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Côte d’Ivoire : une impression de malaise

Une impression de malaise en écoutant tout à l’heure la nouvelle de l’arrestation de Laurent Gbagbo. Saurons-nous jamais la vérité du vote qui a ouvert cette crise, de la part de chacun dans la montée en tension des dernières semaines, dans l’arrestation elle-même ? Sans doute, non.

Mon inquiétude, chaque jour plus grande, de voir l’engagement de la France aux côtés d’un des deux partis n’est pas apaisée. Il ne s’agissait plus de rétablir la paix, pas non plus d’apporter une aide humanitaire à un pays, puis à une ville, dont la situation empirait chaque jour. Il s’agissait bien, littéralement, d’un parti pris.

Parti pris qui était celui de la communauté internationale. Parti pris qui s’est manifesté sur le terrain dans le cadre des forces de l’ONU, même s’il nos forces n’ont été à aucun moment confondues à celles de l’ONU, mais ont toujours paru agir distinctement.

Parti pris dont on ne peut nier qu’il s’est fait en direction d’un clan qui n’est pas lui même indemne d’actions sanglantes contre son peuple -toutes les preuves paraissent au contraire présentes- et dont certains un jour risquent de lui demander compte.

Je n’ai pas suivi l’histoire de la Côte d’Ivoire au cours de ces dernières années. Je m’éxerce donc à la plus grande prudence. Cette inquiétude que j’évoquais je vais la résumer de manière simpliste : j’espère que si des Ivoiriens dans leur char ou dans quelque autre situation ont été tués par nos forces, la charge n’en soit pas portée au discrédit de la France et de ses intentions.

Interrogation

Pourquoi l’actuel Ministre des Affaires étrangères qui, tout le temps qu’il fût Ministre de la Défense joua le rôle de Ministre des Affaires étrangères, endosse-t-il aujourd’hui celui de Ministre de la Défense ?

Il ne s’agit pas seulement de sa volonté d’occuper le premier plan, mais de l’intention de Nicolas Sarkozy qui autorise, voire qui favorise, cette situation.

« Avec tout ce qu’on voit… »

Sur le terrain, le leitmotiv de notre dernière campagne électorale a été cette courte phrase, résumant une saturation de déceptions, petites ou grandes, d’indignation rentrée et, somme toute, de grande lassitude de la chose publique.

Plus grave encore, même si elle se manifeste sous une autre forme, la tolérance que nous sommes en train d’acquérir à toutes les entorses aux principes républicains ou démocratiques. Médias, élus, personnalités diverses, cet univers réputé vigilant donne des signes d’accoutumance et d’acceptation aussi inquiétants que ceux qui ont conduit il y a deux semaines à un taux d’abstention record.

Le peu de réactions à la nomination à Bordeaux du Préfet Patrick Stefanini en est un exemple. Je dis bien « à sa nomination », pas à sa personne.

Qu’est-ce qu’un Préfet ? Le représentant et le serviteur d’un Etat impartial. Pour cette raison, il n’était pas de règle -ou du moins de coutume- de nommer à ce poste une personnalité connue pour ses engagements dans un parti, fût-il majoritaire. Patrick Stefanini a témoigné précédemment de son engagement fort en étant à plusieurs reprises candidat pour le RPR et pour l’UMP et en étant directeur de la campagne présidentielle de Chirac. C’est clairement pour moi une interrogation et j’ai tenu par un bref communiqué de presse à la manifester.

Ma deuxième interrogation a tenu à sa nomination à Bordeaux qui est à l’évidence la décision et le choix d’Alain Juppé dont Patrick Stefanini fut le proche collaborateur (au poste très politique de directeur de cabinet adjoint). Alain Juppé le désigna aussi comme son successeur dans la circonscription du XVIIIe arrondissement de Paris.

Soyons honnêtes : il n’est pas surprenant qu’une personnalité d’envergure nationale, telle que l’est plus que jamais Alain Juppé, éloignée de son territoire, souhaite qu’un préfet qui lui soit « loyal » soit nommé sur son territoire. Mais entre « loyal » et « collaborateur proche », il y a un pas qui s’ajoute au motif de ma première interrogation. La somme me parait lourde.

Il est de belle coutume que les Préfets rencontrent tous les parlementaires de sa région. Langue a déjà été prise (selon la vieille formule qui va bien avec cette coutume) pour que j’aie un entretien avec notre nouveau Préfet. Je m’en ouvrirai clairement à lui et lui expliquerai que pour autant j’ai une trop haute idée de la fonction préfectorale pour douter qu’il ne puisse et ne veuille pas l’assumer à même hauteur.

Il a osé

L’Etat RPR atteint son apogée avec la nomination à Bordeaux de Patrick Stefanini préfet de région.

Alain Juppé a vite appris l’impudeur sarkozienne. Après le redécoupage des cantons et leur placement sous administration municipale, la mise en coupe réglée de notre ville est en marche. L’accélération des reconduites à la frontière aussi.

Lors de la nomination du Préfet Schmitt il y a deux ans, le député du Puy de Dôme Alain Néri, m’avait dit : « Au moins, ils n’ont pas osé vous envoyer Stefanini, c’est nous qui en héritons.

Eh bien si, ils ont osé. Il a osé.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel