé par des cons »
Je me souviens d’une caricature. Dieu, assis en tailleur, pleurant à chaudes larmes dans ses bras repliés : « C’est dur d’être aimé par des cons ».
En réalité, il s’agissait, allusivement, de Mahomet. La caricature faisait partie d’une série parue en 2005 dans un journal danois, puis reprise par Charlie Hebdo. L’affaire fit grand bruit. Dépassons-là. Hier, ce sont bien les larmes de Dieu qui ont débordé.
M’est avis pourtant qu’elles ne suffiront pas et que nous devons prendre à notre compte une part du job.
Le lien entre connerie (pardon), méchanceté et haine n’est pas un scoop. L’expérience en est quotidienne. Ce n’est pas une raison pour tolérer, pour avoir la plus petite complaisance envers les officines, plus nombreuses qu’on ne croit, qui n’ont d’autre objet que l’entretien de ce lien et sa prolifération;
Les extrémismes, d’où qu’ils viennent, se rejoignent dans l’intolérable et ils ne le sont pas moins quand ils sont « bien de chez nous ». L’intégrisme « de souche » ne mérite pas moins que l’importé d’être scié au tronc. Qui ne se souvient pas, chez nous, à Bordeaux, en coeur de ville, à l’ombre d’une église historique malencontreusement dévoluée par le Maire au culte traditionaliste, des agissements d’un groupuscule d’extrème droite qui ne pouvait qu’être connu des services de police ? Pourquoi cette longue tolérance ?
Que s’est il passé depuis la révélation des faits en mars 2010 ? La justice a été saisie, il y avait de quoi. Propos racistes, incitations à la haine, enseignement non conforme à l’histoire, les contraventions à la loi ne faisaient pas de doute. Sommes-nous en connaissance de la moindre suite, dans cette affaire comme dans celles qui pouvaient être en connivence avec elle ? Sommes-nous assurés que les joyeux jeunes gens que nous avons vu s’entraîner dans un camp paramilitaire à des gestes et des actions assez éloignés des enseignements du Christ -dont ils se réclament- ne continuent pas tranquillement leurs aimables exercices ?
Quelqu’un osera-t-il faire le lien ? Se soucier de ce qui a amené Anders Beiring Breivik à la fusillade systématique, prolongée de jeunes gens de 15 à 25 ans, réunis en camp d’été, pour un projet collectif qui les honore et les fait échapper à l’individualisme commun ? Comprendre que ce processus peut naître partout ? « C’était cruel mais nécessaire ». Revoyez si vous en avez le courage l’émission « Les infiltrés » et vous en saisirez plus encore qu’à l’époque toute la portée. Les rushes contenaient pire encore. (https://programmes.france2.fr/les-infiltres/saison-2/index-fr.php?page=emissions-precedentes&id_rubrique=20) Tout cela est entre les mains de la Justice.
Sachons prendre peur quand il s’agit d’alerter et d’agir. Pour ma part, j’ai été très frappée lors de mes rencontres dans le quartier de Saint-Eloi pour apaiser et faire accepter le projet d’implantation de l’association « La Case » que certains riverains me disaient craindre davantage la proximité de quelques malades de la drogue que la tenue de réunions telles que révélées par « les Infiltrés ».
Peut-être ceux-là réfléchissent-ils aujourd’hui.
« Nous sommes tous Norvégiens »
N’en déplaise à François Fillon, nous voilà tous bi-nationaux. Sidérés, attristés de voir ce pays atteint par la folie du monde. Ce pays tourné vers la nature, modeste dans ses modes de vie, contrôlé, exemplaire sur bien des points, riche de son pétrole mais n’en parlant pas et aujourd’hui blessé au coeur, sans doute par l’un des siens.
Si l’hypothèse que l’auteur -ou les auteurs- de ce drame soit un extrémiste de droite se confirme, quelle leçon, jusque dans notre pays ! Quelle leçon de vigilance envers tout ce qui ressemble à une pépinière d’actes violents, d’incitation à la haine, voire au meurtre.
A l’heure où j’écris, pas de réaction officielle de Marine le Pen, toujours prompte habituellement à intervenir dans le débat politique. Si ce n’est pas une démonstration, c’est au moins une raison supplémentaire d’interrogation.
Qui viendra pour lever un petit drapeau blanc, comme devant les chars de Tiananmen ? C’est avec ce type d’armes que Gandhi l’a emporté sur l’empire britannique.
Les écuries d’Augias
On ne se souvient pas assez d’Augias. Il a pourtant dans notre pays des descendants nombreux, dont la spécialité est de nourrir les officines de stratégie politique, voire quelques cabinets ministériels. On les trouve aussi largement représentés parmi les conseillers des plus hauts représentants de l’Etat.
Tous ceux-là ont pour mission d’entretenir des écuries à la hauteur de celles de leur grand ancêtre. Et de tenter d’y piéger leurs concurrents politiques.
Après Martine Aubry, rapidement sortie des pitoyables rumeurs sur son avocat de mari, François Hollande est maintenant convié dans le back office nauséabond du « cas Banon », comme a titré le Canard. Réaction là aussi rapide, je l’espère radicale pour que son nom ne soit pas associé à cette affaire minable et glauque.
Le karcher sarkozien a soigneusement évité ces écuries. Gardons-nous en tout cas d’en approcher d’aucune façon ni par aucune parole.
SIDA : traitement = prévention
Ce petit signe « égal » (=) marque un pas énorme dans la lutte contre le SIDA. « Un petit pas pour l’orthographe, un grand pas pour la maladie » pourrait-on dire en parodiant l’astronaute Neil Armstrong.
Eradiquer le SIDA, c’est possible sans même attendre le vaccin. Les traitements dont nous disposons sont non seulement efficaces pour contrôler la maladie, mais ils le sont aussi sur la contagiosité des personnes traitées. Une personne traitée voit son risque de transmettre la maladie disparaître.
Les esprits rigoureux me diront, à raison, que ce n’est pas encore démontré dans tous les groupes de population et aussi que cela ne concerne que les cas où le traitement est bien suivi et où il est efficace. Et encore, que le risque n’est pas nul et qu’il faut que ces personnes se protègent. Ceci est vrai, mais le plus gros est fait.
Ce qui veut dire très concrètement que si tous les malades sont traités, de manière précoce et correcte, nous n’ « éradiquerons » pas la maladie, le mot est trop brutal, mais nous en viendrons à bout.
Il y a une condition à cela. Elle est majeure : que les patients porteurs du virus le sachent (c’est à dire que le diagnostic soit fait) et que le traitement soit mis en oeuvre.
Ceci passe par le dépistage, maître-mot de la médecine d’avenir, dont je répète matin, midi et soir qu’il est « le vaccin des maladies qui n’ont pas de vaccin ».
Quarante mille personnes en France sont porteuses du viruset l’ignorent. La plupart n’ont aucun signe de maladie mais toutes justifient un traitement, pour elles-mêmes bien sûr, et pour le risque de contamination dont elles sont porteuses.
Concrètement ? Que chacun de nous envoie au dépistage trois personnes, ayant la pétoche de le faire pratiquer ou tout simplement insouciante. A ces trois personnes, en ajouter une quatrième : soi-même.
C’est pas dur et en cette période estivale, quelque chose me dit que ce n’est pas inutile.