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Légalisation contrôlée du cannabis : un nouveau paradigme dans la lutte contre la drogue

Michèle Delaunay a participé aux travaux du groupe de députés socialistes présidé par Daniel Vaillant, qui a présenté hier son rapport préconisant la légalisation contrôlée du cannabis.

A ce titre elle rappelle que l’objet de ce rapport est d’abord de poser un constat : celui de l’échec de la politique de prohibition menée en France depuis la loi de 1970 et qui fait de notre législation une des plus répressives d’Europ. Cette loi est très inégalement appliquée, mais surtout elle est inopérante et les chiffres de la consommation continuent de s’élever, en premier lieu chez les 15-34 ans.

Près de 4 millions de Français consomment aujourd’hui du cannabis, parmi lesquels 1,2 millions sont des consommateurs réguliers.

Le cannabis est à la fois un problème majeur de santé publique et un problème de politique sécuritaire qui atteint un paroxysme dans nombre de nos banlieues.

Devant l’échec de la lutte contre les trafics et l’augmentation de la consommation en France, il devient urgent de changer de paradigme et de remettre à plat de manière très pragmatique nos politiques de lutte contre la drogue.

Le rapport présenté hier n’a pas la prétention d’apporter la « panacée », comme certaines réactions politiques l’on évoqué, mais propose d’ouvrir de nouvelles pistes. Les limites, voire les risques, de la légalisation contrôlée sont abordées par le rapport : risque de déplacement des trafics, nécessité d’une collaboration européenne et de « contacts » avec les pays producteurs, Maroc en premier lieu. La légalisation ne peut être envisagée que « contrôlée » et accompagnée d’un renforcement des mesures sociales et éducatives.

Nous espérons avec ce rapport rouvrir le débat et faire progresser l’efficacité de notre lutte contre la drogue et les addictions.

Ouverture du mariage aux couples de même sexe : 222 voix pour, dont la mienne

je viens de voter l’autorisation du mariage aux couples de même sexe. C’est une décision réfléchie, qui n’est pas allée sans interrogation en particulier sur un point : de nombreux homosexuels se réclament d’une transgression (la gay pride en témoigne, au moins pour une part des participants), ce qui vient en contradiction de la réclamation du droit au mariage « comme tout le monde ».

Une réflexion l’a emporté. Le législateur établit le droit et le droit suppose l’égalité. Le mariage est un acte civil, établissant un certain nombre de droits et de devoirs dont ceux qui le concluent doivent être informés ; ces droits et devoirs doivent être les mêmes pour tous. Le mariage civil n’est pas fondé sur une « essence », c’est un contrat et en particulier la procréation n’est pas en cause. Pour cette raison d’égalité j’ai voté cette proposition de loi.

Résultat : 293 voix contre, 222 pour, ce qui ne constitue qu’une différence assez faible. Le mariage des couples de même sexe attendra encore un peu. Rappelons qu’il est inscrit dans le projet socialiste.

Une vision de la métropole

« La géographie prime toujours sur l’histoire » disait mon père, prof’ de l’une et de l’autre et passionné des rapports adultères de ces deux belles maîtresses de notre avenir.

« Maîtresses », pas tout à fait bien sûr. Mais là aussi le précepte peut servir : nous n’avons de chance d’imprimer durablement l’histoire qu’en mettant la géographie à profit.

Les passionnantes rencontres de « La fabrique métropolitaine » initiées à Bordeaux par Vincent Feltesse viennent de s’achever. J’y ai participé chaque fois que possible avec cette idée toujours en tête. Nous devons parcourir le monde (ou le faire venir chez nous pour écouter ce qu’il nous apprend) mais c’est NOTRE métropole qu’il faut construire avec le soucis de sa spécificité qui fera que l’on viendra la voir de loin et qu’on aura envie d’y habiter.

Bordeaux, comme son nom l’indique, est bienheureusement dotée d’un fleuve, d’un estuaire, d’une côte très proche, d’un climat amicalement tempéré, ni trop pluvieux, ni heurté, bref ni trop atlantique ni continental, comme qui dirait parfait en ces temps de réchauffement climatique où bien d’autres s’inquiètent avec raison. La côte Aquitaine est la Californie de l’Atlantique : curieux comme nous sommes timides à le dire.

Dans ce contexte deux questions se posent : doit-on concevoir une métropole circulaire, rayonnant autour de son centre historique, ou doit-on la laisser s’évader ici vers le fleuve et l’estuaire, là vers la côte ? Je revois Vancouver, Los Angeles ou San Diego : oui, j’ai envie de voir les planches de surf, rangées comme des vélos, au pied des labos. Il y a un héliotropisme pour les pays, qui amènent les populations vers les côtes et vers le sud, doit-on interdire qu’il y en ait un pour les villes ?

Une autre question (qui n’est pas sans lien) est celle de la densification urbaine. Vertu écologique universellement reconnue car elle économise les déplacements, n’est-elle pas déjà un peu de l’écologie d’hier ? L’écologie de demain doit être d’abord une écologie humaine : à quoi bon sauver la planète, si l’on ne pense pas un peu aussi aux hommes qui l’habitent et qui sont guettés par pires maux ? Ceci surtout quand les déplacements « propres » se multiplient et se développent et que nous avons aussi un devoir d’aménagement du territoire. Non, je ne souffrirais pas de voir la LGV connectée à une ligne rapide desservant la côte, une autre longeant la Garonne, et permettant aux entreprises comme au développement urbain de prendre un peu leurs aises.

Ouaf ! Je vais me faire massacrer : n’est-ce pas le spectre du BAL (Bordeaux-Arcachon-Libourne) que je suis entrain de réveiller ?

La densification urbaine a un autre défaut, et nous en avions convenu lors d’un colloque à son unanime célébration : tous les orateurs étaient eux-mêmes possesseurs d’un jardin. Moi compris, mais justement je la bouclais.

Tout le monde, absolument tout le monde s’accorde sur les vertus d’un contact familier avec la nature (on dit maintenant : l’environnement, la nature est devenue ringarde comme un vieux clou) et certains qui ne perdent pas le nord et y voient une occasion de profit initient désormais des stages de « jardinothérapie ». Mais soyons plus simples : qui n’a envie que ses enfants tapent du balon dans leur jardin quand ça leur chante, y voient pousser les graines qu’ils y ont planté et aillent arracher une salade pour y découvrir le goût de manger des légumes ? Qui ne sait pas que ces modestes activités constituent sans doute la meilleure thérapeutique préventive au désarroi urbain, à la séparation des générations et à la perte des repères ? Pourquoi ceux qui s’exprimaient à ce colloque l’avaient-ils voulu pour leurs enfants et le refusaient-ils aux enfants futurs ?

J’entends, j’entends, qu’il y a des parcs publics, des jardins partagés dans les villes (à Bordeaux, plutôt dans les quartiers chics où les habitants ont déjà des jardins !) mais ce que j’exprime reste si vrai que des riverains soulèvent aujourd’hui le bitume qui borde leur maison pour y faire pousser des graines qu’ils glissent comme un secret dans l’interstice et vont surveiller tous les jours…

Non, je ne suis pas pour une ville pavillonnaire, ennuyeuse comme un bonnet de nuit, uniforme, étalée sur des kilomètres, chacun refermé sur sa petite propriété. Mais je veux que l’entreprise puisse se développer dans la métropole le long des voies et des fleuves, en direction des côtes, qu’on puisse s’installer à côté ou même y venir travailler en bénéficiant d’un transport collectif rapide. Bref, que la métropole amorce cette « biological valley » qu’à tous les sens du terme (des labos et des entreprises de biotechnologies et une qualité de vie « biologique » c’est à dire naturelle) que doit être notre région.

Taxation des oeuvres d’art : ce n’était qu’un rideau de fumée !

Hier, en séance de nuit, le député ump Marc Le Fur, a retiré son amendement après nous avoir baladé deux heures en belles proclamations d’équité fiscale.

L’amendement le Fur, dont nous avons ainsi découvert qu’il n’avait été avancé que pour occuper la galerie, et en particulier la galerie médiatique, visait à inclure les oeuvres d’art dans le calcul de l’ISF. Cette proposition, à la condition d’en définir les limites, était justifiée ; elle était même impérative si l’on considère les plus-values sur les transactions sur les oeuvres d’art et la bulle spéculative que constitue le marché de l’art.

Quel était l’objet réel de cet amendement ? Détourner l’attention du solde de la réforme fiscale (perte de revenus pour l’Etat au profit d’une baisse de l’imposition des plus riches) ; ça a marché jusque-là mais la discussion ne fait que commencer, nous saurons nous faire entendre dans les jours à venir.

Qu’ai-je appris pendant ces 4 années de législature ? Que la politique de Sarkozy n’est que de la stratégie, C’est un vaste jeu de coups pendables qui peuvent aller très loin. Espérons que dans une affaire récente, nous saurons un jour toute la vérité, non seulement des agissements de DSK, mais de tout ce qui a pu se situer en amont. Ce n’est pas la plus légère des inquiétudes.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel