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Une muselière pour les éléphants

Et si nous décidions d’attribuer nos suffrages au candidat le plus respectueux des Français, de l’unité du PS et de la très proche échéance des cantonales ?

J’ouvre chaque matin le journal ou la radio avec la même interrogation : lequel de nos éléphants ou de nos éléphanteaux, à quinze jours des cantonales aura droit au pavé que je voudrais mettre sur la langue de chacun de ces déclarateurs intempestifs ?

Cette fin de semaine -aujourd’hui encore- a vu de nombreux candidats à ce traitement. C’est autant de rencontres où j’entendrais « alors ça reprend chez vous le bal des égos ? » plutôt que d’avoir des questions sur le montant des retraites ou la situation souvent dramatique des femmes seules.

Excellents localement, proches des Français et de leurs préoccupations, ayant leur confiance pour les accompagner dans le chemin sablonneux et malaisé du quotidien, nous sommes experts pour brouiller l’image par quelques phrases reprises en boucles par les médias.

Rue de la Sardine

Cette rue est à la fois le titre et le décor d’un roman peu connu de John Steinbeck. On ne le sait pas assez, mais un peu de ce décor et de cette rue existe dans le canton Grand Parc-Jardin public dont j’ai l’honneur d’être l’élue. Et l’ambition de le rester.

Rencontre charmante et forte tout à la fois, il y a une heure dans ce canton. Je sonne à la porte d’une vieille dame. A vrai dire, je ne savais pas encore qu’il y avait derrière cette sonnette une vielle dame, et cette porte ne ressemblait pas vraiment à une porte.

C’était une porte de garage, gentiment peinte, bien que de manière un peu artisanale. Une vieille, vieille dame, apparait, sortant d’une toute petite issue contigüe à la porte de garage.

Elle me prie d’entrer, je reste selon l’usage juste sur le pas de cette toute petite porte qui ouvre sur un univers, tout petit lui aussi, mais émouvant de confort, de chaleur humaine et de bon goût.

Le garage a été transformé par la main de fée de la vieille dame en un microscopique appartement. On ne dirait même pas un « studio » mais sa petite soeur, la studette. Cuisine à la dimension d’une plaque de gaz et d’un petit four électrique, canapé-lit douillet recouvert d’un grand châle, petite table faite d’une caisse renversée bien peinte, petite lumière d’ambiance ne risquant pas d’aggraver le réchauffement climatique.

La vieille dame ne m’a pas pour autant parlé de décoration. Pas davantage parlé d’elle-même, non plus que de santé dont je partirai sans rien savoir (ce qui est rare) mais de la situation de notre pays.

Cette vieille dame n’est d’accord avec rien de « ce qui se passe ». Disons plutôt, avec pas grand chose, juste comme moi. Elle s’inquiète, elle ne comprend pas les gens qui ne se bougent pas, qui ne vont pas voir leurs voisins pour leur expliquer, qui ne font pas quelque chose pour que ça aille mieux à leur niveau, qui sont « enclins au déclin » (cette fois, la formule est de moi). Bref, elle a la contestation active en même temps que chaleureuse.

Les lecteurs de Steinbeck comprendront. Dans la rue de la Sardine, une femme, beaucoup plus jeune et accorte, a transformé un vieille citerne en un appartement de rêve, où tous les rêveurs de la rue de la Sardine viennent trouver des forces pour refaire le monde.

Et ma foi, ils en refont tout un morceau : la rue de la Sardine.

Hébergement d’urgence : Le gouvernement confirme « l’extinction de la précarité après le 31 mars »

Alors que dans un mois exactement les 8000 personnes hébergées dans le cadre du dispositif de renforcement hivernal seront renvoyées dans la rue, Michèle Delaunay a interpellé le gouvernement le 1er mars 2011 sur la nécessité de poursuivre leur accompagnement au delà de la limite « légale ».

Cette nécessité est d’ailleurs une obligation au regard de l’article 73 de la loi MOLLE du 25 mars 2009.

A Bordeaux, ce sont ainsi 206 personnes qui seront d’un jour à l’autre rendues à la rue, réduisant à zéro les efforts des associations et des bénévoles pour les accompagner vers l’insertion, le logement et des conditions de vie décentes.

Ces associations se battent aujourd’hui pour pouvoir conserver ouvert le centre Tregey et ses 60 places et ainsi pouvoir poursuivre leur action auprès d’une part au moins de ces précaires.

Une fois encore la réponse du Ministre a été décevante. Celle ci s’abrite en effet sur les effectifs des places d’hébergement hors plan d’urgence. Ces places sont malheureusement occupées et ne peuvent accueillir les hébergés de l’hiver.

Aucun engagement n’a été pris, ni national, ni local. L’idée d’un maintien au moins partiel des places ouvertes, suggéré par l’exemple de Tregey, n’a pas été écoutée.

Ainsi le gouvernement renoue avec la politique à la Ferdinand Lop qui préconisait « l’extinction du paupérisme après dix heures du soir »

Michèle Delaunay dénonce le court termisme de cette attitude

  • qui fait peu de cas des investissements faits au centre Tregey pour accueillir décemment les hébergés et permettre un travail d’insertion ;
  • qui ne prend pas en compte le caractère inacceptable de cette fermeture brutale, d’un jour à l’autre et de la remise à la rue de personnes ayant engagé une relation de confiance avec ceux qui les accueillent ;
  • qui ne prend aucunement en considération l’engagement des associations et de leurs bénévoles, dont le moteur est l’espoir d’une amélioration durable de la situation des personnes en précarité. Il y a malheureusement fort à craindre que celles-ci finissent par se désengager d’une solidarité au coup par coup et sans perspectives.

Nous sommes décidément loin des promesses du candidat Nicolas Sarkozy, qui avait affirmé que d’ici 2009 plus personne ne dormirait sur le trottoir ni ne mourrait de froid.

Lire le compte-rendu de la question et de la réponse

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel